Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/529

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Garde prétorienne, voyez Cohorte prétorienne au mot Cohorte.

Garde, en terme de Guerre, est proprement un certain nombre de soldats d’infanterie & de cavalerie, destinés à mettre à couvert une armée ou une place des entreprises de l’ennemi. Il y a plusieurs especes de gardes.

Garde avancée, est un corps de cavaliers ou de fantassins qui marchent à la tête d’une armée, pour avertir de l’approche de l’ennemi.

Quand une armée est en marche, les grandes gardes qui devoient être de service ce jour-là, servent de garde avancée à l’armée.

On donne le nom de garde avancée à un détachement de quinze ou vingt cavaliers, commandés par un lieutenant, portés au delà de la grande garde du camp. Chambers.

Les officiers généraux de l’armée ont chacun une garde particuliere pour leur faire honneur & veiller à leur sûreté dans les différens logemens qu’ils occupent. La garde des maréchaux de France est de cinquante hommes avec un drapeau ; celle des lieutenans généraux, de trente ; des maréchaux de camp, de quinze ; & celle des brigadiers, de dix. Voyez le tome III. du code militaire de M. Briquet, pag. 7. & suiv. Voyez aussi .

Gardes du Camp, c’est dans l’infanterie une garde de quinze hommes ou environ par bataillon, qui se porte à-peu-près à soixante pas ou environ en-avant du centre de chaque bataillon de la premiere ligne, & à même distance en-arriere du centre des bataillons de la seconde.

Dans la cavalerie, il y a une garde à pié par régiment, laquelle se tient à la tête du camp.

Des grands-gardes ou gardes ordinaires qui forment l’enceinte du camp. Ces gardes sont d’infanterie & de cavalerie.

Les gardes d’infanterie se placent toûjours dans quelque lieu défendu par une espece de fortification, soit naturelle ou artificielle.

On regarde comme fortification naturelle une église, un cimetiere, un jardin fermé de tous côtés, un endroit entouré de haies fortes & difficiles à percer, &c. & on regarde comme fortifications artificielles celles dans lesquelles il est besoin de quelque précaution pour les former, comme un abbatis d’arbres dont on se fait une espece d’enceinte, un fossé dont la terre sert de parapet, &c.

Tous les hommes qui composent ces gardes doivent être absolument dans leur poste, & n’en sortir qu’avec la permission du commandant. Les fusils doivent être placés de maniere que tous les soldats puissent les prendre ensemble & commodément ; pour cet effet, on le place dans le lieu que chaque homme doit occuper en cas d’attaque.

Ces gardes ont des sentinelles devant elles ou sur le retranchement, ou de tous les côtés par où les ennemis peuvent pénétrer ; elles avertissent aussi-tôt qu’elles apperçoivent quelque chose dans la campagne : alors tout le monde prend les armes pour être en état de combattre en moins de tems qu’il n’en faut à l’ennemi, depuis sa découverte par les sentinelles, pour arriver au poste occupé par la garde. Les gardes doivent faire ferme, & tenir dans l’endroit où elles sont placées, jusqu’à ce qu’elles soient secourues du camp. C’est pour favoriser cette défense, qu’on les place dans les villages & autres lieux fourrés, où il est aisé, avec quelque connoissance de la fortification, de se mettre en état de soûtenir les attaques des partis qui veulent les enlever.

Des gardes de cavalerie. Comme les gardes de cavalerie peuvent se mouvoir avec plus de vitesse que celles de l’infanterie, elles sont ordinairement placées dans les plaines, ou dans d’autres endroits dé-

couverts ; elles ont des vedettes placées encore en-avant,

qui découvrent au loin tous les objets de la campagne. On appelle vedettes dans le service à cheval ce que l’on nomme sentinelle dans le service à pié. Voyez Vedette.

Comme les vedettes sont placées d’autant plus avantageusement qu’elles découvrent plus de terrein devant elles, on les avance quelquefois à une assez grande distance de la troupe ; & on les place sur les lieux les plus avantageux pour cette découverte, comme les hauteurs à portée de la grande garde.

Pour la sûreté des vedettes, & pour que la garde soit informée promptement de ce qu’elles peuvent découvrir, on place à une petite distance de ces vedettes, c’est-à-dire entre elle & la garde, un corps d’environ huit cavaliers ; on le nomme petit corps-de-garde ; il est commandé par un cornette ou autre officier alternativement. Ce corps doit être toûjours à cheval, & très-attentif aux vedettes ; il doit par conséquent être à-portée de les voir ; & il doit aussi être vû de la grande garde : mais il n’est pas nécessaire qu’il découvre lui-même le terrein, comme les vedettes ; il est seulement destiné à les soûtenir & à veiller à ce qu’elles fassent leur devoir : aussi arrive-t-il quelquefois que les vedettes sont sur le sommet d’une hauteur, & que le petit corps-de-garde est derriere à une distance médiocre, & caché par la hauteur, pendant que la grande garde est encore dans un lieu plus bas, d’où elle découvre seulement le petit corps-de-garde.

On éloigne aussi les vedettes les unes des autres, pour qu’elles soient à-portée de découvrir un plus grand espace de terrein, sans qu’il soit besoin de trop avancer les troupes de la garde, & par-là de les exposer à être enlevées. Lorsque les vedettes sont dans des endroits dangereux, il les faut doubler, c’est-à-dire en mettre deux ensemble ou dans le même lieu.

S’il paroît des ennemis, ou quelque corps de troupes que ce puisse être, les vedettes en avertissent ; & suivant que le commandant de la troupe le juge à propos, ou suivant les ordres qu’il a, il fait rester les vedettes à leur poste, & il ordonne au corps-de-garde d’avancer pour les soûtenir ; lui-même marche avec sa troupe pour joindre ce corps, & s’opposer ensemble aux ennemis ; ou bien le commandant fait replier ses vedettes sur les corps-de-garde ; celui-ci sur sa troupe ; & cette troupe sur quelqu’autre poste, ou enfin sur le camp, s’il le juge nécessaire.

Les commandans de ces gardes doivent prendre les mêmes précautions par rapport à leurs troupes, que les généraux d’armée par rapport à leur armée ; ce sont les mêmes principes appliqués à un grand objet ou à un petit ; c’est pourquoi ils doivent avoir pour premieres regles de disposer les vedettes de maniere qu’après qu’elles ont averti de ce qu’elles ont découvert, elles ayent le tems de former leur troupe, & de se mettre en état de combattre avant l’arrivée de l’ennemi.

Le commandant d’une garde ordinaire, ou en général de troupes détachées, à la guerre, peut faire mettre pié à terre à un rang de sa troupe, pour reposer les hommes & faire manger les chevaux, suivant le tems qu’il juge nécessaire à une troupe ennemie pour qu’elle approche de lui, depuis le moment de sa découverte par les vedettes : mais il faut toûjours que chaque cheval soit prêt à être bridé dans un instant, & que le cavalier soit à-portée pour monter dessus au premier ordre.

Il y a des circonstances où les commandans peuvent faire mettre pié à terre aux deux rangs que forment leur troupe ; mais ce n’est qu’après s’être bien assûré que l’ennemi sera découvert dans un assez grand éloignement, pour qu’il soit plus de tems à parcourir l’espace découvert par les vedettes, qu’il