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parvienne à la fontaine ; & de même, le siphon a cessé de joüer avant que l’eau cesse de couler dans le bassin extérieur : j’évalue ce tems à huit minutes, parce que l’eau coule plus lentement sur la fin qu’au commencement de l’accès. Par conséquent, pour avoir le tems de l’écoulement vrai, il faut ajoûter 12′. moins 8′. à 36′. 35″. ce qui produit 40′. 35″. De même l’intermission vraie ne sera plus de 32′. 30″. mais de 28′. 30″. & la période entiere de 69′. 5″. ainsi le siphon verse en 40′. 35″. l’eau fournie par le canal intérieur pendant le même tems, & pendant l’intermission de 28′. 30″. (n°. 2.) Son calibre est à celui du courant d’entretien environ comme 829 à 486. (n°. 3.) mais s’il arrive que l’eau abondante se décharge par d’autres canaux dans le réservoir, l’intermission vraie durera moins que 28′. 30″. & l’écoulement vrai plus que 40′. 35″. L’écoulement augmentera jusqu’à ce qu’il devienne continuel (n°. 5.), c’est-à-dire lorsque l’eau fournie au réservoir supérieur égalera la dépense du siphon : & alors le cours de Fontestorbe est uniforme, comme les observations nous l’indiquent en hyver, ou dans des circonstances qui nous font envisager une augmentation d’eau.

Mais si la sécheresse se fait sentir dans les couches qui fournissent au bassin, l’intermission commencera à paroître, ira toûjours en croissant, & l’écoulement en décroissant.

Quand Fontestorbe commence ou qu’elle cesse d’être intermittente, ses intermissions (n°. 4.), sont si peu considérables que les eaux du bassin inférieur où se décharge le siphon, ne sont pas encore écoulées & parvenues au bassin de la fontaine, avant que le siphon recommence à en verser de nouveau, surtout si l’interruption est moindre que huit minutes. Ainsi l’eau diminuera un peu dans la fontaine, & éprouvera incontinent une certaine augmentation ; ce qui fera paroître Fontestorbe intercalaire (n°. 10).

Détail des principales fontaines périodiques. Nous allons maintenant parler plus succinctement des autres fontaines périodiques dont les détails nous semblent les plus assurés, sans donner pour certains les faits qui n’ont pas pour garans des observateurs exacts.

Pline, lib. II. cap. ciij. parle d’une fontaine qui étoit à Dodone, dont l’écoulement cessoit tous les jours à midi, & reparoissoit avec abondance à minuit ; ce qui lui faisoit donner le nom de fontaine intermittente, telle qu’elle étoit en effet.

Le même historien rapporte que dans l’île de Ténédos une fontaine débordoit tous les jours après le solstice d’été, depuis neuf heures du soir jusqu’à minuit ; elle étoit temporaire & intercalaire.

Trois des sources du Tamaricus, riviere de la Cantabrie, aujourd’hui la Tamara en Galice, sont à sec, suivant Pline, lib. XXXI. cap. ij. pendant douze ou même vingt jours ; tandis qu’une autre source près de-là coule avec abondance & sans interruption. Nous avons parlé ci-devant du mauvais présage qu’on tiroit de leur intermittence.

Josephe, lib. VII. c. xxjv. de la guerre des Juifs, rapporte qu’en Syrie entre les villes d’Arce & de Raphanées, une riviere appellée Sabbatique étoit à sec pendant six jours, & couloit le septieme. Pline, lib. XXXI. cap ij. dit au contraire qu’elle couloit pendant six jours, & qu’elle étoit à sec le septieme. Dominique Magrius, suivant Kircher, mundi subterran. lib. V. sect. 4. cap. jv. a été témoin de ce phénomene.

Brynolphe Suénon dit avoir vû en Islande, à deux milles & demi de Skalholt, capitale de l’île, une fontaine périodique d’eau chaude. Elle annonce son accès par des bouillons qui s’élevent du fond de son bassin, le remplissent, & s’élancent enfin par-dessus les bords. La fontaine se soûtient une heure dans cet état ; après quoi elle baisse & laisse à sec le bassin : son

intermission est de 23 heures. Voyez ce détail dans les ouvrages de Saxon.

Childrey fait mention de plusieurs sources intermittentes dans son traité des curiosités d’Angleterre ; il en place une près de Buxton dans la province de Derby, qui coule chaque quart-d’heure, page 190. Le même auteur parle aussi, page 160. d’une autre qui présente à-peu-près les mêmes variations. Elle est située à Giggleswich, à un mille de Settle dans la province d’Yorck ; & page 296. d’une troisieme située dans la province de Westmorland, près du fleuve de Loder, laquelle coule plusieurs fois par jour.

Mais la plus singuliere de toutes celles de l’Angleterre, est la source de Lawyell près de Brixam, dans la province de Devonshire, à un mille de la mer. Elle est adossée au revers d’une chaîne de montagnes assez considérable, & sort du pié d’une colline ; elle est proprement intercalaire composée (n°. 11). Il y a un courant d’eau qui se décharge continuellement dans le bassin principal : lorsque l’accès s’y fait sentir, de petites sources voisines éprouvent un écoulement qui dure autant que l’accès. On remarque dans ces instans, à différentes reprises, une augmentation d’eau considérable dans le bassin, suivie alternativement d’une diminution aussi sensible. Ces flux & ces repos intercalaires se répetent, & même seize fois pendant une demie-heure ; c’est-à-dire que chaque flux & chaque repos dure environ deux minutes. Cependant sur la fin de l’accès, le flux produit moins d’eau, & il dure moins qu’au commencement (n°. 8). Il y a même beaucoup de variations dans le nombre de ces révolutions périodiques & dans leur durée ; variations toûjours dépendantes de la pluie ou de la sécheresse.

Ces phénomenes s’expliquent, comme nous avons vû aux fontaines intercalaires composées (n°. 9.), par deux courans, dont l’un traverse deux siphons & deux réservoirs, & l’autre coule immédiatement & continuellement dans le bassin de la fontaine ; c’est le courant qui enfile les deux réservoirs, qui produit cette suite de flux & du repos ; & l’autre le cours uniforme. Voyez Transact. philosophiq. n°. 423.

Près de Paderborn en Westphalie, une fontaine intermittente appellée Bolderborn, c’est-à-dire bruyante, coule & est à sec deux fois le jour : ses accès s’annoncent par un grand bruit. Transact. philos. 1665. n°. 7. & Varen. Géog. gen. cap. xvij. propos. 18.

Dans le palatinat de Cracovie, on trouve sur le sommet élevé d’une montagne adossée à celles de Hongrie une fontaine qui sort de son bassin avec impétuosité par des secousses continuelles qui la font monter en certains tems & baisser en d’autres. On avoit crû remarquer que ces accroissemens & décroissemens étoient dépendans des phases de la Lune, mais sans un examen assez approfondi. Voyez la relation qu’en a publiée le P. Denis ; & le P. Rzeczinski, hist. natur. Polon.

Dans le royaume de Cachemire, on voit une fontaine qui au mois de Mai, tems où les neiges fondent, coule & s’arrête régulierement trois fois en 24 heures, au commencement du jour, sur le midi, & à l’entrée de la nuit : son écoulement est pour l’ordinaire de trois quarts d’heure, & son produit assez abondant pour remplir un réservoir en quarré de 10 à 12 piés de large, & d’autant de profondeur : après les quinze premiers jours, son cours n’est plus si régulier ni si abondant. Elle tarit enfin, & reste à sec le reste de l’année. Cependant après de longues pluies elle coule sans intermittence & sans ordre, comme les autres fontaines : ainsi elle est maïale, intermittente, & uniforme. Bernier, voyage de Cachemire, p. 160. Varenius place au Japon une fontaine thermale & périodique. Ses écoulemens se répetent deux fois par jour, & durent une heure ; l’eau en sort avec im-