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ment les deux lanternes GG ; une de ces roues est en-dedans de la cage, & l’autre en-dehors ; & leurs aluchons regardent du même côté, pour faire tourner les deux lanternes du même sens : ces deux lanternes, aussi-bien que les roues qui les conduisent, doivent avoir exactement les mêmes nombres. La tige de ces lanternes traverse par sa partie supérieure les sommiers qui soûtiennent la table immobile. La partie inférieure de la tige, qui est faite en pivot, entre dans une crapaudine de cuivre ajustée sur un sommier, placé parallelement & à une distance convenable, au-dessous de celui qui soûtient la table. Plus bas est encore un autre sommier soûtenu par deux tasseaux, qui reçoit sur des coussinets les tourillons du grand arbre AB. La partie supérieure de la tige des lanternes GG, après avoir traversé la table immobile, est un peu coudée, comme on peut voir en X, dans la partie qui traverse la table mobile ; ensorte que le centre de ce tourillon décrit un cercle autour de l’axe vrai de la lanterne ; ce qui fait décrire à chaque point de la table un semblable cercle : ces cercles peuvent avoir environ quatre lignes de diametre. Par ce moyen ingénieux, chaque pointe de caillou dont la table est parsemée, accroche plusieurs poils de l’étoffe qui doit avoir été chardonnée avant d’être mise à la frise, & en forme une petite houppe ; ce qui est ce qu’on se propose de faire : par cette méchanique, ces houppes sont d’autant plus également parsemées sur l’étoffe, que la table mobile l’est de petites pointes de cailloux.

Pour retirer l’étoffe d’entre les tables où elle est fortement serrée par les étresillons, on a un arbre cylindrique MN, placé à la partie moyenne & antérieure de la machine, qui est revêtu de vieilles cordes, dont on resserre seulement les basannes armées de leurs pointes ; on les attache sur la surface du rouleau, comme elles étoient sur le fût de la carde, observant que la pointe des crocs regarde la partie vers laquelle elles marchent : le mouvement est communiqué à cet arbre par le moyen d’une ou plusieurs roues qui sont menées par une lanterne fixée à l’extrémité de l’arbre AB, à l’autre extrémité duquel est un volant LLLL, dont l’usage est d’entretenir le mouvement & son égalité dans la machine. Voyez Volant.

Du rapport des dents des roues IK, & des lanternes OP, dépend la vîtesse du rouleau MN, qui tire à chaque révolution une longueur d’étoffe égale à sa circonférence, par le moyen des pointes dont il est armé, qui accrochent l’étoffe par son envers, & l’amenent insensiblement toute entiere. L’étoffe est guidée à l’entrée & à la sortie d’entre les tables, par deux bâtons très-polis Hh. Le bâton h est celui qui conduit l’étoffe entre les tables, à mesure qu’elle s’avance pour être frisée, & l’autre bâton H la guide, après qu’elle a été préparée ; ensorte qu’elle entre & qu’elle sort presque horisontalement.

Friser, terme d’Imprimerie ; on exprime par ce mot le mauvais effet d’une ligne d’impression qui paroît doublée sur elle-même. Ce défaut provient souvent de la façon dont un ouvrier gouverne sa presse, soit en négligeant de faire de legers changemens dans l’ordre de ses parties, ou de faire rétablir quelques-unes de ses mêmes parties qui se sont affoiblies par l’usage, ou enfin en travaillant non-chalamment & avec inégalité de force & de précision. Dans tous ces cas l’ouvrier peut y remédier ; mais il ne le peut jamais si le défaut provient de la mauvaise construction d’une presse.

Friser, en termes de Plumassier, c’est replier les franges de plumes sur elles-mêmes en forme de boucles de cheveux ; ce qui se fait en tirant la plume entre un couteau à friser & le doigt, ou tout autre chose qui a quelque consistance.

* FRISELLES, s. f. (Comm.) petites étoffes moitié coton, qui se fabriquent en Hollande. On les appelle aussi cotonnées. Voyez ce mot.

FRISOIR, s. m. c’est un des ciselets dont se servent les Fourbisseurs, Arquebusiers, Armuriers, & autres ouvriers qui travaillent en ciselure, pour achever les figures qu’ils ont frappées avec les poinçons ou ciselets gravés en creux, afin d’en fortifier les traits & leur donner plus de relief. Dictionn. de Trévoux. Voyez Damasquinure, & Planche du Fourbisseur, figure 6.

* Frisoir, en termes de Friseur d’étoffes, est une espece de table DD, de la même longueur & largeur que la table de la machine ; elle est percée comme elle à ses deux extrémités, d’un trou recouvert d’une grenouille, mais plus petit. Le frisoir est garni d’une sorte de mastic ou composition de sable, qui tord la laine des étoffes, & est mû circulairement par le fer à friser. Voyez la Planche de la machine à friser, parmi celles de la Draperie.

FRISON, s. m. (Marine.) ce sont des pots de terre ou de métal, dont on se sert sur quelques vaisseaux pour mettre des boissons. (Z)

Frison, (Comm.) mesure des liquides dont on se sert en Normandie. Le frison contient deux pots, qui font environ quatre pintes de Paris. Voy. Pinte. Dict. de Comm. & de Trév. (G)

FRISQUETTE, s. f. ustensile d’Imprimerie, formée de quatre bandes de fer plates, legeres, assemblées & rivées à leurs extrémités, & formant la figure d’un chassis quarré long. A une des bandes de traverses sont attachés deux couplets, qui sont destinés à être assemblés à deux pareils couplets portés au-haut du tympan : là s’attache la frisquette en passant dans les couplets réunis, des brochettes de fer, que l’on ôte & que l’on remet à volonté. On colle sur la frisquette un parchemin, ou plusieurs feuilles de papier très-fort, & on découpe autant de pages sur la frisquette, qu’il y en a à la forme ; le papier blanc posé sur le tympan, on abat la frisquette, & ensuite on fait passer la feuille sous presse, d’où elle revient imprimée sans pouvoir être atteinte d’encre ailleurs qu’aux ouvertures des pages découpées sur la frisquette. Voyez la figure parmi les Planches de l’Imprimerie, où l’on a montré la frisquette d’un in-quarto attachée par le côté 44, au moyen de deux couplets au tympan.

FRISSON, s. m. (Medecine.) c’est un mouvement convulsif très-prompt de la surface du corps, c’est-à-dire des tégumens, qui se fait à l’occasion d’un sentiment de froid externe, causé par l’application subite d’un air, ou de tout autre corps beaucoup plus froid que l’air dont on étoit environné dans l’instant précédent ; ou par un embarras de la circulation du sang dans les vaisseaux cutanés, en conséquence duquel embarras la chaleur de la peau est considérablement diminuée, & les nerfs qui en sont affectés de la même maniere, portent à l’ame la même impression que si le froid étoit de cause externe, absolument étrangere au corps.

Si ces différentes causes sont de nature à se renouveller ou à subsister, & à produire les mêmes effets pendant un tems considérable, sans interruption, ce mouvement extraordinaire de la peau est le frisson proprement dit ; si elles ne sont qu’instantanées, ou qu’elles ne se fassent sentir que par intervalles, la convulsion de la peau est appellée frissonnement comme par diminutif.

L’un & l’autre de ces mouvemens contre nature, constituent un véritable tremblement de la peau, dont les causes occasionnelles prochaines & finales ne different que par le siége & l’intensité de celles du tremblement des membres : celui-là, comme celui-ci, peut être produit par le froid, être un symptome