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de supplément à Mercurialis ; on auroit tort de lui refuser des louanges du côté de l’érudition, ce n’est pas ce qui lui manque : mais le desordre qui regne dans son traité, est capable de pousser à bout la patience des lecteurs les plus studieux. L’ouvrage de M. Dufour, de même que celui de Mercurialis, sont insérés dans le trésor des antiq. greq. & rom. de Grævius & de Gronovius.

Falconerii (Octavii) notæ ad inscript. athleticas : ce savant antiquaire a recueilli avec tant de soin tous les monumens, les statues, & les inscriptions décernées aux athletes, que son livre ne laisse presque rien à desirer en ce genre ; on le trouve, aussi dans le trésor de Gronovius, tome VIII.

Van Dale a rassemblé plusieurs particularités très curieuses sur la gymnastique & les officiers des gymnases, dans ses dissert. antiq. marmor.

Meursius, dans son petit livre intitulé, de orchestrâ, sive de saltationibus veterum, a surpassé tous les autres sur l’orchestrique, par l’exactitude du détail.

Enfin M. Burette a publié sur la gymnastique dans le recueil de l’académie des Inscriptions, des mémoires également exacts, profonds, méthodiques, agréables, & en même tems si bien digérés, qu’ils peuvent tenir lieu de tous les écrivains qui l’ont précédé.

Cependant je ne prétens point assûrer que ce sujet ne fournît encore de quoi glaner amplement à des érudits & des antiquaires de profession, qui se dévoüeroient à de nouvelles recherches sur les variétés & les circonstances de tous les exercices gymnastiques, sur la maniere dont les anciens les ont successivement cultivés, & les divers usages qu’ils en ont fait, soit pour la religion soit pour la guerre, soit pour la santé soit pour le simple divertissement : cette riche mine n’est point épuisée, mais le goût de ces sortes d’études a passé de mode ; & c’est, je crois, pour long-tems. (D. J.)

Gymnastique athlétique, (Littérat. greq. & rom.) art ou science qui consistoit à instruire dans les exercices des jeux publics, certains sujets que leur inclination & les qualités avantageuses de leur corps, en rendoient capables.

L’on appelloit aussi la gymnastique athlétique du nom de gymnique, à cause de la nudité des athletes, & de celui d’agonistique, à cause des jeux ἀγῶνες, qui en étoient le principal objet. La vogue, la magnificence, & le retour fréquent de ces jeux établis dans les principales villes de la Grece, fut ce qui contribua le plus à mettre en crédit la gymnastique athlétique.

Platon se déclara le zélé défenseur de cette espece de gymnastique ; car après avoir marqué dans le huitieme livre des lois, de quelle importance il étoit pour la guerre, de cultiver la force & l’agilité du corps, soit pour esquiver ou atteindre l’ennemi, soit pour remporter l’avantage lorsqu’on étoit aux prises & que l’on combattoit corps à corps ; il ajoûte que dans une république bien policée on doit y proposer des prix pour tous les exercices qui servent à perfectionner l’art militaire, tels que sont ceux qui rendent le corps plus leger & plus propre à la course, & que l’on doit se contenter de donner l’exclusion à ceux de ces exercices qui sont absolument inutiles à la guerre.

Solon ne blâmoit pas la gymnastique athlétique en elle-même : il trouvoit seulement & avec raison, que l’entêtement général pour les athletes entraînoit après soi une dépense excessive ; que les victoires de ces gens-là devenoient à charge au public ; & que leurs couronnes étoient plus dommageables à la patrie, qu’affligeantes pour les antagonistes vaincus.

Euripide se déclara, je ne sai pourquoi, si peu favorable à la gymnastique athlétique, qu’il n’hésita pas

de heurter sur ce point, dans une de ses pieces satyriques, le goût dominant de toute la Grece : mais entre ceux qui ont décrié la gymnastique athlétique, il y en a peu qui l’ayent attaqué aussi vivement que Galien ; cependant toutes ses réflexions portent plus sur les défauts qui regnoient de son tems dans cet art, au sujet du régime & de la conduite des athletes, que sur l’art même, dont on tira de grands avantages avant qu’il eût dégénéré en extravagances & en folies. (D. J.)

Gymnastique médicinale, (Hist. de la Méd. antiq.) c’étoit cette partie de la gymnastique qui enseignoit la méthode de conserver & de rétablir la santé par le moyen de l’exercice.

Hérodicus de Lentini, autrefois Léontini, en Sicile, né quelque tems avant Hippocrate & son contemporain, est déclare par Platon pour être l’inventeur de la gymnastique médicinale, fille de la gymnastique militaire. Hérodicus étoit medecin, & de plus maître d’une académie où la jeunesse venoit s’exercer pour les jeux publics qu’on célebroit en divers lieux de la Grece avec tant de solennité. Voy. Gymniques (Jeux).

Hérodicus ayant remarqué que les jeunes gens qu’il avoit sous sa conduite, & qui apprenoient ces exercices, étoient pour l’ordinaire d’une très-forte santé, il imputa d’abord ce bonheur au continuel exercice qu’ils faisoient : ensuite il poussa plus loin cette premiere réflexion qui étoit fort naturelle, & se persuada qu’on pouvoit tirer beaucoup d’autres avantages de l’exercice, si on se proposoit uniquement pour but l’acquisition ou la conservation de la santé.

Sur ces principes, il laissa la gymnastique militaire & celle des athletes, pour ne s’attacher qu’à la gymnastique médicinale, & pour donner là-dessus les regles & les préceptes qu’il jugea nécessaires. Nous ne savons pas quelles étoient ces regles ; mais il y a de l’apparence qu’elles regardoient d’un côté les différentes sortes d’exercices que l’on pouvoit pratiquer pour la santé, & de l’autre les précautions dont il falloit user selon la différence des sexes, des tempéramens, des âges, des climats, des saisons, des maladies, &c. Herodicus régloit encore sans doute la maniere de se nourrir ou de faire abstinence, par rapport aux différens exercices que l’on feroit ; ensorte que sa gymnastique renfermoit la Diététique, cette partie de la Medecine auparavant inconnue, & qui fut depuis très-cultivée.

Hippocrate saisit des idées si sages, & ne manqua pas d’employer la gymnastique en diverses maladies. Tous les medecins qui lui succéderent goûterent tellement ce genre de medecine, qu’il n’y en eut point qui ne le regardât comme une partie essentielle de l’art : nous n’avons plus les écrits que Dioclès, Praxagore, Philotime, Erasistrate, Hérophile, Asclépiade, & plusieurs autres, avoient donnés sur cette matiere ; mais ce qui s’en trouve dans Galien & dans les auteurs qui citent ceux qu’on vient de nommer, suffit pour justifier en quelle estime étoit la gymnastique médicinale parmi les anciens.

Les Medecins n’étoient pas les seuls qui la recommandassent ; tout le monde en général se convainquit si fort de l’utilité qu’on en retiroit, qu’il y avoit une infinité de gens qui passoient une partie de leur vie dans les lieux d’exercices qu’on appelloit gymnases ; il est vrai néanmoins que ces lieux étoient autant destinés à la gymnastique athlétique qu’à la gymnastique médicinale. Voyez Gymnase.

Les exercices qu’on y faisoit, consistoient à se promener dans des allées couvertes & découvertes ; à joüer au palet, à la paume, au ballon ; à lancer le javelot, à tirer de l’arc, à lutter, à danser, à courir, à monter à cheval, &c.