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& l’autre son travers. Mais pour tirer plus d’utilité de ce quarré, il faut le partager en seize rhumbs.

Dans cette figure quatrieme on suppose le vent au nord soufflant du point N, lorsque le vaisseau I court au plus près sur la ligne IE, l’amure à basbord, l’angle NIE faisant un angle de six rhumbs de vent ; lorsqu’il aura reviré, il courra sur la diagonale BD, l’angle NID étant égal à l’angle NIE, & par conséquent de six rhumbs ; & l’autre diagonale AC sera par son travers.

Ce quarré bien compris sera d’un grand usage pour tenir facilement son poste dans une armée, & il sera fort aisé à l’officier qui se promene sur le pont, de voir d’un coup-d’œil s’il y est. J’en montrerai l’utilité dans tous les différens mouvemens où l’on pourra le mettre en pratique.

Ce quarré peut être encore fort utile, sans avoir besoin de compas, dans la proposition précédente, démontrée dans la deuxieme figure ; le vent vient du point N, & le lit du vent est la ligne NM. Le navire I court au plus près l’amure à bas-bord, faisant la route IE ; le navire K court au plus près l’amure à stribord, faisant la route KE, parallele à la diagonale BD. Selon ce qui a été dit plus haut, tirez sur votre quarré la perpendiculaire au lit du vent, qui sera la ligne KL ; ce qui sera facile, en faisant l’angle EIK de deux rhumbs de vent, ou de vingt-deux degrés trente minutes supplément de six rhumbs, ou de soixante-sept degrés trente minutes valeur de l’angle NIE ; si les deux navires I & K faisant route, restent toûjours dans la même perpendiculaire au lit du vent IK, ou dans la même parallele à cette ligne, ils se rencontreront au point E, & s’aborderont.

Ordre de marche au plus près du vent sur une ligne. Pour faire marcher l’armée au plus prés du vent sur une ligne, un pavillon rayé blanc & rouge au bout de la vergue d’artimon, figure 5. L’armée faisant route au plus près du vent, le général marche le premier à la tête de toute la ligne, tous les vaisseaux marcheront sur une même ligne dans les eaux du général, en faisant le même air de vent ; ils se serreront jusqu’à deux tiers de cable si le tems le permet, pour connoître avec le quarré de la quatrieme figure, si l’on est exactement dans les eaux du général sur lequel on doit se regler.

Il faut le tenir précisément par la ligne IE, & vous n’en sortirez pas en tenant le même air de vent que lui.

Maniere de revirer par la contre-marche dans l’ordre de marche au plus près du vent sur une ligne, fig. 6. Le général dans l’ordre de marche étant à la tête de la ligne, les navires qui le suivent le voyant revirer, vont tous revirer dans ses eaux les uns après les autres ; on ne fait aucun signal pour ce mouvement : on doit observer exactement de passer toûjours sous le vent d’un navire que l’on suit qui aura reviré, & de bien regler sa bordée avant que de donner vent devant ; ensorte qu’elle ne soit ni trop longue, ni trop courte, afin que les distances soient toûjours bien observées. Chacun se trouvera après avoir reviré plûtôt sous le vent du vaisseau qui aura reviré avant lui, qu’au vent, étant le seul moyen pour bien serrer la ligne & garder l’ordre de marche. Pour cet effet il faut donner vent devant aussi-tôt que vous couvrez le bossoir de dessous le vent du vaisseau qui aura reviré avant vous, au cas qu’il soit dans son poste ; car s’il n’y étoit pas, il ne faut pas vous regler sur lui, mais à son chef de division dans les eaux de qui il faut revirer ; ce que l’on connoîtra facilement par la ligne IE du quarré.

Dans l’ordre de marche au plus près du vent sur une ligne, fig. 7. Lorsqu’on revire tous en même tems,

& que l’arriere-garde devient avant-garde, maniere de se mettre en ligne au plus près du vent.

Pour avertir tous les vaisseaux de revirer en même tems sans faire la contre-marche ; un pavillon de Malte au bâton du pavillon du petit mât de hune.

Pour faire donner vent devant à tous les vaisseaux en même tems, un pavillon bleu au même endroit, & ôter le pavillon de Malte.

L’armée qui couroit d’un vent de nord à l’Est-nord-est, l’amure à bas-bord sur la ligne BA, vient de revirer pour courir à l’O. N. O. l’amure à stribord, l’arriere-garde devant faire l’avant-garde, & chaque vaisseau met le cap à la route qu’il doit faire pour aller prendre son poste dans la ligne CD.

Pour exécuter ce mouvement avec quelque ordre, il faut que le vaisseau B9 serve de regle à toute l’armée ; que chaque navire, le général excepté, aille se mettre dans ses eaux ; & qu’y étant arrivé, il coure au plus près comme lui. Ledit navire 9 qui étoit le dernier de la ligne AB doit, dès qu’il a reviré, s’aller mettre à la tête de la ligne CD, & prendre son poste, qui est supposé au point 9, de l’arriere du commandant ; lorsqu’il y est arrivé, il est de la prudence du capitaine qui le commande, de carguer de voiles, ou de mettre en panne, lorsqu’il croit avoir laissé l’espace que doivent occuper les autres vaisseaux de l’arriere-garde, lequel espace doit être pris depuis le point B9 où il a reviré.

On voit en jettant les yeux sur la figure, que chaque navire de la ligne BA, numérotée depuis 1 jusqu’à 9, doit s’aller placer dans la ligne CD, à son même numéro, en suivant les lignes ponctuées qui marquent la route que chacun doit tenir.

Ils doivent sur-tout avoir la précaution de ménager leur voilure, ensorte que chaque navire passe toûjours de l’arriere de celui qui doit être devant lui dans la ligne CD, & le tienne à une distance raisonnable, afin de ne le point couper & d’éviter les abordages, qui sont plus à craindre pour les vaisseaux de cette nouvelle avant-garde, que pour ceux du corps de bataille & de l’arriere-garde, ceux-ci devant seulement observer de mettre plus de voile, comme ayant plus de chemin à faire pour prendre leur poste. Vous voyez, par exemple, que le commandant 1 qui doit parcourir la ligne AC, pour se mettre à la tête de CD, a la plus longue course à faire, & par conséquent le plus de voile à mettre, & après lui les vaisseaux 2, 3, &c.

Ainsi le plus ou le moins de chemin doit décider de la voilure qu’on doit faire.

Dans l’ordre de marche au plus près du vent sur une ligne pour revirer vent arriere, & prendre lof pour lof, un pavillon rouge au bout de la vergue d’artimon, & un pavillon blanc sous les barres du perroquet d’artimon.

Si ayant reviré & pris lof pour lof, on veut mettre l’armée en ligne au plus près du vent, & que l’avant-garde fasse l’arriere-garde, un pavillon rayé blanc & rouge au bout de la vergue d’artimon, en ôtant les autres pavillons.

Ce mouvement se fait de la même maniere que le précédent ; il n’y a que la différence de revirer vent arriere, au lieu de le faire vent devant : ce qui met l’armée plus sous le vent. Du reste chaque vaisseau va prendre son poste dans la ligne CD, en observant les mêmes circonstances ci-dessus détaillées.

Si le général, après avoir fait revirer en même tems tous les vaisseaux de la ligne AB, fig. 8. remet le pavillon de Malte à la place du pavillon bleu, il faut que toute l’armée fasse l’O. N. O. & coure au plus près stribord dans l’ordre où elle se trouve, & que tous les navires se tiennent les uns à l’égard des autres, par le même air de vent où ils étoient avant qu’ils eussent-reviré ; c’est-à-dire que faisant l’E. N.