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les plus subtils ? Musschenb. ess. de Physiq. §. 687. & suiv.

L’expérience fait voir que les fluides grossiers se resolvent en fluides fort subtils ; on en peut voir la preuve & le détail dans l’essai de Phys. de M. Mussch. §. 693. M. Homberg assûre que les métaux broyés pendant long-tems avec l’eau, se dissolvent en ce liquide. Les fluides se changent aussi en solides. Indépendamment de l’exemple de la glace, l’auteur déjà cité en rapporte plusieurs autres. Enfin les fluides, par la petitesse de leurs parties, pénetrent dans les corps les plus durs ; l’huile dans certaines pierres, le mercure dans les métaux, &c. Les fluides ont aussi différens degrés de viscosité & d’adhérence ; sur quoi voyez Cohésion, & les mém. de l’acad. des Sciences, 1731 & 1741.

On donne le nom de liquide à ce qui est effectivement fluide, mais qui prend une surface de niveau ; au lieu que les fluides ne prennent pas toûjours cette surface, comme cela se remarque à l’égard de la flamme & de la fumée. En ce sens on peut dire que la flamme est fluide sans être liquide ; & quand nous avons dit au mot Feu, qu’elle pouvoit ne pas être regardée comme fluide, nous prenions alors le mot fluide dans son acception vulgaire, c’est-à-dire dans un sens moins étendu que nous ne le prenons ici, & nous lui attachions la même idée que nous attachons ici au mot liquide.

On peut dire de même que l’air n’est pas liquide ; car la propriété naturelle & distinctive de l’air n’est pas de chercher à se mettre de niveau, mais de chercher à se dilater. Si les parties de l’air tendent à se mettre de niveau, c’est tout au plus à la surface supérieure de l’atmosphere, où elles sont dans le plus grand degré possible de dilatation ; mais dans cet état l’air est si raréfié, & ses parties si éloignées les unes des autres, qu’à peine a-t-il quelque existence.

Au reste, les seuls corps fluides qui ne soient pas liquides, sont le feu & l’air ; & comme nous en avons traité assez au long dans leurs articles, nous ne parlons ici que des fluides ordinaires, qui sont en même tems liquides. (O)

Fluidité, (Economie anim.) c’est la qualité par laquelle les globules, les particules qui entrent dans la composition des humeurs animales, ont si peu de force de cohésion entr’elles, qu’elles sont susceptibles d’être séparées les unes des autres sans aucune résistance sensible, & de céder à la force impulsive & systaltique qui les fait couler dans les différens vaisseaux ou conduits, & les distribue dans toutes les parties du corps vivant dans l’état de santé. Voyez dans l’article une digression sur les solides & les fluides, considérés en général & relativement au corps humain. Voy. aussi Humeur, Sang, &c. (d)

* FLUES, BRETTELLIERES, CANIERES, ANSIERES, CIBAUDIERES, termes de Pêche ; ce sont des especes de demi-folles. Voyez Folle.

Ce filet est un de ceux qui sont sédentaires, & qu’on retire au bout d’un certain tems par le moyen des cablots frappés contre les extrémités du filet, & soûtenus par des boüées.

* Flue a Macreuse ou Courtine, termes de Pêche, sorte de filet qui sert à prendre des oiseaux aquatiques qui viennent manger, de plaine mer, des coquillages sur les fonds. Ce filet est tendu sur des piquets, & soûtenu entre deux eaux par la marée. Les macreuses venant pour prendre des moules, des flions, &c. remontant ensuite, elles se trouvent prises par les mailles du filet : la même chose arrive encore quand elles descendent pour se saisir de leur proie. Les mailles de ce filet ont 2 pouces 9 lignes en quarré. Voyez nos Planches de Pêche.

Les Pêcheurs ont pour cette pêche en mer, deux flûtes du port d’environ deux tonneaux, montées de

six hommes. Les tissures de leurs filets ne sont composées que de 30 pieces qui ont chacune 50 brasses de longueur, ce qui ne donne à leur tissure entiere que 1500 brasses d’étendue. Ils pêchent depuis le mois de Septembre jusqu’en Avril. Leurs filets sont flottés, pierrés, comme les folles : ils ont ordinairement deux brasses de chûte ou de hauteur, la maille de trois pouces & demi à quatre pouces en quarré. Chaque bateau a 80 pieces.

FLUKEN, (Hist. nat.) nom que les mineurs du pays de Cornoüaisles donnent à une espece de terre grisâtre, dans laquelle se trouvent des petits cailloux ou pierres blanches : elle est dans le voisinage des filons ; & les petites pierres qu’on y rencontre paroissent avoir été détachées du filon, & roulées par le mouvement des eaux, attendu qu’elles sont arrondies. Il y a lieu de croire que ce sont des fragmens de quartz. Voyez le suppl. du dictionn. de Chambers.

* FLUONIE, (Mytholog.) déesse qui présidoit à l’écoulement des regles, & aux évacuations qui suivent l’accouchement. Il y en a qui la confondent avec Junon, & qui prétendent que c’est la même déesse sous deux noms différens.

FLUORS, (Hist. nat Minéral.) en latin fluores, pseudo-gemmæ, &c. Plusieurs naturalistes se servent de ce nom pour désigner des crystallisations ou pierres colorées ou transparentes, qui sont ou prismatiques, ou cubiques, ou pyramidales, &c. qui par-là ressemblent parfaitement à de vraies pierres prétieuses, dont elles ne different réellement que parce qu’elles n’ont point la même dureté. Il y a des fluors de différentes couleurs : en effet on en trouve de rouges, que l’on nomme faux-rubis, pseudo-rubinus ; de violets, qu’on nomme fausses-améthystes, pseudo-amethystus ; de jaunes, pseudo-topasius ; de verds, pseudo-smaragdus ; de bleus, pseudo-saphirus, &c. Wallerius, dans sa minéralogie, regarde les fluors comme des variétés du crystal de roche ; cependant il paroît que d’autres naturalistes ont étendu la même dénomination à des crystaux ou à des pierres colorées qui sont ou calcaires ou gypseuses, & qui par conséquent ne sont pas de la même nature que le crystal de roche. Il y a lieu de croire que c’est aux métaux mis en dissolution, & atténués par les exhalaisons minérales qui regnent dans le sein de la terre, que les fluors sont redevables de leurs couleurs. Ce qui confirme ce sentiment, c’est que c’est ordinairement dans le voisinage des filons métalliques qu’on les rencontre en plus grande quantité.

Il y a lieu de conjecturer que le nom de fluors que l’on donne à ces pierres, & celui de flusse par lequel on les désigne en allemand, leur vient de la propriété qu’elles ont souvent, de servir de fondans ou de flux aux mines que l’on exploite dans leur voisinage : alors on les regarde comme étant d’une grande utilité, en ce qu’elles contribuent à faciliter la fusion du minéral. Voyez Flux, Fondans, & Fusion. (—)

FLÛTE, s. f. (Littér.) L’invention de la flûte, que les Poëtes attribuent à Apollon, à Pallas, à Mercure, à Pan, fait assez voir que son usage est de la plus ancienne antiquité. Alexandre Polihystor assûre que Hyagnis fut le plus ancien joüeur de flûte, & qu’il fut succédé par Marsyas, & par Olympe premier du nom, lequel apprit aux Grecs l’art de toucher les instrumens à cordes. Selon Athénée, un certain Seiritès, Numide, inventa la flûte à une seule tige, Silene celle qui en a plusieurs, & Marsyas la flûte de roseau, qui s’unit avec la lyre.

Quoi qu’il en soit, la passion de la musique répandue par-tout, fut non-seulement cause qu’on goûta beaucoup le jeu de la flûte, mais de plus qu’on en multiplia singulierement la forme. Il y en avoit de courbes, de longues, de petites, de moyennes, de simples, de doubles, de gauches, de droites, d’éga-