Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On disoit, en faisant front en queue, parce que la file, pour se remettre, tournoit insensiblement le front vers la queue pour l’aller regagner & passer derriere.

La caracole se faisoit aussi par quart de rang ; alors chaque quart alloit passer successivement devant l’escadron ennemi, en faisant des décharges de mousqueton ou de pistolet, & il alloit ensuite se reformer ou reprendre sa premiere place par le derriere ou la queue de l’escadron.

Ce détail sur ce qui regarde la caracole, peut servir de supplément à ce qu’on en a dit au mot Caracole, où l’on en a parlé un peu trop brièvement.

De la demi-conversion sur le centre.

Nous avons déjà observé que le demi-tour à droite ou à gauche avoit l’inconvénient de faire du premier rang de l’escadron le dernier, & du dernier le premier ; que la demi-conversion n’avoit pas ce même défaut, mais qu’elle exigeoit de grands intervalles à droite & à gauche de l’escadron, & qu’elle en changeoit le terrein.

On peut remédier à ces deux inconvéniens, en faisant tourner l’escadron sur son centre de la même maniere qu’on fait tourner le bataillon dans l’infanterie.

Pour cet effet, l’escadron étant divisé en deux parties, si l’on veut que la demi-conversion se fasse de gauche à droite, la partie de la gauche ne bougera point, & l’on fera faire le demi-tour à droite à l’autre partie, par divisions de quatre, cinq ou six hommes de front. Alors les deux moitiés de l’escadron se trouveront distantes l’une de l’autre à-peu-près de l’intervalle d’une des divisions de celle qui a fait le demi-tour à droite. On fait ensuite ce commandement : À droite sur le centre faites un quart de conversion.

Le cavalier qui est à la droite du premier rang de la partie de la gauche qui n’a pas bougé, sert de pivot au mouvement de cette partie qui fait le quart de conversion à l’ordinaire. L’autre tourne en même tems du même sens & sur le même pivot, mais en conservant toûjours le même intervalle qui l’en sépare.

Lorsque la premiere partie a fait son quart de conversion, la seconde a fait le sien également ; elle fait face au côté opposé à celui de la premiere, & elle en est éloignée de l’intervalle du front d’une des divisions avec lesquelles elle a d’abord fait le demi-tour à droite.

Pour faire face du même côté que la premiere moitié de l’escadron, elle fait encore le demi-tour à droite par les mêmes divisions de son front. Lorsque ce mouvement est exécuté, l’intervalle qui la séparoit de la premiere partie de l’escadron, se trouve rempli, & toute la troupe fait face du même côté, qui dans cet exemple est le côté droit.

Il est évident que ce mouvement peut s’exécuter de la même maniere tant à gauche qu’à droite.

Pour rendre ce mouvement plus aisé à concevoir, nous nous servirons de la figure 70, tirée de l’art de la guerre de M. le maréchal de Puységur, tome I. page 274.

Elle représente un escadron de cinquante-six hommes de front, composé de quatre compagnies de quarante-deux cavaliers chacune.

Les deux compagnies de la droite ont fait à-droite par demi-compagnie, c’est-à-dire par des divisions de sept cavaliers : ce qui les a éloignés des deux autres de l’intervalle ABFH, égal à-peu-près au front de sept cavaliers.

Les lignes ponctuées KM & IN, représentent le terrein que l’escadron occupera, après avoir fait le quart de conversion sur le centre ou le pivot A.

La moitié de l’escadron à gauche viendra se placer

par son mouvement autour de A, en AILK. Les cavaliers O & P décriront, pour cet effet, les quarts de cercle OK & PL.

La moitié de l’escadron à droite, tournant en même tems sur le point A, le cavalier B se trouvera en C, lorsque le quart de cercle sera décrit ; le cavalier D en E, & celui qui est en H en G. A l’égard des cavaliers R & S, ils seront en M & N, & ils auront décrit les arcs RM & SN.

Ainsi après le quart de conversion achevé, la moitié de l’escadron à droite occupera l’espace CGNM ; elle sera séparée de la gauche par les lignes AI & CG, & elle fera face à la gauche de l’escadron.

Pour lui faire faire face à droite, comme le fait la moitié qui est à la gauche, on lui fera exécuter le demi-tour à droite par les mêmes divisions avec lesquelles elle a d’abord fait ce même mouvement, c’est-à-dire par demi-compagnie ou par divisions de sept cavaliers de front. Alors la premiere division, dont le pivot est en C, occupera l’espace ou l’intervalle AC, & l’escadron sera ainsi formé sur le flanc droit, sans intervalle au centre.

Si l’on veut que l’escadron fasse tête à la queue, il est clair qu’au lieu du quart de conversion, il faut lui faire exécuter le demi-tour entier tout de suite ; après quoi les deux compagnies qui ont fait d’abord à droite par divisions de demi-compagnie, n’ont qu’à faire encore une fois ce même mouvement, pour faire face du même côté que les deux autres, & pour se rejoindre avec elles sans intervalle.

Par ce mouvement on fait tourner l’escadron, sans qu’il change de terrein, & l’on conserve toûjours le premier rang à la tête. Comme le rayon du cercle n’est alors que la moitié du front de l’escadron, les quarts de cercle que décrivent les cavaliers ne sont que la moitié de ceux qu’ils décriroient, si l’on prenoit pour rayon le front entier. C’est pourquoi le quart de conversion & la demi-conversion sur le centre s’exécutent dans un tems une fois plus court, que quand le pivot est à l’un des angles de l’escadron.

Maniere de faire marcher & défiler l’escadron par différentes divisions, & de le reformer. Les différentes divisions en usage dans l’infanterie pour mouvoir ou faire marcher le bataillon, comme les manches, demi-manches, pelotons ou sections, &c. ne sont point connues dans la cavalerie. On se sert de divisions plus naturelles, & ce sont celles des quatre compagnies dont l’escadron est ordinairement composé.

Comme il est difficile de trouver des terreins ou des chemins assez larges pour que l’escadron puisse marcher en bataille, c’est-à-dire les quatre compagnies rangées à côté les unes des autres sur la même ligne droite, on est obligé de le rompre en différentes parties, qui sont, lorsqu’on le peut, les quatre compagnies dont il est formé. On ne défile sur un front plus petit que celui d’une compagnie, que lorsque les lieux où l’escadron doit passer, ne permettent pas de faire autrement.

La premiere regle pour faire mouvoir ou marcher une troupe de cavalerie, est, dit l’ordonnance du 22 Juin 1755, de s’éloigner le moins qu’il est possible de l’ordre de bataille, & de préférer les manœuvres par lesquelles on peut se reformer le plus promptement & avec moins de chemin.

Supposons un escadron de cent vingt hommes, ou de quatre compagnies de trente cavaliers chacune, rangés sur trois rangs ; il aura quarante hommes de front, & chaque compagnie en aura dix.

Comme le cavalier occupe trois piés dans le rang, le front de cet escadron sera de vingt toises : en les rompant par compagnies, & les mettant à la suite les unes des autres, elles formeront ensemble douze rangs de dix hommes chacun.

Les rangs aussi serrés qu’il est possible pour mar-