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livre des decrétales, on a supposé que le quatrieme livre des extravagantes communes manquoit, de sorte qu’il n’y a que quatre livres qui sont intitulés premier, second, troisieme, & cinquieme.

Ces extravagantes n’ont par elles-mêmes en France aucune autorité, si ce n’est autant qu’elles se trouvent conformes aux ordonnances de nos rois & aux usages du royaume ; de sorte qu’elles sont rejettées toutes les fois qu’elles se trouvent contraires aux libertés de l’église gallicane, ou à notre droit françois. (A)

EXTRAVASATION, EXTRAVASION, s. f. (Medecine.) sont des termes synonymes en Medecine, qui signifient une effusion hors des vaisseaux, de quelque humeur que ce soit, dans le corps humain ; soit qu’elle se soit répandue dans le tissu des parties, comme le sang dans l’échymose ; ou dans quelque grande cavité, comme la sérosité dans l’hydropisie.

L’un & l’autre de ces mots sont formés du latin extra, dehors, & vasa, vaisseau ; ils ne different que par la terminaison, qui est arbitraire.

L’extravasation peut être causée par une replétion extraordinaire, ou une trop forte distension, qui dilate trop les orifices des vaisseaux, ou en déchire les parois. Voyez Pléthore.

L’excoriation & l’érosion des parties contenantes peut aussi donner lieu à l’épanchement des parties contenues. Voyez Acrimonie. Il peut aussi être une suite de la saignée, des contusions, lorsque le sang se répand entre chair & cuir. Voyez Echymose.

Les remedes propres à prévenir l’extravasation ou à la corriger, ne peuvent être déterminés que relativement aux différentes causes qui peuvent la produire, ou qui l’ont produite : tels sont la saignée, les évacuans contre la pléthore, les adoucissans contre l’acrimonie, les résolutifs contre la contusion, &c.

Lorsque l’extravasation est suivie d’un épanchement considérable d’humeurs dans quelque cavité, le remede le plus sûr est de se hâter d’en faire l’évacuation, par le moyen des opérations propres à cet effet ; telles que celle du trépan pour l’intérieur du crâne, l’empyeme pour l’intérieur de la poitrine, la paracenthese pour l’intérieur du bas-ventre, la ponction pour l’hydrocele, &c. Voyez Trepan, Empyeme, Paracenthese, Ponction, &c. (d)

EXTRÈME, (Géom.) Quand une ligne est divisée, de maniere que la ligne entiere est à l’une de ses parties, comme cette même partie est à l’autre, on dit en Géométrie que cette ligne est divisée en moyenne & extrème raison. Voici comme on trouve cette division : Soit la ligne donnée AB = a (Pl. géom. fig. 64. n. 1.) ; soit le grand segment x, le petit sera ax ; alors par l’hypothèse a : xx : ax. Donc aaax = xx, par conséquent aa = xx + ax ; & en ajoûtant de chaque côté, pour faire de un quarré parfait, l’équation sera .

Or, puisque la derniere quantité est exactement un quarré, sa racine  ; & par transposition on trouvera . Cela posé, sur AB=a, élevés à angles droits  ; ensuite tirez CA, dont le quarré est égal à . Donc  ; avec AC décrivez l’arc AD, vous aurez CA=CD ; ainsi . Portez donc BD sur la ligne AB, depuis B jusqu’en E ; & la ligne AB sera coupée en moyenne & extrème raison au point E.

Cela ne peut pas se faire exactement par les nombres ; mais si on veut avoir une approximation raisonnable, il faut ajoûter ensemble le quarré d’un

nombre quelconque, & le quarré de sa moitié, & extraire par approximation la racine quarrée de toute la somme ; d’où ôtant la moitié de la grandeur donnée, le reste sera le plus grand segment. Voyez Approximation, Extraction, & l’article Equation, &c. (E)

Extrèmes d’une proportion, sont le premier & le quatrieme terme. Voyez Proportion & Moyen.

EXTRÈME-ONCTION, s. f. (Théol.) sacrement de l’église catholique, institué pour le soulagement spirituel & corporel des malades, auxquels on le donne en leur faisant diverses onctions d’huile benite par l’évêque, qu’on accompagne de diverses prieres qui expriment le but & la fin de ces onctions. Sa matiere est l’huile, & sa forme la priere. Voyez Sacrement, Onction, Forme, Matiere, &c.

Les Protestans ont retranché l’extrème-onction du nombre des sacremens, contre le témoignage formel de l’Ecriture & la pratique constante de l’Eglise pendant seize siecles.

On l’appelle extrème-onction, parce que c’est la derniere des onctions que reçoit un chrétien, ou qu’on ne la donne qu’à ceux qui sont à l’extrémité, ou au moins dangereusement malades. Dans le treizieme siecle on la nommoit onction des malades, unctio infirmorum, & on la leur donnoit avant le viatique ; usage qui, selon le P. Mabillon, ne fut changé que dans le treizieme siecle, mais qu’on a pourtant conservé ou rétabli depuis dans quelques églises, comme dans celle de Paris.

Les raisons que ce savant bénédictin apporte de ce changement, c’est que dans ce tems-là il s’éleva plusieurs opinions erronées, qui furent condamnées dans quelques conciles d’Angleterre. On croyoit, par exemple, que ceux qui avoient une fois reçû ce sacrement, s’ils venoient à recouvrer la santé, ne devoient plus avoir de commerce avec leurs femmes, ni prendre de nourriture, ni marcher nuds piés : quoique toutes ces idées fussent fausses & très-mal fondées, on aima mieux, pour ne pas scandaliser les simples, attendre à l’extrémité pour conférer ce sacrement ; & cet usage a prévalu. On peut voir sur cette matiere les conciles de Worcester & d’Excester en 1287 ; celui de Winchester en 1308 ; & le P. Mabillon, act. SS. bened. sæc. iij. pag. 1.

La forme de l’extrème-onction étoit autrefois indicative & absolue ; comme il paroît par celle du rit ambrosien, citée par S. Thomas, S. Bonaventure, Richard de Saint-Victor, &c. Arcudius, liv. V. de extrem. unct. cap. v. en rapporte aussi de semblables, usitées chez les Grecs : cependant généralement chez ceux-ci elle a été déprécative, ou comme en forme de priere ; celle qu’on lit dans l’euchologe, pag. 417, commence par ces mots, Pater sancte, animarum & corporum medice, &c. Celle de l’église latine est aussi déprécative depuis plus de 600 ans : on trouve celle-ci dans un ancien rituel manuscrit de Jumiege, qui a au moins cette antiquité : Per istam unctionem & suam piissimam misericordiam indulgeat tibi Dominus quidquid peccasti per visum, &c. qu’on trouve dans tous les rituels faits depuis ; & ainsi des autres oraisons, relatives aux onctions qui se font sur les différentes parties du corps du malade.

Ce sacrement est en usage dans l’église greque & dans tout l’Orient, sous le nom de l’huile sainte. Les Orientaux l’administrent, avec quelques circonstances différentes de celles qu’employent les Latins ; car prenant littéralement ces paroles de l’apôtre S. Jacques dans son épître, ch. v. v. 4, Infirmatur quis in vobis ? Inducat presbyteros ecclesiæ, & orent super eum ungentes eum oleo in nomine Domini, &c. ils n’attendent pas que les malades soient à l’extrémité, ni même en danger ; mais ceux-ci vont eux-mêmes à l’église, où on leur administre ce sacrement toutes les fois