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du poids d’eau pure : que le gallon de bierre & d’aile contient 282 pouces cubiques, & que le gallon de grain & de farine contient 272 pouces cubiques, & neuf livres treize onces d’eau commune.

Gallon se dit encore en quelques lieux de France, mais particulierement en Normandie, du côté de Caon, d’une mesure des liqueurs contenant deux pots ou la moitié d’un septier. Ce gallon n’est guere différent de celui d’Angleterre, & il y a même de l’apparence qu’il y a passé de Normandie avec Guillaume le Conquérant. Voyez l’article précédent. Gallon, boîte ou petit boisseau qui sert en Touraine pour mettre les prunes seches qu’on appelle pruneaux. On n’y met ordinairement que ceux qui sont les plus beaux, & qui sont l’élite de ses fruits secs. Voyez Pruneau. Gallon. Les Epiciers appellent aussi gallons, certaines boîtes rondes & peintes de diverses couleurs qui viennent de Flandres, dans lesquelles ils enferment plusieurs sortes de marchandises, sur-tout les drogues & épiceries. Chaque gallon a un cartouche ou étiquette, qui marque en gros caracteres la drogue ou marchandises qui y sont. Dictionn. de Commerce & de Chambers.

GALLOWAY, Gallovidia, Galdia, (Géog.) province considérable de l’Ecosse méridionale, avec titre de comté, sur la mer d’Irlande, qui la baigne au sud & à l’oüest ; elle est bornée à l’est par le Nithardale ; au nord, par les provinces de Kyle & de Carrick : son terroir est tout cultivé ; on en tire quantité de laines & de chevaux petits, trapus, courts, forts & estimés. C’est un pays montueux ; & par-là plus propre à nourrir des bestiaux qu’à recueillir des grains. Cambden croit que le Galloway est une partie du pays des anciens Novantes ; & c’est pour cela que quelques-uns l’ont appellé Novantum & Chersonerus. Withern est la capitale de cette province. (D. J.)

GALOCHE, s. f. (Cordonn.) ce nom a différentes significations : c’est une chaussure de cuir qui couvre le soulier, qui le tient propre & le pié sec ; c’est une espece de sandale à semelle de bois.

Galoche, (Marine.) c’est une poulie dont le mouffle est fort plat, sur-tout d’un côté : on l’applique sur la grande vergue & sur la vergue de misene, afin d’y passer des cargues-boulines.

On appelle aussi galoche une piece de bois en forme de demi-rond, qui sert à porter les taquets d’écoutes.

On donne encore ce nom à un trou à demi couvert par une petite piece de bois voûtée qu’on fait dans le panneau d’une écoutille, pour faire passer un cable. (Z)

GALOIS, s. m. pl. (Hist. de la Chevalerie.) nom que les historiens donnent aux membres d’une espece de confrairie qui parut en Poitou dans le quinzieme siecle, & qu’on pouvoit appeller la confrairie des pénitens d’amour. Les femmes, aussi-bien que les hommes, entrerent dans cette confrairie, & se disputerent à qui soûtiendroit le plus dignement l’honneur de ce fanatisme d’imagination, dont l’objet étoit de prouver l’excès de son amour par une opiniâtreté invincible à braver les rigueurs des saisons. Voici ce qu’ajoûte M. de Saint-Palaye, dans son curieux traité de la chevalerie.

Les chevaliers, les écuyers, les dames & demoiselles qui embrasserent cette réforme, devoient, suivant leur institut, pendant les plus ardentes chaleurs de l’été, se couvrir chaudement de bons manteaux & chapperons doublés, & avoir de grands feux auxquels ils se chauffoient comme s’ils en eussent eu grand besoin : enfin ils faisoient en été tout ce qu’on fait en hyver ; peut-être pour faire allusion au pouvoir de l’amour, qui suivant nos anciens poëtes, opere les plus étranges métamorphoses. L’hyver répandoit-il ses glaces & ses frimats sur toute la nature,

l’amour alors changeoit l’ordre des saisons ; il brûloit de ses feux les plus ardens les amans qui s’étoient rangés sous ses lois ; une petite cotte simple avec une cornette longue & mince, composoit tout leur vêtement : c’eût été un crime d’avoir fourrure, manteau, housse, ou chapperon double, & de porter un chapeau, des gants, & des mouffles ; c’eût été une honte de trouver du feu dans leurs maisons ; la cheminée de leurs appartemens étoit garnie de feuillages ou autres verdures, si l’on pouvoit en avoir, & l’on en jonchoit aussi les chambres. Une serge legere étoit toute la couverture qu’on voyoit sur le lit.

A l’entrée d’un galois dans une maison, le mari soigneux de donner au cheval de son hôte tout ce qu’il lui falloit, le laissoit lui-même maître absolu dans la maison, où il ne rentroit point que le galois n’en fût sorti : il éprouvoit à son tour, s’il étoit de la confrairie des galois, la même complaisance de la part du mari, dont la femme associée à l’ordre sous le nom de galoise, étoit l’objet de ses soins & de ses visites. Si dura cette vie & ces amourettes grant piece (long-tems), dit l’auteur (le chevalier de la Tour) en terminant ce récit, jusques à tant que le plus de ceux en furent morts & périlz de froit : car plusieurs transissoient de pur froit, & mouroient tout roydes de lez leurs amyes, & aussi leurs amyes de lez eulx, en parlant de leurs amourettes, & en eulx mocquant & bourdant de ceulx qui étoient bien vesttus : & aux autres, il convenoit desserrer les dents de cousteaulx, & les chauffer & frotter au feu comme roydes & engellez… Si ne doubte point que ces galois & galoises, qui moururent en cet état, ne soyent martyrs d’amour, &c. (D. J.)

GALON, s. m. (Rubannier.) tissu étroit qui se fabrique avec l’or, l’argent, la soie, & quelquefois avec le fil seul.

Les galons d’or & d’argent servent aux habillemens des personnes riches : on s’en sert aussi pour orner les ornemens d’église & les meubles somptueux.

Les galons d’or & d’argent, qui ne servent qu’aux habillemens, aux ornemens d’église, & des meubles, se nomment bords ou bordés : les Chapeliers appellent bords les galons qu’ils mettent sur les chapeaux.

Les galons de soie se font à Lyon ; il y en a de deux largeurs différentes, distinguées par le n°. 2 & le n°. 3. le n°. 2 porte sept lignes de largeur, & le n°. 3 en a 9 ; les pieces des uns & des autres sont de 60 aunes, qui se partagent en deux demi-pieces de 30 aunes.

Le galon de laine est une espece de ruban large qui doit avoir 36 fils de chaîne, & dont la piece doit contenir 36 aunes : ce galon se fait à Amiens par des ouvriers qu’on appelle Passementiers.

Les galons de livrée sont des tissus veloutés de laine ou de soie de diverses couleurs & façons dont on orne les habits des domestiques, pour faire connoître la qualité & la maison des maitres.

Ce sont les Tissutiers-Rubaniers qui fabriquent toutes sortes de galons de livrée, & qui les vendent aux maîtres qui les ont commandés. Voyez Rubannier.

Le mot galon vient des pieces que l’on met aux habits, pour en couvrir les trous ou les taches : ainsi les galons sont devenus l’ornement & la parure des riches, après avoir été un des signes de la pauvreté.

Nous ne nous étendons pas davantage ici sur la fabrique des galons. On en saura suffisamment, lorsqu’on aura lu ce que nous avons à dire de la toile, de la gaze, du ruban, & des autres étoffes figurées. Voyez ces articles. Le galon n’est qu’une exécution de ces ouvrages en petit. Voyez aussi nos Planches, & leur explication ; vous y verrez le métier à galon, & les autres instrumens propres au Galonnier.

Galons, en terme de Confiseur, ce sont des boîtes rondes dont on se sert pour serrer les dragées & autres confitures seches : on leur donne peut-être ce