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l’air par le canal appellé ventouse : l’eau clarifiée sort de cette partie par le robinet, & sert aux usages de la maison.

On voit que le sable se chargeant de toutes les impuretés de l’eau, il vient un tems où il est tellement envasé, que la filtration se fait lentement & mal : alors il faut laver le sable en plusieurs eaux, & le replacer dans la fontaine. Voyez cette fontaine dans nos Planches de Chauderonnerie.

Voici maintenant la description des fontaines de plomb, sablées & à éponge.

Imaginez une caisse de bois de chêne plus ou moins grande, selon la quantité d’eau qu’on veut avoir en réserve. Que cette caisse soit quarrée, mais un peu plus longue que haute ; & que toute la capacité en soit doublée de plomb, & divisée en quatre parties par des séparations aussi de plomb.

C’est dans la partie ou division ABCD, la plus grande de toutes, qu’on met l’eau comme elle vient de la riviere. Cette division communique avec la division ACFE par des trous t, t, t, t, pratiqués à la partie supérieure de la cloison AC, & par d’autres petits trous u, u, u, u, pratiqués dans une petite gouttiere fort étroite & assez élevée. On voit en IK, à la partie inférieure de la même cloison, AC, une division qui ne s’éleve pas à la hauteur du côté BD, ni de la cloison EF ; elle ne forme, avec la partie inférieure du diaphragme EF, qu’un coffret acIK, qui a à-peu-près la moitié de la hauteur de la cloison EF, & qui est beaucoup plus étroit que la division ABCD. Ce coffret est rempli de sable bien fin, & couvert de deux couvercles percés de quelques grands trous. Le premier couvercle pose & pese sur le sable ; le second ferme le coffre : on en a mis deux, parce que la partie de la vase & des ordures de l’eau qui se déposent sur ces couvercles, n’étant pas retenue dans le sable, le sable en demeure plus long-tems pur & moins sujet à être lavé.

Ce coffret communique avec la division FHNO, par des trous coniques x, x, x, x. Ces trous coniques sont remplis d’éponges très-fines & pressées fortement dans ces trous : ces trous sont pratiqués à sa partie supérieure, comme on voit.

La division FHNO communique avec la division GNOE par d’autres trous coniques y, y, y, y, pareillement remplis d’éponges fines & forcées. Ainsi l’eau en passant de la division ABDC dans le coffret acIK, se filtre dans le sable qui remplit le coffret ; en passant du coffret acIK dans la division FHNO, se filtre à-travers les éponges x, x, x, &c. & en passant de la division FHNO dans la division GNOE, se clarifie encore à-travers les éponges y, y, y, y. Il y a trois robinets ; le robinet L qui donne l’eau la plus claire, de la division GNOE ; le robinet M, qui donne une eau moins claire, de la division FHNO ; & un robinet Q, qui donne l’eau de la division ABCD, comme elle vient de la riviere.

Les trous coniques sont formés dans des bossages de plomb, tels qu’on les voit dans la figure ; & la petite goutiere avec ses trous u, u, u, u, sert à soutenir le sable & à le soulever un peu contre l’effort de l’eau supérieure au coffret. On a pratiqué aux bords supérieurs de la caisse des trous par où l’air peut entrer dans la fontaine, & éventer l’eau.

Ces fontaines sont excellentes ; nous ne pouvons trop en recommander l’usage ; & M. Ami qui les a inventées, a rendu un service important à la société, qui ne peut trop lui en marquer sa reconnoissance. Il a varié son invention en plusieurs manieres différentes & toutes ingénieuses. Voyez les ouvrages qu’il a publiés.

Il faut avoir deux soins assez legers ; l’un de nettoyer le sable & les éponges de tems en tems, de mois en mois ; & l’autre, de ne point laisser tarir sa

fontaine : sans quoi les premieres eaux qui viendront après la dessication, tiendront des éponges un petit goût d’amertume & de marécage, mais ne seront jamais mal saines.

Fontaine de la Tête, (Anat.) Voyez Fontanelle.

Fontaines de vin, (Hist. mod.) L’usage de distribuer du vin au peuple, dans les occasions de réjouissances, est fort ancien. Alain Chartier raconte dans son histoire de Charles VII. que parmi les joies du peuple de Paris, lorsque ce roi y entre, « devant les Filles-Dieu étoit une fontaine, dont l’un des tuyaux jettoit lait, l’autre vin vermeil, l’autre vin blanc, & l’autre eau ».

Monstrelet, en parlant de l’entrée que Charles V. fit aussi dans Paris, remarque « qu’il y avoit dessous l’échaffaut une fontaine jettant hypocras, & trois sirenes dedans, & étoit ledit hypocras abandonné à chacun ».

Lorsque le roi Charles VI. la reine Isabelle de Baviere, & le roi Henri d’Angleterre avec sa femme madame Catherine de France, vinrent à Paris, « tout le jour, dit encore Monstrelet, & toute la nuit, découloit vin en aucuns carrefours abondamment par robinets d’airain, & autres conduits ingénieusement faits, afin que chacun en prinst à sa volonté ». Enfin le même historien rapporte que lors de l’entrée du roi Louis XI. dans la rue S. Denis, « étoit une fontaine qui donnoit vin & hypocras à ceux qui boire en vouloient ». Voyez le détail des autres réjouissances à l’article Entrée. (D. J.)

Fontaine de feu, (Artificier.) Si l’on varie un peu la couleur du feu de l’artifice appellé pot à aigrette, & sa figure extérieure, par différens arrangemens, on en forme des apparences de fontaines de feu. Pour changer sa couleur, il n’y a qu’à substituer de la limaille de cuivre ou de la poudre qu’on trouve chez les Epingliers : elle donne à ce feu une couleur verdâtre différente de celle de la limaille de fer, qu’on met dans les aigrettes.

A l’égard du changement de la figure extérieure, & de l’arrangement des cartouches pour représenter des jets, des gerbes, ou des cascades, il n’y a qu’à imiter l’arrangement des tuyaux de plomb qui produisent toutes les différences des fontaines, par une semblable position des cartouches remplis de ces compositions, qui ne produisent que des étincelles sans flamme, comme sont celles où dominent les charbons de bois dur un peu grossierement pilés, la limaille de fer ou de cuivre, sans matieres onctueuses ou huileuses. En effet, il n’y a point tant d’opposition entre l’apparence du feu & de l’eau, qu’on se l’imagine du premier : car les gouttes d’eau des jets saillans éclairés par le Soleil ou quelque lumiere qui s’y réfléchit, ne ressemblent pas mal à des étincelles. Il ne s’agit donc pour représenter une gerbe d’eau, que de rassembler plusieurs cartouches pleins de matieres combustibles de cette matiere, & de les allumer en même tems.

Si l’on range ces tuyaux en deux lignes paralleles, posés en situation un peu inclinée entre eux, ils produiront, lorsqu’ils seront allumés, l’effet d’un berceau d’eau tel qu’on en voit à Versailles, sous lequel on pourra passer sans se brûler, pour peu qu’ils soient éloignés.

Si on les range comme les raies d’une roue, du centre à la circonférence sur le même plan, ils produiront une apparence de Soleil.

Si partant du même centre ils sont également inclinés à l’horison de bas en haut, ils formeront un cone droit semblable à une cloche de fer.

Si on les range sur des formes pyramidales, ils formeront une pyramide de feu.

Si on les couche horisontalement par lits d’inégale