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térit récent, auquel l’usage n’en a point accordée d’analogique : nous allons partir, c’est-à-dire nous partirons dans le moment ; expression équivalente à un futur prochain, que l’usage n’a point établi. Ces sortes de locutions ont pour fondement la raison irrésistible du besoin.

Nous ne prétendons pas donner ici une liste exacte de tous les gallicismes ; nous ne le devons pas, & l’exécution de ce projet ne seroit pas sans de grandes difficultés.

Il est évident en premier lieu qu’un recueil de cette espece doit faire la matiere d’un ouvrage exprès, dont l’exécution supposeroit une patience à l’épreuve des difficultés & des longueurs, une connoissance exacte & réfléchie de notre langue & de ses origines, & une philosophie profonde & lumineuse ; mais dont le succès, en enrichissant notre grammaire d’une branche qu’on n’a pas assez cultivée jusqu’à présent, assûreroit à l’auteur la reconnoissance de toute la nation, & une réputation aussi durable que la langue même. Si cette matiere pouvoit entrer dans un dictionnaire, elle ne pourroit convenir qu’à celui de l’académie, & nullement à l’Encyclopédie. On ne doit y trouver, en fait de Grammaire, que les principes généraux & raisonnés des langues, ou tout au plus les principes, qui, quoique propres à une langue, sont pourtant du district de la Grammaire générale ; parce qu’ils tiennent plus à la nature de la parole, qu’au génie particulier de cette langue ; qu’ils constituent ce génie plûtôt qu’ils n’en sont une suite ; qu’ils prouvent la fécondité de l’art ; qu’ils peuvent passer dans les langues possibles, & qu’ils étendent les vûes du grammairien. Mais tout détail qui concerne le pur matériel de quelque langue que ce soit, doit être exclu de ce Dictionnaire, dont le plan ne nous laisse que la liberté de choisir des exemples dans telle langue que nous jugerons convenable. Nos scrupules à cet égard vont jusqu’à nous persuader qu’on auroit dû omettre l’article anglicisme, qui ne devoit pas plus paroître ici que l’article arabisme qu’on n’y a point mis, & mille autres qui n’y seront point. L’article idiotisme qui les comprend tous, est le seul article encyclopédique sur cet objet ; & nous ne donnons celui-ci que pour céder aux instances qui nous en ont été faites. Les articles A (mot) ad, anti, ce, di ou dis, elle, en & dans, es, futur (adj.) sont encore bien plus déplacés ; on ne devoit les trouver que dans une grammaire françoise ou dans un simple vocabulaire.

Nous ajoûtons en second lieu, que le projet de détailler tous les gallicismes ne seroit pas sans de grandes difficultés. Le nombre en est prodigieux, & plusieurs habiles gens ont remarqué que, si l’on en excepte les ouvrages purement didactiques, plus un auteur a de goût, plus on trouve dans son style de ces irrégularités heureuses & souvent pittoresques, qui ne paroissent violer les lois générales du langage que pour en atteindre plus sûrement le but. D’ailleurs, à-moins de bien connoître les langues anciennes & modernes où la nôtre a puisé, il arriveroit souvent de prendre pour gallicismes, des expressions qui seroient peut-être des hellénismes, latinismes, celticismes, teutonismes, ou idiotismes de quelque autre genre ; & la précision philosophique que l’on doit sur-tout envisager dans cet ouvrage, ne permet pas qu’on s’y expose à de pareilles méprises. (E. R. M.)

GALLIN, s. m. poisson, Voyez Morrude.

GALLIPOLI, (Géog.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la terre d’Otrante, avec un évêché suffragant d’Otrante, un fort, & un port. Elle est sur un rocher toute environnée de la mer, à 12 lieues d’Otrante, & 18 de Tarente. Long. 35. 45. lat. 40. 20. (D. J.)

Gallipoli, (Géog.) ville de la Turquie européenne, dans la Romanie, à l’embouchure de la mer de Marmara, avec un havre, & un évêché suffragant d’Héraclée. Elle est habitée par des turcs, des grecs, & des juifs. Soliman la prit en 1357 ; c’est la résidence d’un pacha. Elle est sur le détroit de même nom, autrement appellé le détroit des Dardanelles, à 16 lieues de Rodisto, 42 de Constantinople, 18 d’Imbro. Voyez sur Gallipoli, (car c’est son ancien nom) Thévenot, Tournefort, & Wheler. Longit. 44d 34′. lat. 40d 30′ 12″. (D. J.)

GALLIUM, s. m. (Bot.) genre de plante de la famille des étoilées. Ses feuilles, selon le système de Tournefort, lisses & sans poils, sortent du nœud des tiges, au nombre de cinq ou six en forme d’étoiles ; sa fleur est monopétale, divisée en cinq parties ; son fruit consiste en un couple de semences seches, qui ont d’ordinaire la figure d’un croissant.

Dans le système de Linnæus, le calice du gallium est divisé en quatre segmens, & situé sur le germe ; les étamines sont quatre filamens plus courts que la fleur ; les antheres sont simples ; le germe du pistil est double ; le stile est très-délicat, & de la même longueur que les étamines ; les stigmates sont sphériques.

Tournefort compte treize especes de gallium, dont la plus commune est le gallium luteum C. B. que nous appellons en françois caille-lait, parce que dans les pays septentrionaux on s’en sert en guise de presure pour faire prendre le lait. Les bons medecins l’employent fort rarement en Medecine ; mais aucun d’eux ne la donne pour l’épilepsie. Ses fleurs contiennent un acide qu’on peut en séparer par la distillation : toutes les autres especes de gallium ne sont d’aucun usage. Il y en a cependant de curieuses pour les Botanistes, & M. de Jussieu a décrit deux de ces especes dans les mém. de l’acad. des Sciences, ann. 1714. (D. J.)

GALLOGLASSE, s. f. (Hist. mod.) nom d’une milice d’Irlande. Cambden dans ses annales d’Irlande, page 792, dit que la milice des Irlandois est composée de cavaliers, qu’on appelle galloglasses, qui se servent de haches très-aigues, & d’infanterie qu’on nomme kermés. Chambers. (Q)

GALLON, s. m. (Comm.) mesure des liquides en Angleterre ; le gallon contient huit pintes de Londres, ce qui revient à quatre pintes mesure de Paris : 63 gallons font le muid ou la barrique ; 126 la pipe, & 252 le tonneau. Les gallons pour le vin sont d’un cinquieme plus petits que ceux qui servent à l’aile ou à la bierre ; ensorte que quatre gallons de l’une ou de l’autre de ces liqueurs en font cinq de vin. Les 63 gallons anglois font douze steckannes hollandoises ; l’huile se vend aussi au gallon à Londres, le gallon pesant environ sept livres & demie. Dans la province de Cornoüailles, c’est au gallon que les Etamiers mesurent leur étain noir, c’est-à-dire la pierre de mine réduite en poudre. Le gallon en cette occasion est une espece de boisseau : un pié cube d’étain noir fait deux gallons. Cette sorte de gallon dont on se sert pour les grains, graines, légumes, & autres corps solides, est plus grand que le gallon de vin, mais plus petit que celui de l’aile & de la bierre. Ce dont il surpasse le premier est comme de 33 à 27, & ce qu’il a de moins que le second, est comme de 33 à 35 ; il pese environ huit livres poids de troy. Deux de ces gallons font un peck ou picotin ; quatre pecks font un boisseau, quatre boisseaux un comb ou carnok, deux carnoks une quarte, & dix quartes un lest qui tient cinq mille cent-vingt pintes, ou autant de livres pesant poids de troy. M. Chambers remarque sur la continence des différentes sortes de gallons, que le gallon de vin contient 231 pouces cubiques, & huit livres aver