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grosseur. Cest dans la filiere qu’on réduit le fil à telle grosseur qu’on veut, en le faisant passer à force par chacun de ces trous successivement.

Filiere, outil de Luthier, représentée dans nos Planch. & fig. de Lutherie, est une machine qui sert à mettre d’épaisseur les petites planches de hêtre ou tillieul ou d’ivoire, avec lesquelles on fait les filets qui entourent & bordent les tables des instrumens, comme violons, basses, violes, &c. auxquels ces filets servent d’ornemens.

Pour former les filets, on prend de petites planches d’un pouce environ de large, & d’une longueur à discrétion, que l’on refend comme du bois de placage, & dont on égalise l’épaisseur en les passant plusieurs fois dans la filiere.

La filiere est composée de deux parties : l’inférieure, que l’on appelle base, & que l’on assujettit dans un étau par la partie A, lorsque l’on veut s’en servir, à une mortoise qui reçoit un fer de guillaume de la forme de la lettre T, que l’on serre dans la mortoise par le moyen d’un coin de bois, ensorte que le tranchant du fer n’excede que très-peu la surface supérieure de la base, dans laquelle est encore pratiquée une ouverture latérale, qui est la lumiere de cet outil, & par laquelle s’échappent les copeaux ou raclures que le fer emporte, en agissant sur les petites planches. Les extrémités CD de la base sont, l’une fendue pour recevoir l’œil d’une vis CX, qui traverse la piece supérieure FG, que l’on appelle la tête de la filiere : l’autre extrémité de la base est traversée par une vis à laquelle cette partie sert d’écrou, & dans laquelle cette vis peut être fixée par la contre-vis, & qui traverse une des faces latérales.

La tête de la filiere G F est traversée en F par la vis CX sur laquelle passe un écrou à oreille ; cette vis & la vis HK, terminée en K par un rivet à tête ronde, servent à approcher ou à éloigner les deux parties de la filiere l’une de l’autre ; toutes ces pieces sont de cuivre.

La partie KN de la filiere, & qui fait face au fer de guillaume, est doublée inférieurement d’une plaque d’acier, sur & entre laquelle & le fer, passent les lames de bois que l’on veut égaliser, & que l’on égalise en effet avec cette machine en les y passant plusieurs fois successivement ; & en resserrant la filiere, on les réduit au degré d’épaisseur convenable, qui est d’environ une demi-ligne ; réduction à laquelle on ne sauroit parvenir en se servant seulement d’une varlope, vû que des planches aussi minces plieroient sur l’établi ; & d’ailleurs la patte de l’établi n’auroit pas de prise sur leur petite épaisseur : c’est sans doute ce qui a rendu cette machine nécessaire ; on pourroit en faire une beaucoup plus simple, mais moins commode, & qui suffiroit cependant pour plusieurs usages ; telle est celle représentée dans nos Planches, qui ne consiste qu’en une simple fourchette de bois, dans un des fourchons de laquelle on adapte un fer de varloppe que l’on assujettit avec un coin : l’autre fourchon est revétu intérieurement d’une plaque de fer, qui oppose plus de résistance que ne feroit le bois aux planchettes que l’on veut égaliser, & que l’on passe à differentes reprises entre le fer de varlope & la plaque, comme dans la filiere précédente.

Après que les petites planches de bois sont égalisées, on les refend à deux ou trois lignes de largeur, avec un trusquin ; & on s’en sert pour former les filets, ainsi que nous allons expliquer.

L’instrument auquel on veut adapter cet ornement étant presque entierement achevé, on prend le trace-filet, fig. 43 ou 48, n°. 1. (Voyez Trace-filet ou Tire-filet) qui n’est autre chose qu’un petit trusquin, dont on applique la joue b ou G fig. 48. contre la circonférence de la table de l’instrument :

on conduit ce trusquin, ensorte que le fer fourchu a ou ED trace sur la table deux lignes paralleles entrelles & au pour-tour de la table : cela fait, on évuide l’intervalle compris entre les deux traits paralleles avec de petits becs-d’âne & autres outils semblables aux pointes à graver des graveurs en bois :cette opération achevée, on reprend les petites regles de bois ou d’ivoire que l’on a passées à la filiere, on les colle sur le champ dans la rainure que l’on a pratiquée, en leur faisant suivre le contour de la table, à la forme de laquelle leur flexibilité fait qu’elles se prêtent aisément. On affleure ensuite ces reglettes à la table de l’instrument, & les filets sont achevés. (D)

Filiere, en termes d’Orfévrerie, est un morceau de fer d’un pié de long, de deux pouces de large, & de six à sept lignes d’épaisseur. Ce morceau est moitié fer & moitié acier, c’est-à-dire qu’il est composé de deux bandes de même longueur, largeur & épaisseur, que l’on soude ensemble l’une sur l’autre ; l’on y met du fer pour qu’elle soit moins sujette à se casser, parce qu’il faut que l’acier soit trempé dans toute sa force.

Les filieres sont de toutes les grandeurs que l’on a besoin ; elles sont percées de plusieurs rangs de trous plus larges d’un côté que de l’autre, pour donner une entrée plus libre. Le côté le plus large est dans le fer ; & le plus étroit, qui est celui qui travaille, est dans l’acier.

Les trous se suivent en diminuant graduellement, & sont numérotés sur la filiere en commençant par le plus grand, & finissant par le plus petit.

Lorsqu’il y a plusieurs rangs de trous dans une filiere, on observe de ne mettre point les grands au-dessous des grands, ce qui diminueroit trop la force de la filiere ; mais on les perce de maniere que les plus petits sont toûjours au-dessous ou au-dessus des plus grands.

Il y a des filieres rondes, demi-rondes, quarrées, plates-quarrées, étoilées, &c. selon la forme qu’on veut donner au fil en le tirant. Voyez les Planches.

On pourroit rendre la filiere beaucoup plus solide encore, en l’enfermant entre deux plaques de fer très-épaisses, auxquelles on pratiqueroit des ouvertures coniques, pour que le fil sortit sans résistance.

Filiere à vis, en terme d’Orfevre, est un morceau de fer revêtu d’acier, même quelquefois d’acier pur trempé, dans lequel sont pratiqués des trous ronds de diverses grandeurs, comme à une filiere ordinaire : ces trous sont dentelés en-dedans. Chacun de ces trous est garni d’un autre morceau d’acier rond aussi trempé, au bout duquel on a formé une vis en la faisant entrer un peu à force dans le trou qu’il garnit : ce morceau d’acier se nomme tarau. L’usage de cette filiere est de servir à faire les vis d’or ou d’argent dont on a besoin. Quand on a choisi la grosseur de la vis que l’on veut faire, on ôte du trou adopté le tarau ; on prépare la matiere, & on forme la vis dans le trou de la filiere ; ensuite on perce sur sa plaque d’or ou d’argent, un trou moins grand que le tarau d’acier qui étoit dans le trou où on a formé sa vis ; on élargit ensuite ce trou avec la pointe de ce tarau ; & par un mouvement orbiculaire on forme son écrou dans sa plaque : au moyen de cette opération, l’écrou & la vis se trouvent conformes l’un à l’autre. Voyez les figures.

Filiere, (Taillanderie.) est un outil qui sert aux Serruriers, Taillandiers, Horlogers, Orfevres, & à toutes sortes d’ouvriers qui sont obligés de faire des vis pour monter leurs ouvrages. Il y a des filieres de différentes façons, de doubles, de simples.

La filiere double est celle qui est composée des pieces suivantes, qu’on voit dans nos Planches de Taillanderie.

1°. 5, 6, 7, 8 & 9, est une filiere à charniere com-