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se font avec le bain de sable, de cendre, ou de limaille. On introduit dans l’une des deux cavités le chauderon de fer fig. 60, & on lute avec de la terre glaise un peu molle, la petite fente qui se trouve entre son cercle & le bord de la cavité sur lequel il est appuyé, ou bien on la bouche avec du sable mouillé qu’on presse bien tout-autour. C’est pour donner un exemple de cet appareil, qu’on a représenté la retorte 9, placée dans le chauderon & ajustée à son récipient. Dans l’autre chauderon de fer, on voit une cucurbite surmontée d’un chapiteau 11, adapté à un balon ou récipient à long cou 12.5°. Ces deux dernieres chambres peuvent encore servir, ainsi que la premiere, à des distillations au feu de réverbere ; & quoique le feu n’y soit pas si actif, il ne laisse pourtant pas de faire passer l’eau-forte. Pour cette opération on renverse le chauderon de fer fig. 60, & l’on introduit dans l’embouchure de la chambre son bord supérieur, saillant d’un pouce & demi au-delà de son cercle ; ensorte qu’il résulte de l’assemblage de son échancrure y, & de celle du fourneau vv, un trou propre à transmettre le cou d’une cornue. 6°. L’appareil étant dressé, quel que soit celui qu’on aura choisi pour faire plusieurs opérations à-la-fois, on introduit d’abord par le haut de la tour quelques charbons allumés ; puis on la remplit de charbons noirs, en tout ou en partie, à-proportion du tems qu’on veut faire durer le feu. On ajoûte incontinent son couvercle, & l’on répand tout-autour de son bord du sable, ou des cendres qui valent encore mieux, & on les comprime legerement. Si on n’avoit cette attention, tout l’aliment du feu contenu dans la tour flamberoit & brûleroit en même tems.

Comme on ne peut avancer rien d’absolument particulier sur le régime du feu dans le fourneau dont il est question, nous ne toucherons ici que quelques généralités sur cette matiere : le reste s’apprendra aisément par la pratique, pour peu qu’on soit versé dans la Chimie. On rend très-violent le feu de la premiere chambre, si la porte du cendrier & la premiere cheminée sont entierement ouvertes, & si la plaque de fer est tout-à-fait levée : au contraire plus cette cheminée & la porte du cendrier sont fermées, plus on y diminue la chaleur ; mais ce phénomene ne se passe jamais plus promptement que quand on abaisse en partie la plaque suspendue par les chaînes, car alors le feu contenu dans la tour ne brûle plus que de la hauteur comprise entre la grille du cendrier, & le bord inférieur de la plaque de fer. Si l’on a intention de diminuer un degré de feu trop violent, sans cependant que les vaisseaux cessent d’être rouges, on doit se procurer cet avantage, en fermant autant qu’il convient la porte du cendrier & l’ouverture de la cheminée, la plaque de fer demeurant suspendue aussi haut qu’elle le peut être, & totalement renfermée dans la muraille ; parce que si l’on s’en servoit pour remplir ces vûes, l’activité du feu auroit bientôt détruit la partie de cette plaque qui lui seroit exposée : d’où il suit qu’elle ne doit jamais être employée que lorsqu’il s’agit de régir un feu médiocre ou bien d’en diminuer un grand, au point qu’il ne rougisse que médiocrement les vaisseaux. On observera aussi qu’on ne tiendra ouvert que le moins qu’il sera possible, le trou circulaire de la porte de la premiere chambre, dans les opérations qui ont besoin d’un grand feu ; parce que l’air qui y entreroit avec impétuosité, auroit eu bien-tôt refroidi les corps qu’on y auroit placés. On peut faire en même tems dans la seconde & troisieme chambres les distillations latérales & ascensoires dont nous avons parlé, puisque le feu se communique de la premiere à la seconde, & qu’on l’augmente dans celle-ci en ouvrant sa cheminée ; observant de diminuer l’ouverture de celle de la premiere, de la même quantité

qu’on ouvrira celle de la seconde. Par la même raison, on peut déterminer l’action du feu sur des corps contenus dans la troisieme chambre, & même lui donner issue par sa cheminée seulement, lui interceptant tout passage par les deux premieres, ou bien ne lui en laissant par l’une des deux, ou par les deux ensemble, qu’autant qu’on lui en diminuera par la troisieme. Il suit évidemment qu’on ne peut avoir un grand feu dans la troisieme chambre, que les deux précédentes n’en ayent un semblable, & qu’on peut au contraire le diminuer dans celle-là, en fermant sa cheminée, sans changer son état dans celles-ci ; ce qui s’exécute en donnant la plus grande ouverture à la seconde cheminée. Les phénomenes sont les mêmes pour la seconde chambre, respectivement à la premiere. Enfin l’on ne peut donner un grand feu à la moufle placée dans le foyer, que la premiere cavité n’y participe : ce feu s’augmente ou se diminue en fermant ou en ouvrant la porte de la bouche du foyer, changement qui n’empêche pas que les degrés des autres chambres ne soient constans relativement les uns aux autres, quoique susceptibles de différentes nuances. Le reste s’apprendra facilement par l’usage.

Quoique la grandeur qui a été fixée pour l’athanor & les fourneaux d’essai fig. 50, & de fusion fig. 26 & suiv. soit la plus avantageuse pour les expériences en petit & en grand, il n’est pas absolument nécessaire de s’y conformer ; on peut l’augmenter selon le nombre & la nature des travaux qu’on y doit faire, en gardant toutefois les proportions que nous avons établies. On peut aussi faire l’athanor en tôle, si on veut l’avoir portatif.

Il suit donc évidemment qu’un pareil fourneau doit être utile à un essayeur qui voudroit aller à l’épargne de ces sortes d’ustensiles, puisqu’on peut faire dans celui-ci quantité d’opérations qu’il est obligé de faire lui-même ; il lui convient d’autant mieux que la plûpart d’entr’elles exigent un feu long-tems soûtenu. Si la quantité de charbon que peut contenir la tour ne suffit pas, on peut en remettre comme dans les autres fourneaux : d’ailleurs le degré de chaleur en est toûjours constamment le même, à-moins qu’on ne le change, & on a vû qu’il pouvoit se varier considérablement. Enfin ce fourneau est d’autant plus commode, qu’on peut appliquer facilement par son moyen tous les degrés de feu qu’il peut donner par différentes voies, & qu’on peut faire plusieurs travaux différens en même tems, & avec le même feu.

L’athanor fig. 61. se construit en briques, & reçoit les proportions qu’on lui donne, selon ce qu’on en veut faire. Celui-ci a trois piés de long, autant de haut, & 18 pouces de large. On éleve quatre petits murs de l’épaisseur d’une brique, & en même tems on en fait un qui va d’un côté à l’autre, entre les deux portes e & d. Il sert à séparer la cavité du cendrier d d’avec une autre cavité qui est en e, que nous appellerons l’étuve. Quand on a élevé en même tems ces cinq murs de briques à la moitié de la hauteur qu’on veut donner au fourneau, on couvre l’étuve qui occupe une moitié du bas, d’une plaque de tôle afin que la chaleur y pénetre. J’ai dit que les quatre murs du tour étoient épais de la largeur d’une brique, mais il est bon d’avertir que le mur latéral du cendrier est plein jusqu’à sa porte, comme la ligne ponctuée l’indique. Quand la plaque de tôle est posée, on continue tous les murs du contour jusqu’à la hauteur de quatre ou cinq pouces, excepté le mur de refend, qui ne passe pas la premiere plaque de tôle : d’ailleurs au lieu de continuer le mur à gauche du cendrier de la même épaisseur, on le fait en talud jusqu’au-haut que commence la tour, où il n’a d’épais que la largeur d’une brique. La ligne ponctuée indique ce trajet. On peut voir la même chose dans