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faites, il faut qu’elles soient fort plates, & bien brillantes : comme cela est assez difficile à exécuter, on a imaginé un instrument ou outil, pour les adoucir & les polir. Voyez l’article suivant Outil a faire des Faces ; voyez aussi Pignon, &c. (T)

Faces, (outil à faire des) Horlogerie ; c’est un instrument dont les Horlogers se servent pour polir les faces des pignons. La tige du pignon passe au-travers du trou qui est au milieu de la piece P, contre la face du pignon. On applique cette partie P enduite des matieres nécessaires pour la polir ou l’adoucir, & on la tient par la zone S. Il faut supposer qu’on fait tourner le pignon tout comme un foret ; & qu’on appuie l’outil contre sa face, de même qu’on appuie la piece à percer contre le foret. Cette piece P étant mobile sur les deux points t, t de la zone ou anneau z ; & cet anneau étant mobile de même sur les points o, o de la zone S, fixés à angles droits avec les premiers t, t, il s’ensuit que si la main vacille dans l’opération, la face du pignon ne s’en polira pas moins plate, ces différentes zones obéissant en tout sens à tous les mouvemens qu’on pourroit faire, & la plaque P frotant par-là toûjours également sur toutes les parties de la face P, tant près du centre que vers les extrémités. Voyez Faces de pignon. (T)

Face, Plate-face, (Luther.) c’est dans le fût d’orgue les parties KLMN, Planc. I. fig. 1. placées entre les tourelles. Ces plates-faces sont quelquefois bombées ou concaves, selon la volonté de celui qui donne le dessein de l’orgue. On doit faire ensorte que les plates-faces correspondantes soient semblables & symmétriques ; que les tuyaux dont elles sont remplies soient de même grandeur, & leurs bouches arrangées symmétriquement ; ensorte que si celles des tuyaux d’une plate-face vont en montant d’un sens, comme, par exemple, de la partie latérale de l’orgue vers le milieu, celles de l’autre plate-face aillent en montant de l’autre partie latérale vers le milieu, où elles se réuniroient si elles étoient prolongées ; ou bien elles font le chevron rompu, comme dans la fig. 1. auquel cas la plate face correspondante doit être semblable.

Face d’Outil, terme d’usage chez les Orfévres & autres Artistes. On appelle ainsi le biseau d’un échope formé sur la meule, & avec lequel on coupe. Faire ce biseau sur la meule ou la pierre à l’huile, s’appelle faire la face de l’outil.

FACETTE, s. f. (Géom.) est le diminutif de face. Il se dit des plans qui composent la surface d’un polyhedre, lorsque ces plans sont fort petits.

Les miroirs & verres qui multiplient les objets, sont taillées à facettes. Voyez Verre a Facettes ou Polyhedre. (O)

Facettes, en terme de Diamantaire, voyez Pans.

* FACHEUX, adj. (Gramm.) terme qui est du grand nombre de ceux par lesquels nous désignons ce qui nuit à notre bien-être : nous l’appliquons aux personnes & aux choses. Si l’on fait à un commerçant quelque banqueroute considérable au moment où il est pressé par des créanciers, la banqueroute est un évenement fâcheux ; la conjoncture où il se trouve est fâcheuse, ses créanciers sont des gens fâcheux. On voit par les fâcheux de Moliere, qu’un fâcheux est un importun qui survient dans un moment intéressant, occupé, où la présence même d’un ami est de trop, & où celle d’un indifférent embarrasse & peut donner de l’humeur, quand elle dure.

FACIALE, en Anatomie, nom de la principale artere de la face. Haller.

FACIENDAIRE, s. m. (Hist. ecclés.) nom qu’on donne dans quelques maisons religieuses, à celui qui est chargé des commissions de la maison.

FACILE, adj. (Littér. & Morale.) ne signifie pas seulement une chose aisément faite, mais encore qui

paroît l’être. Le pinceau du Correge est facile. Le style de Quinaut est beaucoup plus facile que celui de Despréaux, comme le style d’Ovide l’emporte en facilité sur celui de Perse. Cette facilité en Peinture, en Musique, en Éloquence, en Poésie, consiste dans un naturel heureux, qui n’admet aucun tour de recherche, & qui peut se passer de force & de profondeur. Ainsi les tableaux de Paul Veronese ont un air plus facile & moins fini que ceux de Michel-Ange. Les symphonies de Rameau sont supérieures à celles de Lulli, & semblent moins faciles. Bossuet est plus véritablement éloquent & plus facile que Flechier. Rousseau dans ses épîtres n’a pas à beaucoup près la facilité & la vérité de Despréaux. Le commentateur de Despréaux dit que ce poëte exact & laborieux avoit appris à l’illustre Racine à faire difficilement des vers ; & que ceux qui paroissent faciles, sont ceux qui ont été faits avec le plus de difficulté. Il est très-vrai qu’il en coûte souvent pour s’exprimer avec clarté : il est vrai qu’on peut arriver au naturel par des efforts ; mais il est vrai aussi qu’un heureux génie produit souvent des beautés faciles sans aucune peine, & que l’enthousiasme va plus loin que l’art. La plûpart des morceaux passionnés de nos bons poëtes, sont sortis achevés de leur plume, & paroissent d’autant plus faciles qu’ils ont en effet été composés sans travail : l’imagination alors conçoit & enfante aisément. Il n’en est pas ainsi dans les ouvrages didactiques : c’est-là qu’on a besoin d’art pour paroître facile. Il y a, par exemple, beaucoup moins de facilité que de profondeur dans l’admirable essai sur l’homme de Pope. On peut faire facilement de très-mauvais ouvrages qui n’auront rien de gêné, qui paroîtront faciles, & c’est le partage de ceux qui ont sans génie la malheureuse habitude de composer. C’est en ce sens qu’un personnage de l’ancienne comédie, qu’on nomme italienne, dit à un autre :

Tu fais de méchans vers admirablement bien.

Le terme de facile est une injure pour une femme : c’est quelquefois dans la société une loüange pour un homme : c’est souvent un défaut dans un homme d’état. Les mœurs d’Atticus étoient faciles, c’étoit le plus aimable des Romains. La facile Cléopatre se donna à Antoine aussi aisément qu’à César. Le facile Claude se laissa gouverner par Agrippine. Facile n’est-là, par rapport à Claude, qu’un adoucissement, le mot propre est foible. Un homme facile est en général un esprit qui se rend aisément à la raison, aux remontrances ; un cœur qui se laisse fléchir aux prieres : & foible est celui qui laisse prendre sur lui trop d’autorité. Article de M. de Voltaire.

FACILITÉ, s. f. terme de Peinture. Dans les Arts & dans les talens, la facilité est une suite des dispositions naturelles. Un homme né poëte répand dans ses ouvrages cette aisance qui caractérise le don que lui a fait la nature. Voyez Facile. L’artiste que le ciel a doüé du génie de la Peinture, imprime à ses couleurs la legereté d’un pinceau facile ; les traits qu’il forme sont animés & pleins de feu. Est-ce à la conformation & à la combinaison des organes que nous devons ces dispositions qui nous entraînent comme malgré nous, & qui nous font surmonter les difficultés des Arts ? Est-ce dans l’obscurité des causes physiques de nos sensations que nous devons rechercher les principes de cette facilité ? Quelle qu’en soit la source, qu’il seroit avantageux de l’avoir assez approfondie pour pouvoir diriger les hommes vers les talens qui leur conviennent, pour aider la nature, & pour faire de tant de dispositions souvent ignorées ou trop peu secondées, un usage avantageux au bien général de l’humanité ! Au reste la facilité seule, en découvrant des dispositions marquées pour un