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sans son bonnet sacerdotal, il pouvoit cependant le quitter dans sa maison pour sa commodité ; mais cette grace lui a été accordée depuis peu, dit Sabinus, par les pontifes qui l’ont encore dispensé de quelques autres cérémonies : 16°. il ne lui étoit pas permis de toucher de la farine levée : 17°. il ne pouvoit ôter sa tunique intérieure qu’en un lieu couvert, de peur qu’il ne parût nud sous le ciel, & comme sous les yeux de Jupiter : 18°. dans les festins, personne n’avoit séance au-dessus du flamine diale, hormis le roi sacrificateur : 19°. si sa femme venoit à mourir, il perdoit sa dignité de flamine : 20°. il ne pouvoit faire divorce avec sa femme ; il n’y avoit que la mort qui les séparât : 21°. il lui étoit défendu d’entrer dans un lieu où il y avoit un bucher destiné à brûler les morts : 22°. il lui étoit pareillement défendu de toucher au morts ; il pouvoit pourtant assister à un convoi.....

Voici les paroles du préteur, qui contiennent un édit perpétuel. « Je n’obligerai jamais le flamine diale à jurer dans ma jurisdiction ». Enfin le flamine diale avoit seul droit de porter l’albogalérus ou le bonnet blanc, terminé en pointe, soit parce que ce bonnet est le plus grand de tous, soit parce qu’il n’appartient qu’à ce prêtre d’immoler à Jupiter une victime blanche, dit Varron, liv. II. des choses divines. Dictionn. de Mythol. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Flamine, (la) s. f. (Littérat.) Les flamines ou flaminiques, en latin flamina, flaminicæ, étoient des prêtresses particulieres de quelque divinité, ou simplement les femmes des flamines ; car ce mot se trouve pris dans ces deux sens différens, sur d’anciens marbres cités par Gruter, pag. 303. n°. 3. & pag. 469. n°. 9.

Les flaminiques qui n’étoient pas prêtresses particulieres, avoient l’ornement de tête & le surnom de leur maris ; cependant la femme du flamine diale, ou du prêtre de Jupiter, étoit la flamine par excellence : elle s’habilloit de couleur de flamme, & portoit sur ses habits l’image de la foudre de même couleur, & dans sa coeffure un rameau de chêne verd ; mais lorsqu’elle alloit aux orgies, elle ne devoit point orner sa tête ni peigner ses cheveux. Il lui étoit défendu d’avoir des souliers de bête morte, qui n’eût pas été tuée : il ne lui étoit pas permis de monter des échelles plus hautes que de trois échelons. Le divorce lui étoit interdit, & son sacerdoce cessoit par la mort de son époux ; enfin elle étoit astreinte, dit Aulu-Gelle, aux mêmes observances que son mari. Voyez donc Flamine diale. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

FLAMMANT, s. m. phœnicopterus, (Hist. nat. Ornitholog.) Pl. X. fig. 1. Oiseau très-remarquable par la hauteur des jambes & la petitesse des piés & de la queue, & par la forme du bec qui est recourbé à-peu-près comme le manche d’une charrue, c’est pourquoi on l’a appellé becharu. Il a aux ailes des plumes rouges, dont la couleur est éclatante lorsqu’elles sont étendues au soleil, & que les rayons passent au-travers de la partie membraneuse & transparente, qui est au haut de l’œil où sont les plumes rouges ; c’est à cause de ce rouge couleur de feu, que l’on a donné à cet oiseau le nom de phœnicoptere, flambant, flammant & flaman. Celui dont la description a été rapportée par M. Perrault, dans les mémoires de l’académie royale des Sciences, avoit cinq piés & demi de long, depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité des piés ; la longueur du cou étoit d’un pié neuf pouces, & celle du bec de quatre pouces, sur un pouce & demi de largeur dans le milieu : cet oiseau avoit des plumes de trois couleurs ; celles de la tête, du cou, du ventre, des cuisses, & de la queue, étoient blanches ; il en avoit de noires à l’ex-

trémité des ailes ; celles du haut étoient mêlées de

blanc & de rouge clair, tirant sur le couleur de rose. Il avoit sur la tête & sur le cou des plumes courtes ; celles du ventre & des côtés étoient larges, dures, & longues de trois ou quatre pouces : il avoit la queue si courte, que les plumes des côtés du ventre étoient plus longues que celles de la queue. Le haut de la jambe étoit charnu, & garni de plumes seulement sur près du quart de la longueur de la jambe proprement dite ; tout le reste des jambes & des piés avoient une couleur rougeâtre, & étoient recouverts d’écailles en lames ; il y avoit des membranes entre les doigts qui étoient fort courts, & sur-tout celui de derriere, en comparaison de la hauteur de l’oiseau, le plus long des trois doigts de devant n’avoit pas cinq pouces ; les ongles étoient larges. Ce flammant avoit le bec gros, & d’une figure fort extraordinaire ; car les deux pieces étoient crochues, plus grosses dans le milieu que vers la base & l’extrémité, & courbée en dessous, de façon que cette courbure formoit un angle au lieu d’être arrondie ; le bec avoit une couleur rouge pâle, excepté à l’extrémité qui étoit noire ; il y avoit sur les bords de la piece du dessus, de petits crochets longs, menus & mobiles, & sur la piece de dessous, de petites hachures en-travers ; cette piece étoit aussi grosse que l’autre, sort épaisse, & creusée en gouttiere ; il y avoit une grosse langue dans cette gouttiere, qui n’étoit ouverte par-dessus que de trois lignes ; mais les rebords qui entouroient la langue, avoient chacun plus de six lignes de largeur ; les yeux étoient très-petits & très-rouges. Mémoires de l’académie royale des Sciences, tome III. part. III. Le flammant est un oiseau aquatique, qui vit de poisson : il en vient en hyver sur les côtes de Provence & de Languedoc : il y en a aussi en Amérique. Voyez Oiseau. (I)

FLAMME, s. f. (Physiq. & Chim.) on appelle ainsi ce corps subtil, leger, lumineux, & ardent, qu’on voit s’élever au-dessus de la surface des corps qui brûlent.

La flamme est la partie du feu la plus brillante & la plus subtile ; elle paroît n’être autre chose que les vapeurs ou les parties volatiles des matieres combustibles extrèmement raréfiées, & ensuite enflammées ou échauffées jusqu’à être ardentes : la matiere devient si legere par cette raréfaction, qu’elle s’éleve dans l’air avec beaucoup de vîtesse ; elle est rassemblée, pendant quelque tems, par la pression de l’atmosphere environnante ; l’air formant autour de la flamme une espece de voûte ou de calote sphérique, médiocrement résistante, empêche qu’elle ne s’étende & qu’elle ne se dissipe, sans s’opposer néanmoins à cette espece de raréfaction oscillante, qui est essentielle à la flamme. Cette propriété de l’air de l’atmosphere est unique à cet égard ; la flamme ne sauroit subsister dans un milieu plus dense, tout autre corps qui l’entoure la suffoque ; tous les corps pulvérulens, mous & liquides, & même les plus combustibles jettés en masse sur un corps enflammé, éteignent la flamme de la même maniere qu’un corps solide qui supprime l’abord libre de l’air. La flamme ne subsiste pas non plus dans un air rare, encore moins dans le vuide parfait.

Les mouffetes & toutes les vapeurs qui détruisent l’élasticité de l’air, éteignent aussi la flamme. Voyez Exhalaison.

Quant aux parties aqueuses & terreuses qui sont incombustibles de leur nature, elles se raréfient seulement & s’élevent dans l’air sans s’enflammer. Voy. Fumée & Suie.

La flamme est donc formée par les parties volatiles du corps brûlant, lorsqu’elles sont pénétrées d’une quantité de feu considérable ; elle ne differe de la fumée que par cette quantité de feu qu’elle contient :