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les bois, les cuirs, les velours, &c. sont d’une bonne qualité.

Etoffé. Les Corroyeurs appellent un cuir lissé, bien étoffé de suif, de chair & de fleur, celui où le suif a été mis bien épais des deux côtés.

Etoffer, v. act. en terme de Sellier, signifie employer de bonne étoffe, & n’y épargner ni la qualité ni la quantité.

Etoffer la creme ; c’est, chez les Pâtissiers, une opération par laquelle ils éclaircissent la creme & la rendent moins ferme, en la remuant beaucoup avec la hache ou la spatule.

ETOILE, s. f. stella, en Astronomie, est un nom qu’on donne en général à tous les corps célestes. Voyez Ciel, Astre, &c.

On distingue les étoiles par les phénomenes de leur mouvement, en fixes & errantes.

Les étoiles errantes sont celles qui changent continuellement de place & de distance les unes par rapport aux autres : ce sont celles qu’on appelle proprement planetes. Voyez Planete. On peut mettre aussi dans la même classe les astres que nous appellons communément cometes. Voyez Comete.

Les étoiles fixes, qu’on appelle aussi simplement étoiles dans l’usage ordinaire, sont celles qui observent perpétuellement la même distance les unes par rapport aux autres. Voyez Fixe.

Les principaux points que les Astronomes examinent par rapport aux étoiles fixes, sont leur distance, leur grandeur, leur nature, leur nombre, & leur mouvement. Ces différens objets vont faire la matiere de cet article.

Distance des étoiles fixes. Les étoiles fixes sont des corps extrêmement éloignés de nous ; & si éloignés, que nous n’avons point de distance dans le système des planetes qui puisse leur être comparée.

En effet, les observations astronomiques nous apprennent que la Terre, cette masse qui nous paroît d’abord si énorme, ne seroit vûe cependant du soleil que comme un point imperceptible. Il faut donc que le Soleil soit prodigieusement éloigné de nous ; & néanmoins cette distance de la Terre au Soleil est très-petite en comparaison de celle des étoiles fixes.

Leur distance immense s’infere de ce qu’elles n’ont point de parallaxe sensible, c’est-à-dire de ce que le diametre de l’orbite de la Terre n’a point de proportion sensible avec leur distance ; mais qu’on les apperçoit de la même maniere dans tous les points de cette orbite : ensorte que quand même on regarderoit des étoiles fixes toute l’orbite que la Terre décrit chaque année, & dont le diametre est double de la distance du Soleil à la Terre, cette orbite ne paroîtroit que comme un point ; & l’angle qu’elle formeroit à l’étoile seroit si petit, qu’il n’est pas étonnant s’il a échappé jusqu’ici aux recherches des plus subtils astronomes. Supposant cet angle d’une demi-minute, ce qui est beaucoup plus grand que l’angle véritable, on trouveroit les étoiles plus loin de nous que le soleil 12000 fois, & au-delà.

M. Huyghens détermine la distance des étoiles par une autre méthode, c’est-à-dire en faisant l’ouverture d’un télescope si petite, que le Soleil vû à-travers, ne paroisse pas plus gros que Sirius. Dans cet état, il trouve que le diametre du Soleil est environ comme la 27664e partie de son diametre, quand il est vû à découvert. Si donc la distance du Soleil étoit 27664 fois aussi grande qu’elle l’est, on le verroit sous le même diametre que Sirius ; par conséquent si on suppose que Sirius est de même grandeur que le Soleil, on trouvera que la distance de Sirius à la Terre est à celle du Soleil, comme 27664 est à 1.

On dira peut-être que ces méthodes sont trop hypothétiques pour pouvoir en rien conclure ; mais du moins on peut démontrer que les étoiles sont incom-

parablement plus éloignées que Saturne, puisque Saturne a une parallaxe, & que les étoiles n’en ont point

du tout. Voyez Saturne & Parallaxe. De plus il suit de ce que nous venons de dire un peu plus haut, que la distance des étoiles est au moins 10000 fois plus grande que celle du soleil ; supposition qu’on peut regarder comme incontestable.

Cette distance immense des étoiles sert à expliquer dans le système du mouvement de la Terre autour du Soleil, pourquoi certaines étoiles ne paroissent pas plus grandes dans un tems de l’année que dans l’autre ; & pourquoi la distance apparente où elles sont les unes à l’égard des autres, ne sauroit varier sensiblement par rapport à nous : car il y a telle étoile dont la Terre s’approche effectivement dans l’espace de six mois, de tout le diametre de son orbite ; & par la même raison elle s’en éloigne d’autant pendant les six autres mois de l’année. Si nous ne pouvons donc reconnoître de changemens sensibles dans la situation apparente de ces étoiles, c’est une marque qu’elles sont à une distance immense de la Terre, & que c’est précisément de même que si nous ne changions point de lieu. Il en est à-peu-près ainsi, lorsque nous appercevons sur la Terre deux tours à peu de distance l’une de l’autre, mais éloignées de notre œil de plus de dix mille pas ; car si nous n’avançons que d’un seul pas, assûrément nous ne verrons pas pour cela les deux tours ni plus grandes, ni à une distance plus considérable l’une de l’autre : il faudroit, pour qu’il y eût un changement sensible, s’en approcher davantage. Ainsi, quoique la Terre soit un peu plus proche dans un tems de l’année de certaines étoiles, que six mois après ou six mois auparavant ; cependant comme ce n’est pas même d’une cinq millieme partie qu’elle en approche, il ne sauroit y avoir de changemens remarquables, soit dans la grandeur, soit dans distance apparente de ces étoiles.

Que l’on suppose présentement le Soleil à la même distance que l’étoile fixe la plus proche de la Terre, il est aisé de voir que l’angle sous lequel il nous paroîtroit, seroit au moins dix mille fois plus petit que celui sous lequel nous le voyons : or l’angle sous lequel nous voyons le Soleil, est d’environ 30 minutes ou un demi-degré. Il s’ensuit donc que si nous étions placés dans quelqu’étoile fixe, le Soleil ne nous y paroîtroit que sous un angle égal à la dix millieme partie de trente minutes, c’est-à-dire d’environ dix tierces.

On objectera peut-être que si la distance des étoiles fixes étoit aussi considérable que nous venons de la supposer, il faudroit nécessairement que les étoiles fussent beaucoup plus grandes que le Soleil ; bien plus, qu’il s’ensuivroit qu’elles seroient au moins aussi grandes que le diametre de l’orbe annuel de la Terre. C’est une objection que nous allons examiner dans l’article suivant, où nous parlerons de la grandeur des étoiles.

Grandeur & nombre des étoiles. La grandeur des étoiles fixes paroît être différente ; mais cette différence peut venir, au moins en partie, de la différence de leurs distances, & non d’aucune diversité qu’il y ait dans leurs grandeurs réelles.

C’est à cause de cette différence qu’on divise les étoiles en sept classes, ou en sept différentes grandeurs. Voyez Constellation.

Les étoiles de la premiere grandeur sont celles dont les diametres nous paroissent les plus grands : après celles-là sont celles de la seconde grandeur ; & ainsi de suite jusqu’à la sixieme, qui comprend les plus petites étoiles qu’on puisse appercevoir sans télescope. Toutes celles qui sont au-dessus, sont appellées étoiles télescopiques. La multitude de ces étoiles est considérable, & on en découvre de nouvelles à mesure