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2°. Elles perdent l’une & l’autre leur valeur originelle devant les voyelles e, i ; celle qu’elles y prennent leur est étrangere, & a d’ailleurs son caractere propre : C représente alors l’articulation se, dont le caractere propre est s ; & l’on prononce cité, céleste, comme si l’on écrivoit sité, séleste : de même G représente dans ce cas l’articulation je, dont le caractere propre est j ; & l’on prononce génie, gibier, comme s’il y avoit jénie, jibier.

3°. On a inséré un e absolument muet & oiseux après les consonnes C & G, quand on a voulu les dépouiller de leur valeur naturelle devant a, o, u, & leur donner celle qu’elles ont devant e, i. Ainsi on a écrit commencea, perceons, conceu, pour faire prononcer comme s’il y avoit commensa, persons, consu ; & de même on a écrit mangea, forgeons, & l’on prononce manja, forjons. Cette pratique cependant n’est plus d’usage aujourd’hui pour la lettre c ; on a substitué la cédille à l’e muet, & l’on écrit commença, perçons, conçu.

4°. Pour donner au contraire leur valeur naturelle aux deux lettres C & G devant e, i, & leur ôter celle que l’usage y a attachée dans ces circonstances, on met après ces consonnes un u muet : comme dans cueuillir, guérir, guider, où l’on n’entend aucunement la voyelle u.

5°. La lettre double x, si elle se prononce fortement, réunit la valeur naturelle de c & l’articulation forte s, comme dans axiome, Alexandre, que l’on prononce acsiome, Alecsandre ; si la lettre x se prononce foiblement, elle réunit la valeur naturelle de G & l’articulation de ze, foible de se, comme dans exil, exemple, que l’on prononce egzil, egzemple.

6°. Les deux lettres C & G deviennent auxiliaires pour exprimer des articulations auxquelles l’usage à refusé des caracteres propres. C suivi de la lettre h est le type de l’articulation forte, dont la foible est exprimée naturellement par j : ainsi les deux mots Japon, chapon, ne different que parce que l’articulation initiale est plus forte dans le second que dans le premier. G suivi de la lettre n est le symbole de l’articulation que l’on appelle communément n mouillé, & que l’on entend à la fin des mots cocagne, regne, signe.

Pour finir ce qui concerne la lette G, nous ajoûterons une observation. On l’appelle aujourd’hui , parce qu’en effet elle exprime souvent l’articulation jé : celle-ci aura été substituée dans la prononciation à l’articulation gue sans aucun changement dans l’ortographe ; on peut le conjecturer par les mots jambe, jardin, &c. que l’on ne prononce encore gambe, gardin dans quelques provinces septentrionales de la France, que parce que c’étoit la maniere universelle de prononcer ; gambade même & gambader n’ont point de racine plus raisonnable que gambe ; de-là l’abus de l’épellation & de l’emploi de cette consonne.

G dans les inscriptions romaines avoit diverses significations. Seule, cette lettre signifioit ou gratis, ou gens, ou gaudium, ou tel autre mot que le sens du reste de l’inscription pouvoit indiquer : accompagnée, elle étoit sujette aux mêmes variations.

G. V. genio urbis, G. P. R. gloria populi romani ; Voyez les antiquaires, & particulierement le traité d’Aldus Manucius de veter. not. explanatione.

G chez les anciens a signifié quatre cents suivant ce vers.

G. Quadringentos demonstrativa tenebit.


& même quarante mille, mais alors elle étoit chargée d’un tiret G.

G dans le comput ecclésiastique, est la septieme & la derniere lettre dominicale.

Dans les poids elle signifie un gros ; dans la Musique elle marque une des clés G-ré-sol ; & sur nos monnoies elle indique la ville de Poitiers. (E. R. M.)

* G, (Ecriture.) Le g dans l’écriture que nous nommons italienne, est un c ferme par un j consonne. Dans la coulée, c’est un composé de l’o & de l’j consonne. Le grand a la même formation que le petit ; il se fait par le mouvement mixte des doigts & du poignet.

GABALA, (Géog. anc.) Il y a plusieurs villes qui dans l’antiquité ont porté le nom de Gabala ou Gabalé.

La plus célebre est celle de Syrie, que quelques voyageurs modernes nomment Jebilée ou Gébail. Lucien appelle cette ville Byblos. Elle a été fameuse chez les Payens par le culte d’Adonis. On n’y trouve aujourd’hui rien de remarquable qu’une mosquée, où l’on voit le tombeau du sultan Ibrahim, qui est en grande vénération parmi les Turcs.

Il y avoit une deuxieme Gabala en Syrie, entre Ladodicée & Paltos.

Il y avoit une troisieme Gabala dans la Phénicie, qui étoit dans les terres. Voici la position de ces trois villes selon Ptolomée.

1. Gabala (ou Byblos), lon. 67d. 40. lat. 33d. 56.
2. Gabala (de Syrie), 68. 20. 34. 56.
3. Gubala (de Phén.), 67. 15. 33. 10.

Il y avoit une quatrieme Gabala qui étoit une ville épiscopale d’Asie dans la Lydie, nommée Gabalona civitas dans les actes du concile de Chalcédoine.

Enfin les Gabales ou Gabali étoient un peuple des Gaules, dont Strabon, Pline, César, & Ptolomée parlent. Les anciennes notices des Gaules mettent Gabalum, ou civitas Gabalina, ou civitas Gabelluorum, dans la premiere Aquitaine sous la métropole de Bourges. Cette ville, selon Catel, étoit à l’endroit où est le bourg de Javaux, à quatre lieues de Mende. Pline, en parlant des bons fromages, fait mention de celui de Lezura & de celui du Gabalici pagi, c’est-à dire sans doute de celui du mont Losere & du Gévaudan où est cette montagne, & dont les fromages ont encore de la réputation, selon le même Catel dans son histoire de Languedoc, liv. II. ch. vij. pag, 297. Les mémoires de l’académie des Inscriptions n’ont point bien éclairci cet article de Géographie. (D. J.)

* Gabale, s. m. (Myth.) dieu adoré à Emese & à Héliopolis, sous la figure d’un lion à tête rayonnante, tel qu’on le voit dans plusieurs médailles de Caracalle. On l’appelloit aussi Genœus. Voyez Tristan, tom. II. pag. 167.

GABAON, (Géog. sacrée.) ville du pays de Chanaam en Syrie, située à trois lieues de Jérusalem sur une colline. Son nom même l’indique, car gaba signifie en hébreu colline. Ainsi on ne doit pas être surpris de voir dans un pays de montagnes comme la Judée, un si grand nombre de lieux qui commencent par Gaba.

Gabaon qu’on ne connoît plus, est célebre dans l’Histoire sainte par la ruse des Gabaonites, & par la journée dans laquelle le Soleil s’arrêta, lorsque Josué remporta la victoire contre les rois chananéens. Ici les curieux peuvent consulter sur l’artifice des Gabaonites, les commentaires de Grotius & de le Clerc, de même que Barbeyrac dans sa belle édition de Puffendorf. Ils peuvent lire aussi une savante dissertation de M. s’Gravesande, dans laquelle il expose les difficultés géographiques & astronomiques, qui concernent le miracle de Josué. Cette dissertation est insérée dans les discours de M. Saurin sur la Bible ; & elle est trop belle pour n’y pas renvoyer nos lecteurs. Voyez aussi Copernic. (D. J.)

* GABARE, s. f. bâtiment large & plat dont on se sert pour le capotage, & sur-tout pour remonter les rivieres. Comme il tire peu d’eau, il est commode à cet usage.