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Cette distinction se trouve marquée dans le droit féodal des Saxons, cap. xxjx. §. 12. (A)

FIEFFAL, (Jurispr.) se dit en Normandie de ce qui appartient au seigneur féodal, comme jurisdiction fieffal, possession fieffal. Norm. chap. ij. & cjx. (A)

FIEFFE, (Jurispr.) en Normandie, signifie bail à rente. La premiere fieffe dont il est parlé en l’art. 31. c’est le titre primordial de la rente fief-ferme, que l’on écrit plus correctement fieffe-ferme. Il est aussi usité en Normandie pour exprimer un bail à rente, ou plûtôt l’héritage même, soit noble ou roturier, qui est donné à rente. On l’appelle fieffe-ferme, pour le distinguer de la ferme muable, qui n’est que pour un tems, au lieu que le bail à rente est à perpétuité. Il y avoit peu de différence entre fieffe-ferme & ce que l’on appelloit main-ferme. Voyez le glossaire de Lauriere, au mot fief-ferme, & Main-ferme. (A)

FIEFFÉ, (Jurisp.) se dit de ce qui est tenu en fief.

Il y a des officiers fieffés, dont il est parlé dans une ordonnance de Charles VI. de l’an 1382, dite des maillotins ; & au registre E. de la chambre des comptes, 64. v°. à la fin. Ces officiers sont le connétable, le chambrier, le pannetier, le bouteiller.

Il y a encore présentement quelques offices fieffés, notamment des offices d’huissier & de sergens fieffés, qui sont tenus en fief, ou qui dépendent de quelque fief.

Un homme fieffé ou fiefvé ou homme de fief, est un vassal qui tient en foi du seigneur dominant.

Les pairs fieffés sont les hommes de fiefs. Voyez la coûtume de Lorraine, tit. j. art. 5.

Tailleur fieffé, étoit un officier qui tenoit en fief le droit de tailler les monnoies. Voyez Lauriere, gloss. au mot fief.

Héritiers fieffés ou fiefvés, sont les vassaux propriétaires de fiefs dont ils ont été adhérités, c’est-à-dire saisis & vêtus par le seigneur féodal. Coût. de Hainaue, ch. lxxvij. ancienne coutume du Perche, ch. ij. art. 7. Celle de Saint-Paul sous Artois, article 73. parle des héritages fieffés ou fiefvés.

En Normandie, héritage fieffé signifie quelquefois un héritage donné à rente. Coût. de Normandie, art. 452. (A)

FIEL, s. m. (Vésicule du) Anatomie. La vésicule du fiel est une poche membraneuse, d’une figure approchante de celle d’une poire, ayant un fond & un cou, & même un conduit particulier. Le volume ordinaire de cette vésicule n’excede guere celui d’un petit œuf de poule.

Elle est située dans la partie concave du grand lobe du foie, dans un enfoncement, assez souvent en forme d’échancrure, qui se trouve à son bord antérieur à deux travers de doigt environ de la scissure ; elle déborde quelquefois le foie, mais sur-tout lorsque son volume ordinaire est augmenté par la bile retenue, ou par quelqu’autre cause.

La situation de la vésicule est telle que quand on est debout, elle est dans un plan un peu incliné de derriere en-devant ; & quand on est couché sur le dos, elle est presque toute renversée. Son fond est plus en-bas quand on est couché sur le côté droit, & il est obliquement en-haut quand on est couché sur le côté gauche. Ces situations varient encore, selon les différens degrés de ces attitudes ; c’est une remarque de M. Winslow. On observe que la vésicule du fiel ne se trouve attachée pour l’ordinaire au foie, que par le tiers de sa longueur & de sa circonférence. Cette vésicule touche à l’intestin colon, & lui communique la couleur de la liqueur qu’elle contient.

Le conduit qui est une continuation du cou de la vésicule, se nomme cystique. Voyez Cystique. Sa longueur est d’environ deux travers de doigt ; il

vient s’ouvrir conjointement avec le conduit hépatique, dans le canal commun nommé cholidoque. Voyez Cholidoque.

Ces deux conduits se rapprochent l’un de l’autre, & s’unissent même par le moyen de quelques fibres membraneuses ; ensorte qu’ils ne forment point un Y majuscule, comme quelques-uns se l’imaginent.

Le conduit de la vésicule n’est point dans une même ligne droite avec le cou ; car on remarque que dès son commencement il fait le coude avec le cou, par le moyen d’un petit ligament membraneux qui est attaché extérieurement à l’un & à l’autre. De l’union du conduit hépatique avec le cystique, il en résulte le troisieme canal appellé conduit commun ou cholidoque : celui-ci dont la longueur est d’environ quatre travers de doigt, vient gagner la partie postérieure du duodenum ; & après avoir percé obliquement ses différentes membranes, il s’ouvre dans sa cavité quatre travers de doigt environ au-dessus du pylore.

La vésicule du fiel est composée de plusieurs membranes ou tuniques, qui sont dans le même ordre que celles de l’estomac. La premiere ou la plus extérieure paroît une continuation de celle qui a recouvert toute la substance du foie. La seconde est musculeuse ; elle est faite de plusieurs fibres charnues, disposées en trois plans différens : de ces fibres les premieres sont longitudinales, les secondes obliques, & les troisiemes circulaires. Il se rencontre entre ces deux tuniques un tissu cellulaire, qui pénetre même l’intervalle des fibres charnues. La troisieme tunique est nerveuse, & la quatrieme veloutée.

Sur la surface externe de la tunique nerveuse, se voit un réseau merveilleux, formé par les vaisseaux sanguins, par les nerveux, & par les lymphatiques qui se distribuent à la vésicule. Les arteres & les veines sanguines sont nommées cystiques. Les arteres sont des ramifications de l’hépatique, & les veines vont se décharger dans la veine-porte. Les veines lymphatiques vont se rendre au reservoir du chyle. A l’égard des nerfs, ce sont des rameaux du plexus hépatique.

On découvre dans la surface interne de la vésicule du fiel, plusieurs petites fosses semblables à celles qui se trouvent dans les ruches des mouches à miel : ces fosses sont formées par autant de replis de la tunique veloutée. On y découvre aussi, suivant les observations de quelques anatomistes modernes, les embouchures de plusieurs conduits, qui au lieu de se rendre dans le conduit hépatique, se déchargent dans la cavité de la vésicule : on les nomme canaux hépaticystiques. Voyez Hépati-cystique.

Le cou de la vésicule du fiel & son conduit se trouvent aussi garnis en-dedans de plusieurs replis, formés par la membrane interne : ces plis font tous ensemble, suivant l’observation de M. Heister, une espece de rampe spirale en-dedans, & font paroître en-dehors, dans quelques sujets, un contour de vis, principalement quand le cou & le conduit sont remplis ou gonflés. Telle est la structure de la vésicule. Passons à ses usages.

Usages de la vésicule du fiel. La bile qui a été séparée dans le foie, est reprise par les pores biliaires, qui vont s’en décharger en partie dans le conduit hépatique, d’où elle coule continuellement dans le duodenum par l’entremise du canal cholidoque, & en partie dans la vésicule du fiel par les pores biliaires qui y répondent, & que l’on a nommés conduits hépati-cystiques ; mais elle ne sort de la vésicule par les conduits hépati-cystiques, que dans certains tems, & le plus ordinairement dans le tems de la digestion des alimens : car la bile étant alors comprimée par l’estomac, s’échappe par son conduit cystique dans le cholidoque, se mêle avec celle qui est apportée par le conduit hépatique, & ces deux biles