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fort serré, qui ressemble à un petit satin couleur de perle. L’animal reste en repos dans cette coque, la tête entre les jambes, pendant six semaines plus ou moins avant de se changer en nymphe. Lorsque le tems de cette transformation arrive, l’insecte se dépouille de sa premiere peau, à laquelle les cornes, les yeux, & les poils restent attachés, & il paroît sous la forme d’une nymphe qui a environ trois lignes de longueur, quatre aîles membraneuses, six jambes, deux grosses cornes ou antennes molles & creuses, deux yeux noirs, & deux serres en forme de scies, qui lui servent de dents. Cette nymphe reste encore pendant quelque tems dans la coque : enfin l’insecte se transforme en une belle mouche que l’on appelle demoiselle. Il fait une petite ouverture dans la coque ; & en s’insinuant dans cette ouverture, il y laisse la seconde peau. C’est un fourreau membraneux & transparent, qui a la forme des cornes ou antennes, des yeux, des dents, des aîles, des jambes, &c. de la mouche qui en est sortie. On trouve ainsi dans la coque la peau du fourmi-lion, qui est pelotonnée, & quelquefois un œuf que la mouche y a fait avant d’en sortir : la longueur de cet œuf est de deux lignes, & l’épaisseur d’une ligne ; il a une coque semblable à celle des œufs de poule ; mais il n’est pas fécond, puisqu’il a été pondu avant l’accouplement du mâle avec la femelle. Cependant on n’a trouvé qu’un seul œuf dans le corps de quelques-unes de ces femelles que l’on a ouvertes ; elles sont infécondes, lorsqu’elles le pondent avant les approches du mâle : aussi les fourmi-lions sont assez rares.

La demoiselle du fourmi-lion a quinze ou seize lignes de longueur : en sortant de son fourreau, ses ailes sont courtes & plissées ; mais en deux minutes, elles se développent & deviennent plus longues que le corps. Elle reste d’abord pendant quelque tems sur ses piés sans mouvement, pour se sécher, avant de prendre l’essor. Les demoiselles de cette espece ont deux antennes, qui sont menues près de la tête, & deviennent de plus en plus grosses jusqu’à l’extrémité. Le bout de la queue est hérissé de poils, & les ailes sont d’un blanc cendré, avec quelques points noirs, & sans aucune couleur vive. Elles ont deux gros yeux aux côtés de la tête, & elles different des autres insectes de ce genre, en ce qu’elles n’ont point d’yeux au-dessus de la tête, & que le ventre n’est pas cannelé tout du long. Mém. de l’acad. royale des Sciences, année 1704, p. 235 & suiv. Voyez les mém. pour servir à l’hist. des insectes, tom. VI. p. 333 & suiv. Voy. aussi les Transact. philosophiq. n°. 469. Voyez Demoiselle, insecte. (I)

FOURNAGE, s. m. (Jurisprud.) est le droit que le seigneur prend par chacun an, ou autrement, sur ceux qui sont obligés de faire cuire leur pain en son four bannal, ou pour la permission de le cuire en leurs maisons. Voyez le glossaire de M. de Lauriere au mot fournage.

Ce terme se prend aussi quelquefois pour foüage ou feu, à cause du fourneau ou cheminée. Voyez ci-devant Fouage. (A)

* FOURNAISE, s. f. (Gramm.) espece de four où l’on pourroit allumer un grand feu. Nous ne connoissons plus de fournaise ; & ce mot n’est guere employé que dans cette phrase, & quelques autres : L’ame s’épure dans l’adversité, comme le métal dans la fournaise ; les trois enfans de la fournaise.

Fournaise, ancien terme de Monnoyage, étoit l’endroit où les ouvriers s’assembloient pour battre les carreaux sur le tas ou enclume, pour flatir & réchauffer les flancs.

FOURNALISTE, s. m. en terme de Potier de terre, est l’ouvrier qui fait toutes les grosses pieces comprises sous le nom général de fourneaux. Voy. Fourneaux à l’article Poterie, C’est encore un ouvrier

qui fait tous les vaisseaux de Chimie en terre en usage dans les laboratoires, les atteliers des Artistes, & les cuisines.

Les fournalistes ne sont point du corps des Potiers de-terre. Il n’appartient qu’aux fournalistes de faire les fourneaux de ciment, qui servent aux hôtels des monnoies, aux affinages & fontes de métaux, aux distillations ; enfin à tous les ouvrages d’Orfévrerie, de Fonderie, & d’opérations de Chimie.

C’est pareillement à eux seuls qu’il appartient de faire & vendre toutes sortes de creusets, de quelque forme & grandeur, & de quelque usage que ce soit. Outre les ouvrages de terre ordinaire pour lesquels ils dépendent de la communauté des Potiers, ils ne dépendent que de la cour des monnoies. C’est par-devant le procureur général de cette cour qu’ils font leur chef-d’œuvre, sont reçus maîtres, & prêtent serment.

Cette petite communauté n’a point de jurés ; la cour des monnoies leur en tient lieu.

L’apprentissage est de cinq ans ; & le service chez les maitres après l’apprentissage, de deux autres années.

Le fils de maître ne doit que la simple expérience, & l’apprentif étranger le chef-d’œuvre. L’un & l’autre leur est donné à la cour des monnoies, où l’aspirant est reçu à la maîtrise ; son brevet d’apprentissage & ses lettres de maîtrise enregistrés, aussi bien que la réception du serment qu’il y fait.

Les veuves joüissent des priviléges de la maîtrise de leurs maris ; elles ne peuvent cependant obliger de nouveau apprentif, mais seulement achever celui qui est commencé. Elles peuvent travailler par elles-mêmes ou faire travailler des compagnons.

Les maîtres ne peuvent vendre des fourneaux & des creusets propres aux fontes des métaux ou aux distillations, qu’à gens connus, ou avec permission obtenue par écrit des officiers de la cour des monnoies. Ils ont liberté entiere pour la vente des autres ouvrages de terre ordinaire.

La matiere dont on fait les fourneaux & les creusets, est partie de ciment & partie de terre glaise, bien courroyés ensemble. Le ciment ne doit être que de grès de pot-à-beurre pulvérisé & bien battu, le ciment de tuileau n’y étant pas propre.

Les outils sont en petit nombre & simples. Un maillet ou masse de bois à long manche, dont la tête est armée de clous. Il sert à battre le ciment ; un petit rabot aussi de bois, ou plus simplement une palette faite d’une douve, à le courroyer & le mêler avec la terre glaise.

Les fourneaux se font à la main avec la seule palette que l’on poudre de sablon, afin qu’elle ne s’attache point à la terre. Les creusets ont des moules de bois plus ou moins grands, suivant l’ouvrage, & de la figure de l’ouvrage même. Ces moules se tiennent par une queue ou manche aussi de bois ; & après les avoir saupoudrés d’un peu de sable, on les couvre à discrétion d’autant de terre bien courroyée qu’on le croit nécessaire, qu’on arrondit ensuite tout-autour, & qu’on applatit par-dessous avec la palette.

Il y a de grandes & de petites palettes, de quarrées, de longues, & en triangle. Ces dernieres sont un peu tranchantes, & servent comme de couteau pour enlever ce qu’il y a de trop de matiere, & réduire l’ouvrage à sa juste épaisseur. On les appelle palettes, parce qu’en effet les plus grandes ressemblent à celles dont les enfans se servent dans quelques-uns de leurs jeux.

Des bâtons longs, ronds & pointus, de diverses longueurs & de différens diametres, servent à ouvrir les trous, qu’en terme de l’art on appelle des registres, qu’on laisse aux fourneaux pour, en les bou-