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cou, dirigées de haut en bas. Elles doivent être d’autant plus fortes, que l’assoupissement est plus profond. Lancisi rapporte que les gens du peuple, que les remedes les plus violens n’avoient pû réveiller d’un assoupissement apoplectique, ont été sur le champ rappellés à la vie par des fers rouges qu’on approcha de la plante de leurs piés. M. Winslow, dans sa thèse sur les signes de la mort, dit qu’on peut exciter avec succès, dans ces cas, une sensation douloureuse avec l’eau bouillante, la cire ordinaire, ou la cire d’Espagne brûlante ; ou bien avec une meche allumée, sur les mains, les bras, ou autres parties du corps. Mais les frictions très fortes produiront le même effet, & sont préférables, à beaucoup d’égards. On lit dans les éphémérides de l’académie des curieux de la nature, qu’un medecin ayant soupçonné qu’un homme qui étoit sans pouls & sans respiration, n’étoit pas mort, fit frotter la plante des piés de cet homme pendant trois quarts-d’heure, avec une toile de crin pénétrée d’une saumure très-forte, & que par ce moyen il le rappella à la vie. Les frictions faites avec un linge chaud sur la surface extérieure du corps des noyés, sont un des principaux secours qui favorisent l’effet des moyens qui ont le plus de vertu pour les rappeller d’une mort apparente à l’exercice des fonctions vitales. Dans ce cas, les frictions ne peuvent pas servir à rappeller le sang du centre à la circonference ; mais elles préviennent la coagulation des liqueurs, auxquelles elles donnent du mouvement. Voyez les observations sur la cause de la mort des noyés, & sur les secours qui leur conviennent, à la suite des lettres sur la certitude des signes de la mort, à Paris, chez Lambert, 1752.

La friction douce ou legere a des effets différens de la forte ; elle amollit & relâche ; elle rend la peau douce & polie, pourvû néanmoins qu’on employe assez de tems à la faire ; car celle qui seroit d’une trop courte durée seroit absolument sans effet. Ces sortes de frictions en produisent un très-bon sur les membres débilités par la gêne & la contrainte qu’ils essuient de la part des bandages, & par l’inaction, pendant le tems de la cure des fractures, des grandes plaies, &c.

Quelques personnes sont dans l’usage de se faire frotter legerement le matin & le soir avec une brosse douce, pour ouvrir les pores & faciliter la transpiration ; & elles se trouvent très-bien de ce genre d’exercice.

La friction modérée tient le milieu entre les deux autres ; elle attire le sang & les esprits sur la partie ; elle convient aux membres atrophiés, parce qu’elle fait augmentation d’aliment & nutrition, comme disent nos anciens, d’après Galien, lib. de sanitate tuendâ. On a quelquefois réussi à rappeller la goutte dans les extrémités inférieures, en les frottant modérément depuis les piés jusqu’à la moitié des cuisses, avec une flanelle douce, de trois en trois heures, pendant un quart-d’heure à chaque fois.

En général, les frictions exigent les mêmes précautions, pour être administrées sagement, que les autres exercices. Il faut être attentif au tems, à la quantité, à la qualité, & à la réitération convenables. Toutes ces choses doivent être soûmises à des indications raisonnées sur l’etat de la personne, & sur l’effet qu’on se propose d’obtenir des frictions. Voyez Exercice, (Medecine.)

On prépare utilement à l’efficacité de l’application des ventouses, des vésicatoires & des cauteres potentiels ; à celle des fomentations résolutives, des emplâtres de même vertu, & de tous les remedes incisifs ou stimulans dont on se sert sur les tumeurs œdémateuses, & autres congestions de matieres froides & indolentes qu’on veut échauffer ; on prépare, dis-je, au bon effet de ces remedes, par des frictions

modérées faites avec des linges chauds, & assez longtems. M. Petit parlant de la cure de l’anchylose, dans son traité des maladies des os, dit que les frictions faites avec des linges chauds, peuvent d’abord être mises utilement en usage, pour suppléer au mouvement de l’article ; & que si ces frictions ne suffisent pas seules pour résoudre la synovie & dissiper le gonflement de la jointure, elles servent du-moins à assûrer l’effet des autres remedes, qui par ce moyen agissent plus efficacement.

Il y a des fievres continues où les malades ont presque toûjours les extrémités froides : dans ce cas, outre les linges chauds qu’on renouvelle souvent, on fait des frictions douces avec des linges mollets, & ensuite des onctions avec les huiles d’amandes douces, de lys, de camomille, &c. afin de rappeller la chaleur.

Le duc d’Ascot demanda au roi Charles IX. de lui envoyer Ambroise Paré, premier chirurgien, pour le marquis d’Avret son frere, qui étoit à la derniere extrémité, à la suite d’un coup de feu reçû sept mois auparavant, avec fracture de l’os de la cuisse. Dans cette cure, l’une des plus belles qu’on ait faites en ce genre, Ambroise Paré prescrivit des frictions avec des linges chauds sur la partie, pour favoriser l’action des remedes capables d’atténuer & de résoudre l’engorgement du membre blessé ; & il en faisoit faire « le matin d’universelles de tout le corps, qui étoit grandement exténué & amaigri par les douleurs & accidens, & aussi par faute d’exercice ».

Dans les sueurs qui arrivent spontanément, ou par l’action des remedes sudorifiques, aussi-bien que dans celles que procure un exercice violent, tel que le jeu de la paume, il est convenable, avant de changer de linge, de se faire essuyer & frotter modérément avec des linges chauds. Cette friction non-seulement nettoie le corps, en absorbant l’humidité qui le mouille, mais elle fait sortir & exprime des pores de la peau des restes de sueurs & de sucs excrémenteux qui y ont été portés, & donne du ressort aux parties : aussi remarque-t-on que ces frictions préviennent la lassitude ; effet ordinaire de l’épuisement.

On donne le nom de frictions aux mouvemens que le chirurgien fait dans l’opération de la saignée, pour pousser le sang vers la ligature, dans la veine qu’on doit picquer, afin de faire gonfler ce vaisseau, pour la facilité de l’ouvrir.

Friction mercurielle, est une onction faite sur les parties du corps avec l’onguent napolitain, pour la guérison des maladies vénériennes. V. Vérole. (Y)

FRIDERICKS-HALL, ou FRIDERICKSTADT, (Géog.) ville forte de Norwége, mais commandée par une montagne dans la préfecture d’Aggerhus ; elle est à l’embouchure du Glammen dans la Manche du Dannemarck sur la côte du Cattegal, à 20 lieues S. E. d’Anslo, 26 N. O. de Bahus, 11 S. E. d’Aggerhus. Long. 28. 20. lat. 59. 2.

Ce fut au siége de cette ville, le 11 Décembre 1718, que fut tué Charles XII. roi de Suede, d’une balle qui l’atteignit à la tempe droite, & qui pacifia le nord de l’Europe. (D. J.)

FRIDERICKSTADT, (Géog.) petite ville de la presqu’île de jutland, dans le duché de Sleswick, au confluent de la riviere de Trenne & de celle d’Eyder, fondée en 1621 par Frédéric, duc de Holstein-Gottorp ; elle est à 2 lieues N. E. de Tonneingen, 7 S. O. de Sleswick. Long. 28. 58. lat. 54. 32. (D. J.)

FRIDING, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans la Soüabe sur le Danube, à 8 lieues S. E. de Tubingen, 12 N. de Constance. Longit. 32. 42. latit. 47. 50. (D. J.)

FRIDLAND, (Géog.) il y a plusieurs petites villes de ce nom, dont il est inutile de parler ici ; une