Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/685

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ractérise aucun genre ni aucune espece particuliere de tumeur, & que c’est simplement un nom de similitude, croyent trouver dans une épigramme de Martial, une preuve que la maladie vénérienne existoit dans l’ancienne Rome.

Cum dixi ficus, rides quasi barbara verba ;
Et dici ficos, Cæciliane, jubes.
Dicemus ficus quas scimus in arbore nasci ;
Dicemus ficos, Cæciliane, tuos.

Il y a apparence que ce Cæcilianus avoit le visage défiguré par de grosses verrues ; car il n’y auroit eu aucun lieu à la plaisanterie, si ces tubercules eussent été dans une partie cachée. (Y)

Fic, (Manége, Maréchall.) terme par lequel nous désignons certaines excroissances legeres, dûres, indolentes, dénuées de poils, qui naissent indistinctement sur les parties quelconques du corps de l’animal, & qui sont en tous points comparables à ces élévations cutanées, que nous nommons verrues ou porreaux dans l’homme. Leurs causes, leurs effets, leur forme & les remedes qu’elles exigent, sont précisement les mêmes. Elles doivent toûjours être envisagées comme le résultat de quelqu’obstacle qui, dans le lieu où elles se montrent, s’est opposé au cours du suc nourricier, soit que les tuyaux exigus qui charrient ce suc, ayent été obstrués, comprimés, ou ayent éprouvé d’autres atteintes, soit que ce suc lui-même ait péché par sa grossiereté & par sa viscosité. Ces sortes de fics n’ont rien de dangereux ; & d’ailleurs en supposant que relativement à la place qu’ils occupent, ils produisent quelqu’incommodité, ce qui peut arriver, eu égard aux parties exposées à des frotemens, ou eu égard à des parties de la sensibilité desquelles nous profitons, comme celle que nous appellons la barbe, il est très-facile de les détruire. Il est néanmoins très-important, pour se déterminer sur le choix des moyens que l’on doit employer à cet effet, d’examiner l’espece du fic. Ces excroissances varient quant à leur forme & quant à leur volume ; mais il ne s’agit ici que d’en considérer la figure. Les unes sont plus ou moins applaties, & leur base est très-large ; le siége de celles-ci est communément dans les lieux où le tissu de la peau est assez ferme pour les empêcher de s’élever considérablement. Les autres ont une tête ronde ou oblongue, & sont suspendues par une sorte de pédicule très-mince, attendu le petit nombre de fibres qui ont obéi & cédé à l’impulsion du suc dont quelques globules ont été contraints de s’arrêter. Il est rare que l’on soit obligé de recourir aux remedes internes, tels que les diaphorétiques, les fondans, &c. pour la guérison de ces sortes de tumeurs. Les fics, qui relativement au corps humain sont appellés verruæ pensiles, & qui dans l’animal sont de la même nature, peuvent être très-aisément emportés ou par la ligature, ou par le fer. Liez-les par leur base étroite avec un crin de cheval ou de la soie, serrez la ligature de tems en tems, vous intercepterez par cette voie toute communication ; & le fic ne recevant plus aucune nourriture, se desséchera & tombera infailliblement ; coupez encore avec des ciseaux très-près de la peau, & appliquez ensuite un caustique comme la pierre infernale, par exemple, dèslors non-seulement vous étancherez le sang, mais vous consumerez toutes les racines qui pourroient donner naissance à un autre tubercule. L’huile de tartre par défaillance, ou l’esprit de sel, conviendront parfaitement dans le cas où le fic sera considérablement applati ; on l’ouvrira d’abord par sa pointe avec un instrument tranchant, & on mettra précisément sur l’ouverture pratiquée, des gouttes de cette huile ou de cet esprit ; si l’effet n’en est pas aussi prompt ou aussi évident qu’on l’esperoit, substituez-y l’eau-forte ou l’huile de vitriol,

ou le beurre d’antimoine, observant soigneusement que ces médicamens ne s’étendent pas au-delà de la tumeur & sur les parties voisines, qu’ils ne pourroient qu’endommager. On peut employer avec plus d’avantage le cautere actuel. Prenez un fer dont la forme réponde au volume du fic ; faites-le chauffer de façon qu’étant appliqué sur ce même fic, il puisse le détruire & le consumer jusque dans ses plus profondes racines ; graissez ensuite la partie brûlée avec parties égales de miel commun & d’onguent d’althæa : cette maniere de pratiquer qui peut être mise en usage pour l’extirpation des tubercules à base large, qui n’avoisinent & qui ne sont situées sur aucune partie délicate du corps de l’animal, me semble préférable à toute autre, vû la promptitude & la certitude du succès qui l’accompagne. (e)

Fic, vulgairement appellé Crapaud, (Manége, Maréchall.) excroissance fongueuse qui naît ordinairement dans le corps spongieux d’où la fourchette tire sa forme & sa figure. Les chevaux épais, grossiers, chargés d’humeurs, dont les piés sont extremement caves, dont les talons sont amples & larges, sont plus sujets à cette maladie que tous les autres. Le caractere en est plus ou moins benin. Si elle n’a d’autre cause que l’épaississement de la lymphe arrêtée dans cette partie qui, par sa propre nature, est très-disposée à l’y retenir, & qu’elle ne soit point négligée ou irritée par des médicamens peu convenables, ses progrès n’auront rien de funeste ; mais si outre cet excès de consistence il y a une grande acrimonie dans la masse, les accidens se multiplieront bien-tôt. La tumeur, qui dans son principe n’occasionnoit pas la claudication, contraindra l’animal de boiter, vû les douleurs plus ou moins vives qu’il éprouvera ; au leger suintement que l’on appercevoit d’abord, succédera une supuration considérable ; l’inflammation augmentera sans cesse, le cheval souffrira toûjours de plus en plus : enfin le mal dégénérant en véritable ulcere chancreux que l’on reconnoîtra à la qualité de la matiere, qui dèslors sera ichoreuse, sanieuse & extrèmement fœtide, s’étendra promptement, si l’on n’en arrête le cours, jusqu’aux talons, à la sole, aux quartiers ou à la pince. L’engorgement de tous les vaisseaux du pié, causé par l’arrêt des sucs dans les tuyaux qui s’y distribuent, rendra cette partie difforme, évasée ; & toutes les portions tant aponévrotiques que ligamenteuses de cette extrémité, étant incessamment altérées & corrompues, l’animal sera absolument incapable de service.

On ne sauroit trop tôt entreprendre la cure de cette espece de fic.

Il est d’abord à propos de saigner une ou deux fois l’animal, selon les degrés divers de l’inflammation & de la douleur. On le tiendra à une diete atténuante & adoucissante ; on lui administrera des lavemens émolliens, qui seront suivis d’un ou deux breuvages purgatifs ; & on le mettra à l’usage des remedes propres à détruire la viscosité des humeurs & à accélerer la circulation, tels que les atténuans, les apéritifs, &c.

Quant à l’excroissance, on l’attaquera en l’emportant avec l’instrument tranchant, & en s’efforçant de consumer tout ce qui aura été soustrait à l’action de la feuille de sauge, avec laquelle l’incision doit être faite. Si le fic ne présage rien de fâcheux ; s’il n’est point trop étendu, trop enflammé ; s’il ne suinte que legerement, on pourra se dispenser de dessoler l’animal. On se contentera de parer le pié jusqu’au vif, on coupera ensuite la sole avec l’instrument dont j’ai parlé, en cernant profondement autour du fic ; après quoi on emportera la tumeur, on consumera exactement avec des cathérétiques appropriés toutes les racines par lesquelles elle semble at-