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pour l’ordinaire de bonne heure, se fait aussi presque entre tous les autres os du crane, mais seulement dans la vieillesse. Au reste on voit quelquefois des cranes d’enfans dont le frontal & les deux pariétaux sont soudés ensemble, sans qu’il reste le moindre vestige de leur ancienne séparation. (D. J.)

Frontal, s. m. (Therapeutique.) médicament appliqué sur le front & sur les tempes.

Le cataplasme, l’épiteme sec & liquide, l’onguent, le liniment, le baume, prennent le nom de frontal, dès qu’ils sont appliqués sur ces parties.

Si on employe le frontal aux usages immédiats & propres de tous ces médicamens extérieurs, il n’en differe point essentiellement ; le frontal n’est qu’un cataplasme, qu’un liniment, &c.

On ne l’employe plus du tout dans la vûe de remédier à des affections intérieures. (b)

Frontal & Double Frontal, outils dont les Facteurs de clavecins se servent pour faire les ornemens appellés treffles, qui sont à la partie antérieure des touches. Ces outils consistent en un fer aceré ab, Pl. de Lutherie ; l’extrémité a de ces fers qui est à deux biseaux, est profilée comme le dessein que l’on veut faire. Les fers sont emmanchés dans une piece de bois bc, semblable à celle qui tient les meches des vilbrequins. On monte de même les frontal & double frontal sur le fust de ce dernier instrument, en faisant entrer les queues c dans les boîtes de vilbrequin. Voyez Vilbrequin. On se sert de cet outil, ainsi monté, pour commencer les treffles des touches ; pour cela on appuie la pointe du frontal au centre des arcs qui composent le treffle, & on tourne le fust du vilbrequin comme si on vouloit percer un trou : par ce moyen, l’outil trace un ornement circulaire, comme si la piece avoit été tournée. Voyez Planche XVII. de Lutherie, fig. 16 & 17.

Frontaux, (muscles) Anat. voyez Front.

Frontaux, (Sinus) Anat. Les sinus frontaux ou sinus sourciliers, sont deux grandes cavités situées entre les deux tables de l’os frontal, immédiatement au-dessus du nez & des sourcils, qui s’ouvrent par deux trous dans les narines. Ils sont séparés par une cloison osseuse, qui quelquefois manque, quelquefois est percée, & quelquefois n’est pas entiere.

Ils varient beaucoup en divers sujets par rapport au nombre, par rapport à l’étendue, qui quelquefois est très-petite, & par rapport à la forme, qui souvent est très-irréguliere & en maniere de cellules. On les a vû manquer tout-à-fait ; & dans ce cas, la cavité du nez paroît plus ample en-dedans. On a encore vû que l’un d’eux ne s’ouvroit pas dans le nez, & qu’il communiquoit seulement avec l’autre.

Bartholin dit que l’on rencontre rarement les sinus frontaux dans ceux qui ont le front applati, & il n’a pas tort ; il ajoûte qu’ils ne se rencontrent point dans ceux qui ont l’os du front divisé au milieu par une suture, & cette derniere décision n’est pas toûjours vraie ; car Riolan a trouvé ces sinus dans des cranes qui avoient l’os du front plat, & partagé par une suture.

Les deux sinus frontaux communiquent quelquefois avec l’apophyse, nommée crista galli, quand cette apophyse n’est pas creusée intérieurement. Dans certains sujets, ces cavités sont si grandes, qu’elles s’étendent jusqu’à la moitié du front, & s’avancent même sur toute la partie supérieure de l’orbite. Ruisch dans la dissection publique qu’il fit à Amsterdam d’un homme de sept piés, trouva que ces sinus frontaux s’étendoient même entre les pariétaux, ce qui est entierement contre l’ordre naturel. Enfin, quelquefois il n’y a qu’un sinus frontal au côté droit, d’autres fois au côté gauche, & en d’autres cranes presque au milieu ; en un mot, c’est ici que les jeux de la nature sont infinis.

Cependant quand les sinus frontaux existent dans l’ordre naturel, ils sont entre les deux tables, tapissés d’une membrane parsemée de vaisseaux sanguins qui rampent dans la partie spongieuse de l’os qu’on nomme communément le diploé, & ils séparent un suc huileux. Cette membrane est une extension de la pituitaire ; les trous des sinus frontaux qui s’ouvrent dans les narines, sont percés de maniere que l’humeur mucilagineuse qui les abreuve, peut couler dans les cavités du nez, lorsque l’homme a la tête droite. Quelques anatomistes ajoûtent que lorsqu’un des sinus frontaux est percé, les mucosités séparées dans le sinus qui est bouché, passent dans l’autre par le trou qui est à la cloison, & se déchargent dans le nez avec les mucosités du sinus qui est ouvert. (D. J.)

Frontaux, (Sinus) Chirurg. Il est avantageux aux Chirurgiens d’avoir une connoissance exacte de la structure des sinus frontaux, afin de n’y pas appliquer le trépan, parce que l’ulcere resteroit toûjours fistuleux, & afin de ne pas prendre la membrane qui les revêt pour la dure-mere.

Il est quelquefois arrivé au sujet des plaies pénétrantes dans les sinus frontaux, que la mucosité qu’ils fournissent étant de couleur grisâtre, abondante, trop épaissie, & s’échappant par la blessure, des chirurgiens ignorans ont pris cette humeur glutineuse pour la substance corticale du cerveau, & en conséquence ont appliqué le trépan au grand détriment du malade.

On peut connoître que les plaies pénetrent dans les sinus frontaux, 1°. quand l’humeur muqueuse sort par la plaie ; 2°. quand la bouche étant fermée & l’air poussé avec force, la chandelle que l’on tient allumée près de la plaie est tellement agitée, qu’elle est prête à s’éteindre ; 3°. si l’on verse dans la blessure une liqueur amere, ou d’une autre saveur, elle se fait sentir dans la bouche ; 4°. enfin si l’on seringue quelque liqueur dans la même plaie, elle s’écoulera par le nez. Au surplus les plaies qui pénetrent dans les sinus frontaux, se guérissent difficilement, & dégénerent d’ordinaire en fistules & en ulceres malins ; parce qu’il s’amasse dans ces parties une humeur huileuse, laquelle venant à se corrompre, ne manque pas de carier les os qui sont dans le voisinage.

Fallope non-seulement confirme cette vérité, mais il prétend même que les fractures pénétrantes dans les sinus frontaux ne se consolident point, tant à cause de la sécheresse de l’os, qu’à cause de l’air que l’on respire, qui s’échappe sans cesse par l’ouverture de la plaie ; & il assûre n’avoir jamais vû une plaie de cette nature se fermer qu’à un seul enfant, dans lequel la cavité du sinus fut remplie d’une chair fongueuse.

Enfin les plaies qui pénetrent dans les sinus frontaux ont, avec les yeux, une si grande communication, que Fabrice de Hilden dit avoir vû (centur. ji. observ. 400.) que le pus acre qui découloit d’une plaie de ce genre dans les cavités frontales, tomba sur la conjonctive, & poussa l’œil hors de sa place. (D. J.)

FRONTALIERS, s. m. (Hist. & Comm.) On nomme ainsi en Languedoc & en Guienne, ceux qui habitent les frontieres de France, que les Pyrenées séparent de celles d’Espagne. C’est en faveur de ces Frontaliers qu’a été accordé le privilége des passeries, c’est-à-dire la permission de transporter, même en tems de guerre entre les deux couronnes, toutes sortes de marchandises qui ne sont pas de contrebande, par les portes & passages des montagnes, dans toute l’étendue marquée par le traité. Voyez Passeries. Dict. de Comm. & de Trév.

FRONTEAU, s. m. (Architect.) Voyez Fronton.