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ne du milieu, devroit le rencontrer au point K : ainsi il faudra que ce vaisseau A ménage sa voilure, & manœuvre de maniere qu’il n’aborde pas le vaisseau D, mais qu’il lui passe sous le vent à une distance raisonnable ; & le vaisseau D aura soin de serrer sa file pour éviter l’abordage, comme on a vû dans la figure neuvieme.

Ainsi l’escadre AB se trouvera placée en KM, & l’escadre DC en IL : dans tout ce tems-là le vaisseau F de la queue de la colonne du vent, a dû donner chasse à un point imaginaire pris environ à la distance de deux tiers de cable de l’avant du vaisseau C : ainsi le navire F arrivera en G aussi-tôt que le navire C arrivera en L. Tous les autres vaisseaux de la colonne FE doivent se régler sur le vaisseau F, gouverner au même rhumb, le tenir à la même distance, & toûjours en E. N. E. & O. S. O. comme on a vû fig. 11.

L’ordre d’une armée qui force un passage, fig. 15 & 16. Quelques-uns veulent qu’on mette l’armée qui passe un détroit, sur deux colonnes, les moindres vaisseaux de guerre à la tête & les plus gros à la queue, & que les brûlots & les bâtimens de charge soient entre les deux lignes.

Je trouve néanmoins quelque difficulté dans cet ordre, parce que si les deux colonnes sont fort éloignées, elles pourront être séparées par quelque accident, ou coupées. Si elles sont peu éloignées, elles seront doublées, c’est-à-dire que l’ennemi les attaquant de part & d’autre les mettra l’une & l’autre entre deux feux.

J’aimerois donc mieux ranger l’armée qui force un passage en ordre de retraite, en repliant un peu les aîles de part & d’autre pour leur donner moins d’étendue : de cette maniere, l’armée ne pourroit être attaquée de nulle part, sans y avoir de quoi se défendre.

Ordre de retraite, fig. 17 & 18. Quand une armée est obligée de faire retraite à la vûe de l’ennemi, on la range sur l’angle obtus BAC, comme on le voit dans la figure. Le général A est au milieu & au vent ; la partie AB de l’armée qui est à la gauche du général, est rangée sur la ligne du plus près stribord, & la partie AC sur la ligne du plus près bas-bord ; les brûlots & les bâtimens de charge sont au milieu.

Cette maniere de ranger l’armée dans la retraite me paroît très-bonne, comme le représente la figure 17, parce que les ennemis ne peuvent pas s’approcher des vaisseaux fuyards, sans se mettre sous le feu de ceux qui sont plus au vent.

Ainsi les vaisseaux ennemis D ne pourront pas s’approcher des vaisseaux E, sans se mettre sous le feu du général A & de ses matelots.

Si on appréhendoit que l’armée en cet ordre ne fût trop étendue, on pourroit un peu replier ses deux aîles, & lui donner la figure d’une demi-lune au milieu de laquelle un convoi pourroit être en sûreté.

L’ordre d’une armée qui garde un passage, fig. 19. Pour garder efficacement un passage, il faut avoir une armée qui soit presque double de celle qu’on veut empêcher de passer : alors on la divisera en deux parties, qui croiseront l’une d’un côté du passage & l’autre de l’autre. Ainsi pour garder le détroit AE par où on veut empêcher que l’armée CD ne passe ; on fera croiser l’escadre AB du côté A du détroit, & l’escadre EF de l’autre ; puis quand l’ennemi CD se présentera au passage, l’escadre EF qui se trouvera au vent, fondra vent arriere sur lui, tandis que l’escadre AB tiendra le vent pour le couper.

De cette maniere, il sera impossible à l’escadre CD d’échapper, quelque manœuvre qu’elle fasse.

Si on ne prend pas ces précautions, & que l’armée qui garde le passage se trouve être sous le vent, comme AB ; l’armée CD, en tenant un peu aussi le vent,

pourra ranger le côté E du détroit, & échapper.

Si l’armée qui garde le passage se trouve au vent, comme EF, l’armée CD larguera un peu plus, pour ranger le côté A du détroit ; & mille accidens assez ordinaires à la mer lui pourront donner lieu d’amuser l’ennemi, jusqu’à ce que la nuit survienne.

Du vent de nord-oüest, fig. 20. L’armée rangée sur six colonnes, faisant vent arriere, le cap au sud-est, les généraux EDF se tiendront les uns à l’égard des autres sur la perpendiculaire du vent, & en avant chacun des deux colonnes qui le suivent.

Pour mettre l’armée sur six colonnes vent arriere, le général E sera à la tête de ses deux colonnes, & un peu en-avant de ses deux matelots, qui formera le corps de bataille. Les deux autres commandans seront savoir l’avant-garde D à la droite du général, & en-avant de ses deux colonnes, & l’arriere-garde F à sa gauche, aussi à la tête de ses deux colonnes ; & tous les trois généraux se tiendront sur la perpendiculaire IL de la route qu’ils font. Il est important, dans cet ordre de marche, que le général E se trouve à la distance requise des deux autres commandans D & E, afin que tous les vaisseaux de l’armée puissent prendre leur poste sur la ligne IL, comme il est ici marqué par les lignes ponctuées : quand le général E aura le dernier vaisseau G de la colonne du dedans de l’arriere-garde, au troisieme air de vent de lui, il tiendra de même le vaisseau H au troisieme air de vent : l’intervalle des colonnes, par cette observation sera telle qu’il convient pour mettre les vaisseaux en ligne de combat, du côté qu’il plaira au général.

Cette évolution n’est point employée dans les signaux de M. de Tourville, quoiqu’elle le soit dans les ordres qu’il employe, & qu’elle paroisse fort bonne.

Du vent d’est, fig. 21. Mettre l’armée vent arriere sur six colonnes, en sorte que les deux commandans soient, à l’égard du général, sur les deux côtés du plus près ; savoir celui de la droite pour se mettre l’amure à stribord, le cap au nord-nord-est ; & celui de la gauche, l’amure à bas-bord, le cap au sud-sud-est.

Le général B qui est sous le vent, à la tête de ses deux colonnes, & en avant de ses deux matelots, formera le corps de bataille ; les deux autres commandans A & C seront, à son égard, sur les deux plus près du vent d’est, savoir celui de la droite au nord-nord-est, & celui de la gauche, au sud sud-est : de cette maniere, l’armée sera parée pour être en bataille du côté qu’on voudra, mais plus promptement que dans la figure précédente ; parce que les trois généraux mettant en panne, ou faisant petite voile, tous les vaisseaux de leurs escadres viendront occuper leur poste dans les intervalles marqués sur les lignes BA & BC, qui se trouveront, par cette situation, dans l’ordre de marche le plus avantageux pour se mettre en bataille lorsqu’on est vent arriere.

Les distances qui doivent se trouver entre les colonnes seront proportionnées à leur longueur ; si le navire D de la colonne de dedans de l’avant-garde se met au nord-est du général B, ou au quatrieme air de vent de lui, ainsi que le marque la ligne rouge, il faudra que le navire E de la colonne du dedans de l’arriere-garde observe la même chose à l’égard du général B, se tenant au sud-est de lui.

Cette évolution n’est point employée dans les signaux de M. de Tourville, quoiqu’elle soit dans les ordres qu’il employe, & qu’elle paroisse fort bonne. Cet article est tiré d’un Manuscrit qui m’a été communiqué par une personne bien intentionnée pour la perfection de cet Ouvrage, & qui avoit été long-tems à portée d’acquérir des connoissances sûres de tout ce qui concerne la Marine.

EVONIMOIDE, s. m. (Botan.) arbrisseau très flexible du Canada, & très-commun aux environs