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ment, & exige pour être échauffé moins de tems & de feu. Le meilleur parti qu’il y ait à prendre en pareille occurrence, c’est de prendre le juste milieu en-deçà & au-delà duquel on seroit exposé aux inconvéniens en question.

Il est bon d’observer en général que les effets du froid & de la chaleur ne se communiquent jamais avec plus de difficulté que quand ils ont à traverser des corps solides qui sont en même tems rares, caverneux, & spongieux. Ainsi on peut empêcher un corps fondu & qui a un grand degré de chaleur, de se refroidir promptement en le couvrant de charbon pilé ; & l’on ne peut pas soupçonner que cette chaleur soit entretenue par le feu que ce corps embrasé peut avoir mis au corps, puisqu’il faut pour cela le contact de l’air, & qu’on ne voit point d’ailleurs de cendres qui en ayent été produites. Il s’ensuit que c’est autant pour conserver au métal l’état de fusion que l’état métallique par le phlogistique, qu’on mêle le poussier de charbon à l’argille. On peut se convaincre de la vérité de cette doctrine, si on examine la disposition des grands fourneaux des fonderies & des travaux qui s’y font ; comme aussi les inconvéniens qui en naissent, & les remedes qu’on y apporte.

Pour rendre notre bassin plus durable, on le saupoudrera avec des scories pilées, & on l’applanira avec une boule de laiton. On choisira celles qui ne peuvent plus donner rien de métallique par une réduction ordinaire, & qui ne contiennent ni soufre, ni arsénic. Si on n’en a point de semblables à celles qui doivent rester après la fusion qu’on est sur le point de faire, lesquelles sont préférables à toutes les autres, on leur substituera du verre pilé. On observera que le bassin en question doit avoir au milieu une petite cavité g, qui soit le segment d’une sphere creuse plus petite que celle qui auroit formé la cavité totale. Cette cavité exige les mêmes précautions que les grandes coupelles, c’est-à-dire qu’il en faut tasser la brasque avec un pilon à dents, l’applanir avec une boule de laiton, & y passer aussi un plane courbe.

Le fourneau fig. 26. est principalement destiné aux fusions : on les y peut faire avec des vaisseaux, ou même sans ce secours. Si l’on s’en sert, on mettra le corps du fourneau fig. 26. sur le premier piédestal, fig. 28. garni d’une porte roulant sur deux gonds ; l’on introduira deux barres de fer dans les trous cc de la partie inférieure de la fig. 26. pour soutenir la grille fig. 29. qu’on y fera entrer par l’ouverture supérieure. Au milieu de cette grille on placera une tourte ou culot de terre cuite, très-unie, & d’égale épaisseur ; on la fera rougir pour la sécher ; sans quoi l’on risqueroit de faire fêler les vaisseaux, les grands sur-tout qu’elle soûtiendroit, en conséquence des vapeurs humides qui s’en éleveroient pendant l’opération. Sa hauteur & son diametre doivent excéder un peu celui du fond du creuset qu’on veut mettre dessus, qui n’est convenablement échauffé qu’à la faveur de cette élévation, & suffisamment stable que par la largeur en question. On met ensuite sur cette tourte le creuset contenant la matiere à fondre ; on l’entoure de toutes parts de charbons qu’on range avec les précautions que nous avons indiquées, en parlant du fourneau de coupelle à l’article Essai. On gouverne le feu en ouvrant ou fermant la porte du cendrier, fig. 28. on l’augmente en mettant le dôme fig. 27. & ensuite le tuyau de la fig. 38. au moyen duquel on a un feu de fusion très-violent : mais l’on surpasse de beaucoup celui d’une fournaise ordinaire, si l’on introduit la tuyere d’un soufflet par le trou du cendrier, (fig. 28.) destiné à cet usage d ; après avoir préalablement luté exactement avec une fine pâte d’argille les jointures du corps du fourneau & du cen-

drier, & même celles de la porte, qui ne peut jamais

fermer assez bien, pour qu’on puisse s’en dispenser. L’avantage qu’on retire de cette méthode consiste en ce que les creusets ne sont pas si sujets à se briser, le vent du soufflet ne donnant pas directement dessus, & animant également le feu de tous côtés. Ainsi voilà une expérience qui contredit celle de Glauber ; mais il y a toute apparence que ce chimiste n’avoit pas la précaution de faire passer de même le vent de son soufflet par un cendrier, comme il passe aussi dans la forge dont nous avons parlé. Cet appareil peut servir à examiner les pierres, lorsqu’on veut savoir quel sera sur elles l’effet d’un feu extrème. Nous ne nous croyons pourtant pas dispensés pour cela de donner le fourneau de M. Pott ; les effets en sont connus ; au lieu qu’il n’est pas de même aussi évident que celui de la fig. 26. donne les mêmes résultats.

Mais si l’on veut fondre à feu une des mines de cuivre, de plomb, d’étain, de fer, ou réduire leurs chaux ou scories, on se servira du cendrier, (fig. 32.) qui contient un catin ou accommodage, & l’on observera de déboucher d’abord avec un couteau les ouvertures e & d fermées par le garni, de retrancher proprement les bavûres, & de remplir d’argille les petites cavités. On assujettira dans l’ouverture d, à gauche du soupirail, le cône de tôle o destiné à recevoir la tuyere du soufflet à deux ames. On parlera de la disposition que doivent avoir le cone & le soufflet, quand on traitera les opérations qui exigeront cet appareil. Le trou arqué c du cendrier sert à différens usages ; on connoît par-là, au moyen d’un crochet de fer, si la matiere contenue dans le bassin de réception est fondue ou non : par-là on a la facilité d’écarter les corps qui pourroient fermer le passage du vent du soufflet, comme aussi de retirer les scories qui s’y trouvent dans de certaines occasions. Il est à-propos de luter intérieurement la jointure qui résulte de l’assemblage du cendrier, & du corps du fourneau, afin de ne plus faire qu’une seule & même surface de ce qui étoit séparé avant. Avant que de mettre dans le fourneau la matiere qu’on a à fondre, on y jette du charbon de la hauteur d’un pan ; on l’allume & on l’anime avec le soufflet, afin de rougir le bassin : faute de cette attention, ces scories se refroidissent & se congelent avant que la matiere réguline se soit précipitée & réunie. On fournit de nouveau charbon à mesure qu’il s’en consume ; le bassin étant convenablement échauffé, on met du charbon de nouveau, puis de la matiere à fondre : mais il faut faire attention que la quantité n’en soit pas assez considérable pour empêcher l’action nécessaire du feu. On ne peut déterminer ici cette quantité, parce qu’il n’y a que l’expérience seule qui puisse l’apprendre. On met un nouveau lit de charbon, & par-dessus un lit de matiere à fondre ; & ainsi successivement, en faisant plusieurs couches les unes sur les autres. Si la matiere fondue n’étoit pas capable de soûtenir un certain tems l’action du feu, ou que l’on en voulût fondre à-la-fois une plus grande quantité que le bassin n’en peut contenir ; on creuseroit pour lors dans le lut du bassin un canal, qui, commençant dès sa petite cavité g, iroit aboutir à l’ouverture circulaire (fig. 32. e) du cendrier ; & l’on recevroit dans un catin ou autre vaisseau garni d’un mélange d’argille & de charbon (fig. 33. i), la matiere qui découleroit du premier. Nous avons déjà dit que ce ne seroit qu’en décrivant les opérations qui se font par cet appareil, qu’on pourroit détailler les précautions qu’elles exigent par leurs variétés.

Le fourneau qui vient d’être décrit peut encore servir à d’autres opérations, soit en l’employant tel qu’il est, soit en y faisant des changemens. Nous en