Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 7.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pierre très-solide jointe très-fortement, cinquieme genre.

L’attelier propre à nettoyer celles du premier genre, s’appelle patouillet. Voyez les Pl. de grosses forges, parmi celles de métallurgie. Le patouillet est composé de deux chassis en bois FF, éloignés de six, sept, ou huit piés, sur trois ou quatre piés de hauteur, arrêtés par le bas par de fortes traverses G, & terminés aussi par le bas en plein ceintre H. On ménage une feuillure profonde au-dedans des chevalets, pour y attacher ou des membrures bien jointes H, ou des plaques de fonte coulées dans les fourneaux : on garnit de même les côtés LL ; ce qui forme la huche. Au-dessus de la huche, du côté de la riviere, vous ajustez un canal A, tout près le côté opposé à la roue : ce canal formé de bois ou pierres, quarré ou rond, de quatre pouces de largeur, sur autant de hauteur, fournit l’eau du réservoir. Au milieu du bas de la huche, du côté opposé à ce canal, vous ménagez une ouverture C de six pouces en quarré, ferme en-dehors par sa pelle de bois C à longue queue, & appuyée par un morceau de bois traversant le dessus d’un petit canal M, qui sert de déchargeoir. Du côté du coursier, tout au-dessus de la huche, vous ménagez une ouverture E deux fois plus large & moins haute que l’entrée de l’eau, afin qu’il puisse en sortir autant qu’il en entre, sur moins de profondeur.

La huche est traversée par un cylindre de bois N, qu’on appelle l’arbre, garni aux deux bouts de tourillons O de fer ou fonte, portant sur des empoisses P, traverse des bras d’une roue qui tombe exactement dans un coursier, & garni dans l’intérieur de l’étendue de la huche, de trois barreaux R coudés à deux branches, enclavés les uns dans les autres à tiers points, de la profondeur de la huche ; de façon que quand un barreau finit de travailler, le voisin commence, & de même le troisieme ; ils entretiennent alternativement le mouvement dans la mine, au fond & sur les côtés de la huche.

L’ouverture du bas de la huche servant de déchargeoir, est garnie en-dehors d’un canal en bois Q, de la même dimension que l’ouverture, sur la longueur de quatre piés, garni des deux côtés d’un hérisson en pierre, ou affermi par du bois : il faut que ce canal aille un peu en pente, & aboutisse à un lavoir S de dix piés en quarré, au-dessus duquel, du côté opposé au canal, il y a une ouverture très-large sans être profonde, suffisante pour passer l’eau de la huche, quand il est nécessaire. Au bas de ce lavoir, & du même côté dans un coin, vous ménagez une ouverture fermée par une pelle T qui coule entre deux rainures. Il est avantageux ensuite de ce lavoir, d’en avoir un second V, qui recueille la mine que la force de l’eau pourroit faire échapper du premier.

Le jeu de cette machine consiste à laisser entrer l’eau par le canal A ; l’ouverture B étant fermée de la pelle C, la huche s’emplit d’eau jusqu’à la hauteur D ; la huche s’emplit de terre aux deux tiers ; la roue mise en mouvement par l’eau du coursier, le premier barreau souleve la terre proportionnément à son étendue, puis le deux & troisieme. L’eau bourbeuse s’échappe par l’ouverture E, pendant qu’elle se renouvelle par l’ouverture A ; & en très-peu de tems, on est débarrassé de la terre qui se mêle perpétuellement à l’eau, pendant que la mine plus lourde gagne toûjours le fond.

Vous connoissez avec un peu d’habitude quand la terre est lavée ; mais elle l’est certainement, quand vous voyez que le mouvement de la roue est retardé au point qu’elle s’arrêteroit ; parce que quand la mine est bien nettoyée, elle s’entasse si fort, que les barreaux ont grande peine à y entrer : d’où il est avantageux pour les soulager, ainsi que la roue, de les tailler en prisme, présentant un angle au travail. Alors vous

tirez la pelle C, ayant soin que les pelles des lavoirs de dessous soient baissées : l’eau & la mine de la huche aidées par l’eau nouvelle & par le mouvement des barreaux, descendent dans le premier lavoir, & l’eau s’échappe par l’ouverture du dessus, faisant la même manœuvre dans le second. Quand la mine de la huche est coulée, vous fermez la pelle C ; & pendant qu’un ouvrier va remplir la huche, l’autre nettoye avec un riaule le devant des pelles des lavoirs, & les leve. Comme elles tirent l’eau du fond, la mine reste seule & à sec ; de-là il va aider à emplir la huche, afin que le lavage s’opere pendant qu’ils viendront achever l’opération : pour cet effet, à quatre ou cinq piés de distance du premier lavoir, il faut en avoir un qui tire l’eau directement du réservoir. Les ouvriers tirent la mine patouillée, & la posent sur le bord de ce dernier lavoir, dans lequel un ouvrier plonge le pannier X, & le second jette la mine dedans : en remuant continuellement le papier, la mine passe au fond du lavoir, & les morceaux mal nettoyés se mettent à côté de la huche ; ils ramassent la mine criblée, la tirent d’un côté du lavoir, pour la mettre en tas à côté : quand elle est égouttée, elle est prête à être mise au fourneau ; pendant cette opération, celle de l’intérieur de la huche est faite.

On place le canal A tout contre le côté opposé l’ouverture D, afin que l’eau soit obligée de faire tout le tour de l’intérieur de la huche, avant de sortir ; ce qui donne le tems à la mine de gagner le fond ; on place l’ouverture D du côté de la roue, tout contre le dessus ; & on la fait plus large & moins profonde, pour la même raison D’ailleurs les barreaux poussant toûjours la mine du côté du devant, il n’est pas possible qu’il s’en échappe, à moins que ce ne soient des mines legeres, qu’on appelle folles, qu’il est plus avantageux de perdre à l’eau que de brûler. L’arbre d’un patouillet peut être garni de six barreaux au lieu de trois, ou de cuillieres qui se succedent. Plus vous opposerez de résistance, plus il faut de force, conséquemment plus d’eau : faites établissement après calcul.

Les patouillets supposent de la mine qui ne se mette pas en poussiere, & qui soit plus chargée de terre que de pierre ; sans quoi le frotement useroit la mine, sans diminuer la pierre : c’est une faute dans laquelle bien des gens sont tombés, & ont en conséquence décrié la machine.

Il faut avoir soin de beaucoup éloigner la huche du réservoir, afin que cette étendue donne lieu à une ample provision.

Il faut, pour servir un patouillet, deux ouvriers exacts, parce que s’ils retardent quand la mine est nettoyée, elle s’use par le frottement : il faut que ces ouvriers soient munis de pelles A, de pics B, de riaules, de bons paniers. Nous avons dit que les morceaux de terre qui avoient résisté à l’opération, se jettoient à côté du panier, au sortir de la huche : quand les ouvriers quittent le soir l’ouvrage, & même pendant leurs repas, ils jettent ces morceaux dans la huche. La nuit, ou plus de tems, leur fait prendre l’eau ; & frottés les uns contre les autres, la mine reste au fond de la huche.

Le patouillet est excellent pour les mines du premier & du troisieme genre ; & des paniers bien serrés d’osier ou d’autre bois, suffisent, & ne sont pas d’une grande dépense.

Les mines du second genre veulent des lavoir & égrapoirs : les lavoirs ne sont autre chose qu’un trou quarré A, dont le fond B est garni de planches enterrées d’un pié de profondeur, sur six à sept piés d’étendue, garni de quatre costieres C de bois de trois à quatre pouces d’épaisseur, sur un pié d’élévation ; elles se joignent par des encoches D, & sont serrées en-dehors par des pierres. On échancre les