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des fiefs les princes donnoient à leurs fideles ou sujets, de leurs terres fiscales ou patrimoniales à titre de bénéfice, pour en joüir seulement leur vie durant ; & comme ces terres n’étoient point entierement aliénées, elles étoient toûjours regardées comme étant du domaine du seigneur, c’est pourquoi elles retenoient le nom de fisc. Voyez le gloss. de Ducange, au mot fiscus. (A)

FISCAL, adj. m. (Jurisp.) se dit de ce qui appartient au fisc, soit du prince ou de quelque seigneur particulier.

On dit d’un juge qu’il est fiscal, lorsqu’il est trop porté pour l’intérêt du fisc.

On appelle avocat & procureur fiscal, l’avocat & le procureur d’office d’un seigneur justicier, parce qu’ils sont préposés pour soûtenir les droits de son fisc.

Les terres fiscales sont celles qui dépendent du fisc ou domaine du prince. Voyez ci-devant Fisc, Avocat fiscal & Procureur fiscal. (A)

FISCALIN, adj. m. (Jurisp.) fiscalinus seu fiscalis, se dit de ce qui appartient au fisc : on dit néanmoins plus communément fiscal.

Le terme de fiscalins étoit principalement employé pour exprimer ceux qui étoient chargés de l’exploitation du domaine du prince, & qui y étoient comme attachés. Ce terme étoit souvent synonyme de fermier ou receveur du fisc.

On appelloit aussi fiscalins les fiefs qui étoient du fisc du roi, ou de quelqu’autre seigneur.

On donnoit aussi anciennement le nom de fiscalins, seu tenentes, à ceux que l’on a depuis appellés vassaux. Voyez le gloss. saxon, qui est à la tête des lois d’Henri I. la loi salique, & celle des Lombards ; les capitulaires, Aymoin, & le gloss. de Ducange. (A)

FISMES, ad fines, (Géogr.) ancienne petite ville de France en Champagne, remarquable par deux conciles qui s’y sont tenus ; l’un en 881, & l’autre en 935. C’est la patrie de mademoiselle Adrienne le Couvreur, la Melpomene de nos jours, enterrée sur les bords de la Seine ; mais, dit M. de Voltaire dans sa piece sur la mort de cette célebre actrice,

. . . . . . .Ce triste tombeau
Honoré par nos chants, consacré par ses manes,
Est pour nous un temple nouveau.

Fismes est sur la Vesle, à 6 lieues de Reims, 28 N. E. de Paris. Long. 21. 25. lat. 49. 18. (D. J..)

FISOLERES, s. f. (Marine.) ce sont des bateaux dont on se sert à Venise, qui sont si legers qu’un homme les pourroit porter sur ses épaules. (Z)

FISSIMA ou FUSSINA, FUSSIMI & FUSSIGNI, (Géog.) ville du Japon, à 3 lieues de Méaco. Long. 152. 5. lat. 35. 45.

FISSURE, s. f. fissura, (Anat.) est dans son sens le plus usité, la division des visceres en lobes. (g)

Fissure, s. f. terme de Chirurgie, qui signifie la fracture longitudinale d’un os, ou la solution de continuité d’un os qui est seulement félé ou fendu.

M. Petit, dans son traité ces maladies des os, prouve par la raison & l’expérience, que les os des extrémités ne peuvent être fracturés en long, comme l’ont dit les anciens ; il n’admet cette espece de fracture que dans les plaies d’armes à feu, où l’on voit souvent qu’un os fracassé dans sa partie moyenne, est fendu jusque dans les articulations.

Les fractures en long des grands os des extrémités sont très-difficiles à connoître, parce qu’elles ne causent aucune difformité à la partie ; elles peuvent néanmoins produire des accidens, tels que la fievre, l’inflammation du périoste, des abcès qui peuvent être suivis de carie, &c. Les saignées, le régime, les cataplasmes émolliens-résolutifs, secondés de la bonne situation de la partie, sont les moyens qu’on peut mettre en usage pour prévenir ces accidens, ou les

combattre dans les commencemens. L’inutilité de ces secours doit faire recourir à l’amputation du membre : c’est un parti qu’il ne faut pas prendre legerement ; mais le malade peut aussi-bien être la victime du délai que de la précipitation. Voyez Amputation.

Les os du crane sont sujets à être fendus ou félés. Les fissures du crane sont de deux sortes ; celles qui sont apparentes, sont nommées par les-Grecs ῥῆξις, & par les Latins scissura. La fissure, qui est si petite qu’elle échappe à la vûe, les Grecs l’ont appellée τριχισμὸς, & les Latins rima capillaris, fente capillaire, comme qui diroit de la grosseur d’un cheveu.

Les fissures se font ordinairement à l’endroit où le coup a été donné, ou sur la partie opposée : celles-ci s’appellent contre-fissure ou contre-coup. Voy. Contre-coup & Contre-fissure.

Les personnes âgées, à raison de la sécheresse de leurs os, sont plus sujettes aux fissures que les jeunes gens.

Les fissures sont très-difficiles à appercevoir. Pour ne pas se tromper en prenant pour fissure une petite gouttiere creusée naturellement sur la surface de l’os, pour le passage de quelque vaisseau, on met de l’encre sur l’endroit qu’on pense fracturé : on le ratisse ensuite avec un instrument nommé rugine ; & si la marque noire subsiste après qu’on a raclé l’os, on est sûr que c’est une félure. On peut par le même procédé connoître si elle se borne à la table externe ; & de-là on tire des indications pour trépaner, ou pour s’abstenir de l’opération du trépan. Voyez Trépaner.

Les fissures du crane sont dangereuses, comme toutes les fractures du crane ; on pourroit même dire que, toutes choses égales d’ailleurs, une fissure est plus fâcheuse qu’une fracture ; 1°. parce qu’elle est plus difficile à connoître ; 2°. parce que la commotion est communément d’autant plus violente, que les os ont moins souffert de l’action percussive ; 3°. enfin parce que les matieres qui peuvent se former entre le crane & la dure-mere, ne peuvent pas se faire jour au-travers d’une fissure, pour indiquer, comme cela arrive dans les fractures apparentes, la nécessité de procurer par l’application du trépan, une issue plus libre aux matieres épanchées. Plusieurs malades ont été trépanés utilement, parce que ce suintement a précédé la manifestation des accidens consécutifs, qui arrivent quelquefois trop tard pour que le malade puisse être secouru efficacement. En général, on devroit regarder toutes les fractures du crane, non-seulement comme une cause qui peut donner lieu à l’opération du trépan, mais comme un signe qui indique actuellement cette opération, indépendamment de tout accident. Voyez un précis d’observations sur le trépan dans les cas douteux, par M. Quesnay, premier volume des mém. de l’acad. royale de Chirurgie. (Y)

FISTELLE, ou plûtôt TEFZA, (Géog.) ville d’Afrique au royaume de Maroc, sur la riviere de Darna : elle est à 27 lieues N. E. de Maroc, 50 S. O. de Fez. Long. 12. 40. lat. 32.

FISTULE, s. f. terme de Chirurgie, ulcere dont l’entrée est étroite & le fond ordinairement large, accompagné le plus souvent de duretés & de callosités.

Son nom vient de ce qu’il a une cavité longue & étroite comme une flûte, appellée en latin fistula.

Presque tous les auteurs admettent la callosité pour le caractere spécifique de l’ulcere fistuleux ; mais l’expérience montre qu’il y a des fistules sans callosité, & qu’il y en a beaucoup dont la callosité n’est qu’un accident consécutif, auquel on ne doit avoir aucun égard dans le traitement. Il y a en effet des fistules qu’on guérit parfaitement par la destruction des causes particulieres qui leur avoient donné nais-