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porte on fera un trou circulaire ou plûtôt ovale l, de quatre ou cinq pouces de diametre, à la circonférence duquel on attachera perpendiculairement au plan de la porte une bande de tôle saillant en-dedans, également pour contenir l’enduit qu’on y appliquera. L’embouchure de la chambre sera pourvûe d’une feuillure large d’un pouce & profonde de deux, pour recevoir la porte lutée. L’usage du trou circulaire l, qui est au milieu, est de donner passage au cou d’une retorte ; & en cas qu’on n’en ait pas besoin, on la ferme à l’aide du piston A. Deux barres de fer horisontales nn, l’une en-haut & l’autre en-bas, tiennent la grande porte en situation, au moyen de quatre crochets de fer oooo, enclavés dans le mur près du bord de la même partie. 8°. Comme on doit être le maître de diminuer le feu, supposé que faute de l’avoir manié assez fréquemment, on lui ait laissé faire trop de progrès ; il est à-propos d’établir entre la tour & la chambre que nous venons de décrire, une porte de fer qui ferme l’ouverture oblongue gg, & qui intercepte par conséquent la communication qu’elles avoient entr’elles. On aura donc soin, en construisant la voûte de la chambre, de laisser entre elle & la muraille de la tour une rainure longue d’onze pouces & large d’un demi, laquelle descendra aussi perpendiculairement le long des bords antérieur & postérieur de l’ouverture de la tour gg, & un demi-pouce au-dessous de son bord inférieur. Cette rainure servira à maintenir une plaque de fer (fig. 58.) épaisse de six lignes, longue d’onze pouces & haute de cinq, & débordant par conséquent l’ouverture de toutes parts. A son bord supérieur seront attachées deux chaînes pp, pour l’élever ou l’abaisser. On les tiendra suspendues au moyen de deux clous à crochet **, scellés dans le mur adjacent de la tour, & posés perpendiculairement sur chaque chaîne, dont on pourra varier l’élévation au moyen des différens chaînons qu’on accrochera. La plaque de fer étant mise en place, on bouchera la rainure par laquelle on l’aura introduite, avec des pierres & du mortier, & on ne laissera que les deux petits trous nécessaires pour le passage des chaînes.

9°. Au côté droit de la chambre, à huit pouces de son fond, on construira avec des briques une cheminée qqqq, quarrée, haute de quatre piés, large de trois pouces & demi par le bas, & de trois seulement par le haut ; on la fermera avec une plaque de fer garnie d’un manche rr, (fig. 57.) & encadrée dans une rainure de tôle, ssss, qui l’assujettira de tous côtés, excepté par-devant, où les deux lames de tôle doivent s’ouvrir pour la laisser mouvoir, ou manquer tout-à-fait. On scelle cette plaque avec son cadre dans les murs de la cheminée, à la hauteur la plus commode.

10°. Sous cette cheminée on fera une ouverture en quarré long tt, semblable à la premiere gg, allant obliquement de bas en haut, & communiquant avec une autre cavité cylindrique haute de huit pouces uuuu, d’un pié de diametre, ouverte par sa partie supérieure, & garnie dans son bord intérieur d’un cercle épais d’un pouce & large d’un demi, destiné à soûtenir un chauderon de fer. A la partie antérieure de cette cavité, l’on fera une échancrure demi-circulaire, large de cinq pouces, & profonde de trois, allant en talus par-devant, vv, pour transmettre le cou d’une cornue.

11°. Cette cavité exige un chauderon de fer, (figure 60.) de douze pouces de diametre, de dehors en-dehors, à-peu-près profond de neuf, entouré à un pouce & demi de son bord supérieur, d’un cercle de fer xx, large d’un pouce, qui y sera assujetti : ce cercle, au lieu de continuer sa route en ligne circulaire, comme il convient, l’interrompra

pour accompagner le bord d’une échancrure aussi demi-circulaire y, large de cinq pouces & profonde de quatre & demi, faite au chauderon, la partie inférieure de laquelle doit être reçûe par celle du mur vv.

12°. Vis-à-vis l’ouverture tt, en quarré long, qui établit la communication entre la premiere cavité & la seconde, on en fera, à deux pouces du fond de celle-ci, une pareille z aux deux autres gg, tt, allant également en montant du côté d’une troisieme chambre iiii, égale & semblable à la seconde uuuu afin que le feu puisse passer de celle-ci dans celle-là.

13°. On élevera sur le mur, du côté postérieur de l’ouverture z, une cheminée semblable à la premiere qqqq, de même hauteur 2 2 2 2, & pareillement garnie d’une plaque de fer, (fig. 57.) pour la fermer.

14°. On fera enfin au côté droit de la cavité iiii, une troisieme ouverture semblable aux précédentes gg, tt, z, mais plus éloignée du fond, laquelle au lieu de communiquer par sa partie latérale droite avec une autre cavité, sera fermée par un mur, & ouverte par sa partie supérieure qui répondra à une troisieme cheminée 5 5 5, semblable aux deux premieres qqqq, 2 2 2 2. Telle est la construction de ce fourneau, qui est très-propre à un grand nombre d’opérations. Nous en allons détailler une partie, & parler de ses usages & du méchanisme du feu dans l’athanor.

On peut introduire par la bouche du foyer de la tour qui est arquée e, une moufle longue de douze pouces, de même longueur & largeur que cette ouverture, épaisse de trois quarts de pouce, ouverte par-devant & par-derriere, supposé qu’elle puisse être fermée par la partie postérieure de la tour, jusqu’à laquelle elle doit s’étendre. On mettra sur la grille du cendrier d une plaque de terre cuite, pour servir de base à la moufle : cette moufle aura des trous près de son sol, ainsi que les moufles ordinaires ; on y place des creusets de cémentation, ou d’autres corps, qui exigent pour être calcinés un feu long & violent : néanmoins ces sortes d’opérations peuvent se faire indépendamment de ce secours, quoiqu’avec moins de commodité & de facilité, pour voir ce qu’on fait & pour conduire le feu. 2°. On peut se servir de la premiere chambre pour faire des distillations, qui demandent un feu immédiat & violent ; car on y peut mettre des retortes ou des cuines ; mais il faut avoir soin de les placer de façon, soit qu’elles portent sur le sol de la cavité, soit qu’on les éleve sur des pié-d’estaux particuliers de différente hauteur, selon la grosseur du vaisseau, que leur cou puisse passer librement à-travers l’ouverture l, de la porte kkk. Lorsqu’elle est bien assujettie à la faveur de ses deux barres, on lute toutes les fentes qui se trouvent autour de la porte & du cou de la retorte ; après quoi on lui ajuste une alonge, c’est-à-dire un fuseau ou espece de cone tronqué, long de dix pouces ou plus, par l’intermede duquel les vapeurs brûlantes ont le tems de se rafraîchir, avant que d’arriver au récipient, qui est toûjours de verre, & qui se casseroit sans cette précaution. Cette alonge qui embrasse par sa base le cou de la rétorte, est reçûe par son sommet dans celui du récipient, qu’on appuie ou sur le pavé, ou sur un trépié ou pié-d’estal, qu’on éleve ou abaisse à volonté, au moyen de trois vis. 3°. Cette même chambre peut encore servir à des cémentations, à des calcinations, & à d’autres travaux qui exigent un feu de reverbere ; & pour lors on ferme le trou l circulaire de la porte avec son bouchon A, & on ne l’ouvre que quand on veut voir ce qui se passe dans la chambre. 4°. La seconde & la troisieme chambres sont employées principalement aux opérations qui