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nomment ridiculement l’île des Fleurs. Long. 327d. lat. 39d 25′. (D. J.)

FLORITONNE, s. f. (Comm.) espece de laine d’Espagne. Les storitonnes de Ségovie sont les plus estimées ; celles d’Arragon & de Navarre passent pour plus communes.

FLORIDE, (Géog.) grand pays de l’Amérique septentrionale, renfermée entre le 25 & le 40d de latit. Nord, & entre le 270 & le 297 de longitude. Elle comprend la Loüisiane, la Floride espagnole, la nouvelle Géorgie, & une partie de la Caroline. Elle est bornée au couchant & au nord par une grande chaîne de montagnes qui la séparent du nouveau Mexique au couchant, & de la Nouvelle-France au nord : le golfe du Mexique la baigne au midi, & la mer du Mexique au levant. Le cap de la Floride est la pointe méridionale de la presqu’île de Tigeste, vis-à-vis de l’île Cuba, dont il est éloigné d’environ 30 lieues, & avec laquelle il forme l’entrée du golfe du Mexique, ou le canal de Bahama, fameux par tant de naufrages.

Jean Ponce de Léon découvrit la Floride la premiere fois l’an 1512 ; d’autres disent qu’elle fut premierement découverte en 1497 par Sébastien Cabok portugais, qu’Henri VII. roi d’Angleterre avoit envoyé chercher passage du côté de l’Oüest, pour naviger dans l’Orient ; mais Cabok se contenta d’avoir vû la terre, sans avoir été plus loin. Jean Ribaut est le premier françois qui se soit établi dans la Floride ; il y bâtit un petit fort en 1562. Les Espagnols ne s’y sont établis qu’après avoir eu bien du monde de tué par les sauvages : mais aujourd’hui même les François, & sur-tout les Anglois, y ont beaucoup plus de pays que les Espagnols ; les premiers y possedent la Loüisiane, & les seconds la Nouvelle-Géorgie, avec la partie méridionale de la Caroline.

La Floride comprend une si grande étendue de pays & de peuples sans nombre, qu’il n’est pas possible de rien dire de sa nature, de ses productions, de son climat, du caractere de ses habitans, qui convienne à tout ce qui porte ce nom. En général, les Floridiens ont la couleur olivâtre tirant sur le rouge, à cause d’une huile dont ils se frotent. Ils vont presque nuds, sont braves & assez bien faits : ils immolent au Soleil, leur grande divinité, les hommes qu’ils prennent en guerre, & les mangent ensuite. Leurs chefs nommés paraoustis, & leurs prêtres ou medecins, nommés jonas, semblables aux jongleurs du Canada, ont un grand pouvoir sur le peuple. Il y a dans ce pays-là toutes sortes d’animaux, d’oiseaux, & de simples, entr’autres quantité de sassafras & de phatziranda. Nous avons déjà une description des oiseaux & des principales plantes de la Caroline, avec leurs couleurs naturelles, donnée par M. Catesby. Mais quand aurons-nous une description fidele de la Floride ? c’est ce qu’il est difficile d’espérer ; & en attendant, nous ne pouvons nous confier à celles de Laët, de Corréal, de de Bry, de Calvet, de Lescarbot, ni même à celle du P. Charlevoix. (D. J.)

FLORIENS ou FLORINIENS, s. m. plur. (Hist. ecclés.) nom d’une secte d’hérétiques qui parurent dans le second siecle, & tirerent leur nom d’un prêtre de l’église romaine appellé Florien ou Florin, qui avoit été déposé avec Blastus, autre prêtre, à cause des erreurs qu’ils avoient tous deux enseignées : ce Florin avoit été disciple de S. Polycarpe ; mais s’étant écarté de la doctrine de son maître, il soûtenoit que Dieu étoit l’auteur du mal, ou plûtôt que les choses interdites par Dieu n’étoient point mauvaises en elles-mêmes, mais seulement à cause de sa défense. Il embrassa aussi quelques autres opinions erronées de Valentin & des Carpocratiens. Voyez Carpocratiens. Chambers. (G)

FLORILEGE, s. m. (Théolog.) est une espece de breviaire qu’Arcudius a composé & compilé pour la commodité des prêtres & des moines grecs, qui ne peuvent porter en voyage tous les volumes où les offices de leur église se trouvent dispersés.

Le florilege comprend les rubriques générales, le pseautier, & les cantiques de la version des Septante, l’horloge, l’office des féries, &c.

Florilege, (Littérat.) est le nom que les Latins ont donné à ce que les grecs appellent anthologie, c’est-à-dire un recueil de pieces choisies, contenant ce qu’il y a de plus beau & de plus fleuri dans chaque genre. Voyez Anthologie. Chambers.

FLORIPONDIO, (Botan. exot.) arbre commun dans le Chili. Le P. Feuillée, à qui seul nous en devons l’exacte description, le nomme en botaniste, stramonioides arboreum, oblongo & integro folio, fructu lævi : il en a donné la figure dans son hist. des plantes de l’Amérique méridion. Pl. XLVI.

C’est un arbre à plein vent, qui s’éleve à la hauteur de deux toises : la grosseur de son tronc est à-peu-près de six pouces ; il est droit, composé d’un corps blanchâtre, ayant à son centre une assez grosse moëlle. Ce tronc est terminé par plusieurs branches, qui forment toutes ensemble une belle tête sphérique ; elles sont chargées de feuilles qui naissent comme par bouquets ; les moyennes ont environ sept à huit pouces de longueur, sur trois à quatre pouces de largeur, portées à l’extrémité d’une queue qui est épaisse de deux lignes, & longue de deux pouces & demi. Ces feuilles sont traversées d’un bout à l’autre par une côte arrondie des deux côtés, laquelle donne plusieurs nervures qui s’étendent vers leur contour, se divisent, se subdivisent, & forment sur le plan des feuilles un agréable réseau : le dessus de leur plan est d’un verd foncé, parsemé d’un petit duvet blanchâtre ; & le dessous est d’un verd clair, parsemé d’un duvet semblable.

Des bases de la queue des feuilles sort un pédicule long d’environ deux pouces, gros d’une ligne & demi, rond, d’un beau verd, & chargé d’un duvet blanc ; ce pédicule porte à son extrémité un calice en gaine, ouvert dans le haut à un pouce & demi de sa longueur, par un angle fort aigu, & découpé à sa pointe en deux parties.

Du fond de cette gaine sort une fleur en tuyau, lequel est long de six pouces, & dont la partie extérieure s’évase & se découpe en cinq lobes blancs terminés en une pointe un peu recourbée en-dessous : de l’intérieur du tuyau partent cinq étamines blanches chargées de sommets de la même couleur, longs d’un demi-pouce, & épais d’une ligne.

Lorsque la fleur est passée, le pistil qui s’emboîte dans le trou qui est au bas de la fleur, devient un fruit rond, long de deux pouces & demi, & gros de plus de deux pouces, couvert d’une écorce d’un verd grisâtre qui couvre un corps composé de plusieurs graines renfermant une amande blanche. Ce fruit partagé dans le milieu, est divisé intérieurement en deux parties, dont chacune est subdivisée en six loges, par des cloisons qui donnent autant de placenta : ces placenta sont chargés de petites graines de figure irréguliere.

Nous n’avons en Europe aucun arbre supérieur en beauté au floripondio : lorsque ses fleurs sont épanoüies, leur odeur admirable embaume de toutes parts.

Les Chiliens se servent des fleurs de floripondio, pour avancer la suppuration des tumeurs ; elles sont en effet adoucissantes, émollientes, & résolutives. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FLOS MARTIS, voyez Fleur de Fer.

FLOSSADE, s. f. (Hist. nat.) voyez Raie.

FLOT, s. m. les FLOTS, (Mar.) se dit des eaux