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parties de cette armée. Le chevalier de Folard en rapporte plusieurs exemples tant anciens que modernes, dans son commentaire sur Polybe, II. vol. pp. 444. & suivantes. On en trouve aussi dans l’art de la Guerre par M. le maréchal de Puysegur, qui observe que les fautes de cette espece sont aussi anciennes que la guerre. « Il est si naturel, dit cet auteur, à des hommes qui combattent de la main pour s’ôter la vie, de ne songer qu’à ce qui se passe où ils sont, & non à ce qui se fait ailleurs, que quand ils ont tant fait que de renverser ceux contre lesquels ils combattoient, il n’est pas surprenant qu’ils cherchent à profiter de l’avantage qu’ils ont pris sur eux au péril de leur vie ; & il n’y a que l’art & la science de la Guerre qui puissent mettre de justes bornes à cette poursuite ». Art de la Guerre, liv. II. page 80. (Q)

Fuyard, (de milice) art milit. ce mot pris substantivement, signifie un sujet miliciable, qui ayant été averti de se rendre au jour indiqué pardevant le commissaire préposé à la levée de la milice, pour y tirer au sort, & qui ayant négligé ou refusé de s’y trouver, a été déclaré fuyard par le procès-verbal du tirage de la milice, sur la dénonciation du syndic ou des garçons de la communauté.

Les garçons ou hommes mariés miliciables qui tombent dans ce cas, doivent être poursuivis & contraints de servir pendant dix ans, à la décharge de ceux auxquels le sort est échû, & qui les arrêtent, ou des communautés qui ont des miliciens à fournir.

Ceux qui pour raisons légitimes ne peuvent se présenter à la levée, doivent commettre une personne, à l’effet de déclarer les causes de leur absence, & de tirer pour eux, à peine d’être déclarés fuyards.

Ceux qui sont engagés pour entrer par la suite dans un état qui doit les exempter du service de la milice, ne sont pas pour cela exempts de tirer au sort.

Ceux qui se prétendent engagés dans les troupes, doivent en justifier par certificats des officiers qui ont reçû leurs engagemens, & cependant joindre sans délai leurs régimens, sans pouvoir reparoître dans la province, même avec congé, qu’ils ne justifient qu’ils ont joint leurs corps & passé en revûe, à peine d’être arrêtés & mis en prison pour six mois, & con-

damnés de servir dans la milice pendant dix ans ; ils

encourent la même peine si après avoir joint ils restent plus de six mois dans la province.

Ceux qui ont été déclarés fuyards ne sont plus reçûs à tirer au sort, ni déchargés de cette qualité, au cas que par surprise ou autrement, ils parviennent à s’y faire admettre.

Les fuyards arrêtés sont présentés au commissaire chargé de la levée, & par lui constitués miliciens.

Les fuyards constitués miliciens, doivent servir dans la milice pendant dix ans, n’ont pas le droit d’en faire constituer d’autres en leur place, & sont sujets, comme tout autre milicien, aux peines des ordonnances concernant le service de la milice.

Ceux qui pretendent avoir des raisons valables pour se faire décharger de la qualité de fuyard, doivent les exposer à l’intendant de la province, qui y prononce suivant le mérite de la demande.

Tous ces moyens violens employés pour forcer des citoyens à embrasser un état pénible & souvent dangereux, auquel leurs inclinations répugnent, semblent attaquer les droits de la nature & de la société ; mais on abandonnera cette opinion, si l’on veut bien considérer que dans tout état l’intérêt général est le fondement & la mesure de ces droits ; que l’homme est à la société ce que la société est à lui ; qu’il lui doit les mêmes secours relatifs qu’il peut en prétendre pour sa conservation & son bonheur, & que tout individu dans un corps politique ne peut en être regardé que comme ennemi, quand il lui refuse ces secours, & qu’il sacrifie la chose publique à son avantage particulier.

Il y a autant de moyens de servir la patrie, que de classes différentes de citoyens ; celui du service de la milice est un des plus nécessaires, & en même tems des plus onéreux aux sujets ; le bien général & particulier exigent que la charge en soit répartie sur le plus grand nombre d’hommes possible, préférablement sur ceux qui n’ont pas d’état, d’industrie, ou fonctions essentielles pour la société, & que le législateur sévisse contre ceux qui, sans raisons légitimes, cherchent à s’y soustraire par des moyens frauduleux. Voyez Levée des Troupes. Cet article est de M. Durival le jeune.