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depuis l’orifice de la petite jambe du siphon F, jusqu’à sa courbure C.

2°. L’écoulement est composé de la quantité d’eau contenue dans le réservoir, laquelle s’y étoit amassée pendant l’intermission, & de celle que produit le courant d’entretien D pendant tout le tems que le siphon joüe.

3°. Ainsi connoissant le tems précis de l’écoulement & de l’intermission, on en tirera le rapport du produit du canal intérieur à la dépense du siphon. On voit effectivement que l’eau étant supposée couler avec une égale vitesse par le canal d’entretien & par le siphon, le calibre du siphon est à celui du canal d’entretien, comme le tems de la période entiere est à celui de l’écoulement ; car (n°. 2.) le siphon vuide pendant le seul tems de l’écoulement, l’eau que le canal d’entretien fournit pendant l’intermission & l’écoulement. Or il est évident que les calibres de deux canaux par lesquels l’eau coule avec la même vîtesse, & qui versent la même quantité d’eau en tems inégaux, sont entr’eux dans le rapport renversé des tems.

4°. Le tems de l’écoulement & celui de l’intermission formant la période, la connoissance de la période & de l’écoulement donnera l’intermission ; & de même la détermination de la période & de l’intermission décide la durée de l’écoulement.

5°. Si le canal d’entretien augmente son produit après des pluies abondantes ou pendant la fonte des neiges, il est clair que l’intermission sera plus courte & l’écoulement plus long que pendant la sécheresse où les couches de terre en D fournissent moins d’eau. Car le siphon employera plus de tems pour vuider la quantité d’eau qui coule en plus grande abondance dans le réservoir pendant le tems qu’il l’épuiseroit, si aucun canal ne s’y déchargeoit.

A mesure que l’abondance de l’eau croîtra dans le canal d’entretien, l’intermission diminuera toûjours, & l’écoulement augmentera jusqu’à ce que le produit du canal étant précisément égal à la dépense du siphon, l’intermission disparoîtra, & la fontaine sera uniforme.

Mais si la sécheresse vient à diminuer la quantité d’eau fournie par le canal d’entretien, la fontaine éprouvera des intermittences très-courtes & des écoulemens fort longs d’abord ; & à mesure que l’eau diminuera dans le canal intérieur, l’intermission croîtra, & l’écoulement décroîtra proportionnellement.

On voit par-là que lorsqu’une fontaine commence à être intermittente par la sécheresse, ou qu’elle cesse de l’être par le retour des pluies, elle doit éprouver des intermissions très-courtes & des écoulemens fort longs.

6°. Le rapport de l’intermission à l’écoulement est difficile à fixer ; & il est visible qu’il ne peut être constant, & qu’il n’est pas aisé de limiter la période d’une fontaine, puisqu’elle peut éprouver des variations par la sécheresse ou par les pluies. C’est à ces variations que l’on doit principalement attribuer les différences qui se trouvent dans les descriptions que différens auteurs nous ont données de la même fontaine. Car alors ils peuvent l’avoir observée dans des circonstances capables de faire varier sensiblement les résultats dont ils ont déterminé l’étendue.

Fontaines intermittentes composées. Les fontaines intermittentes éprouvent quelquefois une suite de petites intermittences & d’écoulemens, interrompue par une intermission considérable ; & il est aisé d’en rendre raison. Soit (Pl. Phys. fig. 79.) le réservoir ABC qui se décharge dans la cavité FKI d’une moindre capacité par le siphon DCE d’un calibre plus petit que le siphon GFH, qui épuise l’eau de la cavité FKI. Je dis que la fontaine formée en H par le siphon GFH, éprouvera des intermittences & des

écoulemens successifs qui dépendront en grande partie du rapport qu’il y aura entre le produit du siphon GFH & celui de DCE. Enfin tout le jeu de repos & d’accès se terminera par une interruption égale au tems employé par le canal A d’entretien, à remplir le réservoir ABC. Si le canal A devient assez abondant pour fournir à la dépense continuelle du siphon DCI, la grande interruption n’aura point lieu ; les intermittences & les écoulemens se succéderont assez régulierement

Ces accès de repos & de flux peuvent être considérés comme l’écoulement d’une fontaine à simple réservoir, & la longue interruption comme son repos.

Et comme dans les fontaines à simple réservoir (n°. 5.) l’écoulement est tantôt plus long, tantôt plus court, de même aussi la suite des intermittences & des flux, qui tient lieu d’écoulement dans les fontaines composées, doit varier par les mêmes causes. Si le petit réservoir IKF se vuidoit neuf fois pendant que le grand ne se vuide qu’une seule, & qu’il restât encore outre cela à moitié plein, la fontaine en H auroit alternativement neuf intermittences & dix intermittences par accès, entre chaque interruption considérable, suppose que le produit de la source A fut toûjours le même.

En général le dernier réservoir étant dans un certain rapport de capacité avec le plus intérieur, le nombre des intermittences & des écoulemens successifs sera égal à celui qui exprime combien de fois le plus petit est contenu dans le plus grand ; & s’il y avoit une fraction, les retours auroient une intermittence & un écoulement de plus, après un nombre d’accès égal au numérateur de la fraction.

7°. Ces especes de fontaines ont encore cela de particulier, qu’à chaque accès d’écoulement & d’intermittence, le premier flux est plus long que le second, & le second plus long que le troisieme. On voit que c’est tout le contraire par rapport aux intermittences. Car le siphon DCE coulant plus vite dans le commencement de son accès que vers la fin, le réservoir IKF doit être par conséquent moins de tems à se remplir, & plus de tems à se vuider (n°. 1.) la premiere fois que la seconde.

8°. Fontaines intercalaires. Les fontaines intercalaires sont le produit d’un courant d’eau continuel & uniforme, combiné avec celui d’un siphon qui joue à plusieurs reprises. Soit la caverne DEC (fig. 78.) qui a une ou plusieurs ouvertures par le bas en E, il est visible que l’eau coulera par ces ouvertures tant que le courant d’entretien D en déchargera dans le réservoir. Si le canal d’entretien est assez abondant pour le remplir jusqu’à la courbure du siphon malgré l’écoulement continuel du canal E, la source en A aura un cours uniforme en vertu de cet écoulement, & éprouvera de tems en tems des accès d’intumescence lorsque le siphon coulera, & des repos lorsqu’il cessera de jouer. Les deux canaux venant à se rencontrer à la surface de la terre vers A, la fontaine qui sera formée par leur concours sera intercalaire.

Il est aisé de se convaincre que l’intercalaison ou l’intervalle qu’il y a entre les accès, dépend du tems qu’employe le courant d’entretien à remplir la caverne jusqu’à la courbure du siphon, en fournissant outre cela à la dépense du canal en E. C’est donc l’excès du produit du courant d’entretien D sur la décharge continuelle du canal E, qui fournit au jeu du siphon & à l’accès des intercalaires. Les retours de l’accès dépendent donc de l’abondance de l’eau dans le courant d’entretien, de la hauteur de la courbure du siphon FC, & de la capacité de la caverne DEC. Ainsi la période des intercalaires ne doit pas être plus constante que celle des intermittentes, parce que la sécheresse ou les pluies peuvent y causer