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chapeau Æ fait en écrou : c’est sur ce chapeau que porte la piece 6 dont on a parlé dans les Planches précédentes. L’assiette 9 du canon W se fixe au centre de la plate-forme par le moyen de trois vis, telles que 10 ; de sorte que quand on change de plate-forme de côté, il faut démonter cette piece pour la monter ensuite du côté que l’on veut opérer,

» Voici comme on employe les vis dans cette machine. La piece 11 est supposée un des côtés du tour, qui est traversé par la vis 12, qui sert à recevoir le pivot de l’arbre du pignon O. Cette vis traverse un tenon 13, placé dans une mortoise, pratiquée à la piece 11. Ce tenon porte une seconde vis 14, dans laquelle est enfilé le collet 15 ; & dessus ce collet est l’écrou 16, fait du même pas que la vis 14 ; de maniere qu’en serrant cet écrou, on fait monter la vis, qui tirant à soi le tenon, retient fortement la vis 12 contre les côtés de la piece 11 qu’elle traverse : on évite par-là le balotage des vis dans leurs écroux. La figure 115 est un des bassins qui reçoit la limaille, à mesure que l’on fend la roue.

» De cette construction il résulte plusieurs avantages. 1°. La maniere d’employer les vis pour éviter le jeu dans leurs écroux, si petit qu’il soit, est toûjours nuisible dans la denture.

» 2°. La maniere de diriger la fraise au centre est d’une utilité infinie, puisque par ce moyen on ne sauroit faire de denture qu’elle ne soit droite.

» 3°. La maniere d’assujettir la roue à fendre sur son centre, est très-bien employée ; les vis sur lesquelles est porté le coq, étant aussi bien retenues qu’elles le sont, ne sauroient faire ressort.

» 4°. L’alidade de la plate-forme, quoiqu’elle paroisse composée, doit être considérée comme une piece bien construite, ayant un ressort qui agit avec beaucoup de douceur ; ce qui donne le moyen de changer cette alidade plus facilement que d’autres, qui font leur ressort directement.

» La plus grande partie des perfections que l’on reconnoîtra dans la pratique de cette machine, lui ont été données par M. de la Fautriere, à qui elle appartenoit ».


De la machine à fendre toutes sortes de nombres.

Pierre Fardoil horloger à Paris, & très-bon machiniste, auquel nous sommes redevables de plusieurs outils composés, lesquels on peut voir dans le traité d’Horlogerie de M. Thiout, est l’auteur de l’ingénieuse machine à fendre toutes sortes de nombres ; elle peut s’adapter à une machine à fendre ordinaire dont toutes les pieces restent les mêmes, & servent également à fendre, à l’exception de l’alidade que l’on supprime, & du diviseur qui est denté comme une roue ; ce qui tient lieu des points de division.

Le diviseur est fendu à vis sans fin sur le nombre 420 (il a choisi ce nombre à cause des aliquotes qu’il contient). Dans les dents du diviseur engrene une vis sans fin simple, qui est attachée par des pieces quelconques sur le chassis de la machine à fendre ordinaire : ainsi en faisant faire un tour à la vis sans fin, la roue sera avancée d’une dent. Or si on fend à chaque tour de la vis sans fin une dent de la roue mise sur le tasseau, comme nous avons vû ci-devant, il est évident que l’on fera une roue qui aura 420 dents : mais si au lieu de faire faire un tour à la vis, on ne lui en fait faire que la moitié, & qu’on fende une dent, & ainsi de suite à chaque demi-révolution, la roue sera de 840 ; & si on ne fait tourner la vis que d’un quart de tour, & qu’à chaque quart qu’on fende une dent, la roue sera de 1680 : ainsi de suite, & le nombre deviendra d’autant plus grand, que la vis fera une plus petite partie de révolution. Si au contraire on fait faire deux tours à la

vis pour chaque dent que l’on fendra, on sera une roue de 210 dents ; si on fait faire quatre tours, la roue sera de 105, &c.

Tel est le principe de cette machine, de laquelle on peut se former une idée par ce que je viens de dire : mais pour voir mieux tout ce méchanisme, on peut recourir au traité de M. Thiout, page 46. où il est bien décrit. Cependant pour en donner ici une idée, je tâcherai de faire entendre les moyens dont s’est servi M. Fardoil pour fendre toutes sortes de nombres, ou, ce qui revient au même, pour regler les parties de révolution de la vis sans fin.

Le prolongement de la tige de la vis sans fin porte quarrément une assiette, sur laquelle est fixé un rochet fort nombré & à volonté. Sur la piece qui porte la vis sans fin, est placé un cliquet & un ressort qui agissent sur le rochet en question ; ce qui l’empêche de rétrograder, ainsi que la vis sans fin. Sur l’assiette qui porte ce rochet, est fixé un autre rochet (lequel se change suivant le nombre des roues), dont le nombre est relatif à celui de la roue que l’on veut fendre ; ce que l’on verra ci-après. Enfin sur le bout de cette même tige de vis sans fin, se meut une manivelle ; elle porte un ressort & un cliquet qui agissent sur le second rochet ; de sorte qu’en tournant la manivelle en arriere, la vis sans fin reste immobile : ce n’est qu’en tournant la manivelle à droite, que la vis sans fin se meut. C’est par ce mouvement de rétrogradation que l’on détermine la quantité dont on doit avancer la vis pour chaque dent de la roue à fendre, lequel est reglé par le nombre des dents du rochet : ce que l’on verra par l’exemple suivant. « Soit donné le nombre 249 qu’il faut fendre sur cette machine, dont le diviseur est fendu en 420 ; pour trouver le nombre de dents du rochet, il faut diviser 420 & 249 par trois, qui est le seul diviseur convenable aux deux nombres : les quotients seront 140 & 83. On prendra donc un rochet de 83 ; & à chaque dent qu’on voudra fendre, on fera avancer 140 dents de ce rochet, c’est-à-dire qu’on fera d’abord faire une révolution entiere qui est de 83 dents, & qu’on en fera encore passer 59 : ce qui fera les 140 dents. Ce qui se détermine de la façon suivante ».

A chaque tour de la manivelle elle rencontre une piece qui arrête son mouvement, de sorte qu’elle ne peut aller plus loin sans qu’on leve cette piece. On fait rétrograder la manivelle du nombre de dents du rochet, qu’il faut faire passer après avoir fait faire un tour. Dans l’exemple proposé, c’est 57 dents du rochet. Pour empêcher la manivelle de rétrograder plus que pour faire tourner 57 dents, elle porte un second bras que l’on fixe au point que l’on veut. Dans cet exemple, il faut qu’entre les deux bras de la manivelle il y ait un intervalle de 57 dents du rochet. Ce bras va appuyer contre cette même piece qui empêche d’avancer la manivelle, laquelle empêche aussi de rétrograder plus de 57 dents. On fait pour lors tourner la manivelle à droite, jusqu’à ce qu’elle rencontre la piece qui l’empêche de tourner. On fait faire un tour à la manivelle, & la fait rétrograder de la quantité susdite. On fend une seconde dent, & ainsi de suite jusqu’à ce que la roue soit fendue.

On trouvera avec le plan & la description de cette machine dans le traité de M. Thiout, une table des différens nombres que l’on peut y fendre, depuis 102 jusqu’à 800 ; les rochets différens dont on a besoin pour telles roues ; les nombres de tours ou parties de tours qu’il faut faire, &c.

Or comme il y a une difficulté considérable dans cette construction, qui est des différens rochets dont il faut se servir, il faut chercher à la supprimer ; car il n’y a pas moins de difficulté à fendre un rochet sur