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Les insectes qui se trouvent dans les fruits mûrs ou non mûrs de nos arbres fruitiers, dans les poires, les pommes, les prunes, les cerises, &c. sont généralement nommés des vers, & par cette raison on appelle les fruits où ils sont logés, des fruits verreux ; mais s’il y a de ces insectes qui sont des vers, c’est-à-dire qui se doivent transformer en mouches, ou en scarabées, il y en a, & en grand nombre, qui deviennent de vraies chenilles, de fausses chenilles, &c. Les prunes, par exemple, sont très-sujettes à être verreuses, par une espece de fausse chenille qui croît dans leur intérieur.

Les années où il y a le moins de fruit, sont celles où l’on se persuade qu’il y en a le plus de verreux, & on ne manque pas de s’en plaindre. Quoique la quantité des vers & des chenilles ne soit pas plus grande dans ces années stériles en fruits que dans des années abondantes ; si elle est la même, si la cause qui a fait périr les fruits, n’a point diminué le nombre des mouches & des papillons, dont les petits doivent croître dans les fruits, le nombre des vers & des chenilles des fruits doit paroître plus grand, quoiqu’il ne le soit pas réellement ; il l’est proportionnellement à la quantité des fruits de cette année.

Il y a telles especes de fruits, de cerises, par exemple, où l’on trouve communément l’insecte logé dans l’intérieur, & tel autre fruit, comme la poire, où on le rencontre rarement, parce qu’il en est sorti avant qu’on la cueille. De plus, il y a tels insectes qui dénichent de bonne heure du fruit, & tels autres qui y font un très-long séjour.

Les chenilles des pommes, des poires, des prunes, & de divers autres fruits, ne s’y tiennent que tant qu’elles ont besoin de manger, & elles les quittant quand le tems où elles doivent se transformer en chrysalides approche. Lorsque le fruit verreux tombe, ou est prêt à tomber, la chenille en est ordinairement sortie, ou est prête à en sortir.

Quand cette chenille a pris tout son accroissement, quand le tems de sa métamorphose approche, on voit quelque part sur le fruit un petit tas de grains rougeâtres ou noirs ; il n’est personne qui n’ait vû cent fois ces petits tas de grains, dont nous parlons, sur des pommes, sur des poires, & sur plusieurs autres de ces fruits, qu’on appelle verreux ; c’est même ce qui fait connoître qu’ils le sont. Dans d’autres, au lieu de ces petits tas de grains, on voit un petit trou bordé de noirâtre ; les grains sont tombés alors, & l’ouverture par laquelle ils sont sortis de l’intérieur du fruit, est à découvert. Or on demande quelle est la cause de cette bordure externe, & de cet amas le grains rougeâtres ou noirs qu’on trouve presque toûjours dans l’intérieur des fruits verreux. Les Physiciens répondent que cette bordure & ces grains ne sont autre chose que des excrémens de la chenille ; ordinairement les excrémens restent dans le fruit où l’insecte a séjourné, mais quelquefois il s’en trouve des tas au-dehors ; ce dernier cas arrive lorsque la chenille qui s’est tenue vers le centre du fruit, s’ouvre un chemin jusqu’à sa circonférence ; alors elle entretient ce chemin ouvert, & vient pendant quelques jours de suite jetter ses excrémens à l’endroit où le trou se termine. (D. J.)

Fruit, (art de conserver le) Economie rustiq. Une maniere de conserver les fruits toute l’année sans les gâter, a été communiquée par le chevalier Southwell, comme il suit. Prenez du salpetre une livre, bol ammoniac deux livres, du sable ordinaire bien net quatre livres : mêlez le tout ensemble, ensuite cueillez votre fruit de toute espece avant son entiere maturité, & avec la queue de chaque fruit ; mettez ce fruit régulierement & symmétriquement un par un, dans un grand vaisseau de verre large par le haut ; fermez la bouche du vaisseau d’un papier hui-

lé ; portez ce vaisseau dans un lieu sec ; placez-le dans une caisse garnie de la même matiere préparée, qui ait quatre pouces d’épaisseur ; remplissez le reste de la caisse de la susdite préparation, & qu’elle couvre de deux pouces l’extrémité du vaisseau : alors on pourra tirer le fruit au bout de l’an, aussi beau que quand on l’a enterré. Nous indiquerons une autre méthode générale pour la conservation du fruit au mot Poire. Voyez l’article Frulen. (D. J.)

Fruits secs, (Economie rustiq.) c’est le nom qu’on donne aux fruits à noyau & à pepins, que l’on fait sécher au four ou au soleil, comme prunes, cerises, pêches, abricots, poires, pommes, figues, & raisins.

Toutes sortes de prunes peuvent être séchées ; on les cueille dans leur entiere maturité, on les range sur des claies, on les met au four lorsque le pain en est tiré : on les tourne, on les change de place, & on les serre après qu’elles sont refroidies ; c’est la même méthode par rapport aux cerises.

Pour secher les pêches, on les cueille d’ordinaire à l’arbre, on les porte au four pour les amortir, ensuite on les fend promptement avec un couteau : on en ôte le noyau, on les applatit sur une table, on les reporte au four ; & lorsqu’on juge qu’elles sont assez séchées, on les retire, on les applatit encore, & on les conserve dans un lieu sec.

Pour les abricots, on les cueille lorsqu’ils sont bien mûrs ; & au lieu de les ouvrir comme les pêches pour en ôter le noyau, on se contente de repousser le noyau par l’endroit de la queue, qui lui sert de sortie. Les abricots restant ainsi entiers, on les applatit seulement sans les ouvrir, & on les seche comme les pêches.

Pour faire sécher les poires, on les coupe en quartiers, on les pelle, & on les porte au four ; ou bien, sans qu’il soit besoin de les couper, on les pelle entieres, observant d’y laisser les queues : ensuite on les fait bouillir dans quelque vaisseau avec de l’eau : alors on se sert de leur peau pour les tremper dans leur jus ; cela fait, on les tire de leur jus, puis on les met au four sur des claies, de la même maniere qu’on se conduit pour les prunes.

Les pommes, à la différence des poires, se sechent sans être pelées, en les coupant par la moitié après leur avoir ôté le trognon ; on les fait bouillir afin d’en tirer le jus, & y tremper celles qu’on destine pour sécher.

Les raisins secs, & sur-tout les muscats, sont très agréables à manger. On les met au four sur une claie pour les faire sécher, en prenant garde que la chaleur du four ne soit trop âpre, & en observant de tourner les raisins de tems en tems, afin qu’ils sechent également.

Les figues dont on a parlé ailleurs, se sechent comme les prunes. Le commerce de tous les fruits secs est considérable pour les pays chauds ; & on comprend dans la liste des fruits secs les amandes, les avelines, les capres même, & les olives, quoique ces deux derniers se conservent dans de la saumure. (D. J.)

Fruits, (Diete.) les auteurs tant anciens que modernes, qui ont écrit sur les alimens, nous ont donné sur les propriétés communes des fruits, des généralités si vagues, qu’on ne peut puiser dans ces ouvrages aucune connoissance positive sur cette matiere. Lemery les a bannies très-sagement de son traité des alimens, qu’il commence presque par un chapitre particulier sur les fraises.

En effet nous ne connoissons guere d’autres qualités communes entre plusieurs especes de fruits, que la qualité très-énergique d’aliment végétal (voyez Muqueux & Nourrissant). Une pomme, une amande, une figue, une châtaigne, une olive, se ressemblent aussi peu qu’un fruit quelconque, & une racine