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pas de colonnes ». Traité de la colonne, page 70. Voyez ce traité & le livre intitulé, sentimens d’un homme de guerre sur le nouveau système du chevalier de Folard, par rapport à la colonne, &c. Voyez aussi la préface du sixieme volume du commentaire sur Polybe.

De la colonne de retraite. La colonne de retraite ne differe guere de celle d’attaque. Elle est composée de même de deux bataillons, divisés chacun en six pelotons, rangés à la file les uns des autres, à-peu-près dans le même ordre que dans cette premiere colonne.

Ainsi le front de la colonne de retraite est de deux pelotons, comme celui de la colonne d’attaque & sa profondeur est de six.

Dans cette colonne, les deux piquets de chaque bataillon ne sont pas confondus dans les bataillons, comme dans la précédente. Leur poste est à la tête & à la queue de la colonne, avec les grenadiers de chaque bataillon qui sont placés immédiatement devant le piquet qui appartient à leur bataillon.

Pour donner une idée de la formation de cette colonne, on supposera deux bataillons divisés dans leurs pelotons, comme dans la colonne précédente, rangés en bataille sur la même ligne, les grenadiers à la droite du bataillon de la droite, & le piquet à la gauche ; les grenadiers du bataillon de la gauche à gauche, & le piquet à la droite.

On fera d’abord marcher en-avant les grenadiers & le piquet du bataillon de la droite ; savoir les grenadiers de six pas de deux piés, & le piquet de trois des mêmes pas. La compagnie des grenadiers s’étant ainsi avancée, fait à-gauche, & elle marche ensuite par son flanc gauche, pour aller se placer, par un à-droite, sur le piquet de son bataillon.

A l’égard du piquet du bataillon de la gauche, on lui fait faire demi-tour à droite, ainsi qu’aux pelotons des deux bataillons, à l’exception néanmoins des deuxiemes pelotons qui terminent à gauche le bataillon de la droite, & à droite celui de la gauche. Les grenadiers de ce dernier bataillon font aussi le même mouvement.

Le piquet du bataillon de la gauche, après le demi-tour à droite, fait un certain nombre de pas redoublés devant lui, pour s’éloigner de sa premiere position d’un espace à-peu-près égal au front de son bataillon, afin qu’il y ait un intervalle suffisant pour former la colonne, entre cette premiere position & celle à laquelle il sera parvenu. Il va ensuite se placer, par deux quarts de conversion à gauche, vis-à-vis le piquet du bataillon de la droite.

Pendant ce tems-là, les cinq pelotons de chaque bataillon qui ont fait demi-tour à droite, font ensemble un quart de conversion qui les met en face les uns des autres ; c’est-à-dire que ceux du bataillon de la droite le font à droite, & ceux du bataillon de la gauche, à gauche. La compagnie de grenadiers qui y est jointe le fait également, en suivant les pelotons de son bataillon avec lesquels il est en bataille.

Lorsque ce mouvement est achevé, les deuxiemes pelotons qui n’ont point bougé font l’un à-gauche, & l’autre à-droite, & ils marchent après l’un & l’autre pour se rejoindre derriere le piquet, & la compagnie de grenadiers du bataillon de la droite ; & tout de suite, ils font à-droite & à-gauche, pour se retrouver face en tête.

Les autres pelotons des deux bataillons, que le quart de conversion a mis en face les uns des autres, s’approchent ensuite, de maniere que le dernier rang de ceux du bataillon de la droite se trouve aligné sur la file droite du second peloton de ce bataillon qui fait face en tête, & que le dernier rang de ceux du bataillon de la gauche le soit également sur la file

gauche du second peloton de ce même bataillon.

Lorsque tout ceci est exécuté, les grenadiers du bataillon de la gauche se détachent de ce bataillon, & ils avancent par un pas oblique de gauche à droite, jusqu’à ce que la premiere file de la gauche soit alignée & joignant le rang extérieur du piquet du même bataillon. Ils font alors un quart de conversion qui leur fait couvrir le piquet de leur bataillon.

Remarques.

I. Il est évident, par la formation que l’on vient d’expliquer, que les cinq pelotons de chaque bataillon qui composent les flancs ou les faces de la colonne, laissent entre eux un intervalle égal à l’excès du front des deux pelotons de la tête, c’est-à-dire des deuxiemes pelotons de chaque bataillon, sur le double de leur hauteur.

C’est pourquoi si ces pelotons ont ensemble 24 hommes de front, qui occupent environ 48 piés d’étendue, les bataillons, à 6 de hauteur, en auront 15 de profondeur, les rangs étant serrés à la pointe de l’épée : ainsi il y aura, dans cette supposition, un intervalle de 18 piés entre les deux flancs de la colonne.

II. Il suit aussi de la formation précédente de la colonne de retraite, que le front des deuxiemes pelotons de chaque bataillon ne doit jamais être plus petit que le double de la hauteur de chaque bataillon. C’est apparemment par cette raison que l’ordonnance du 6 Mai 1755 porte, que si les deuxiemes pelotons des deux bataillons formoient ensemble moins de seize files, l’on y joindroit autant de files prises dans les quatriemes pelotons, qu’il seroit nécessaire pour les porter jusqu’à ce nombre.[1]

III. Lorsque la colonne est entierement formée, on fait faire demi-tour à droite à tous les hommes dont elle est composée, à l’exception de la compagnie de grenadiers, du piquet du bataillon de la droite, & des deuxiemes pelotons de chaque bataillon qui forment la tête ou plûtôt la queue de la colonne, puisque cette colonne a pour objet de se retirer de devant l’ennemi, lesquels doivent continuer de faire face en tête. On observe seulement de faire faire face en-dehors aux deux files de la droite & de la gauche de ces pelotons, & cela par un à-droite & un à-gauche, afin que toute la longueur des flancs de la colonne ne forme qu’un seul & même rang en-dehors.

Les grenadiers & le piquet du bataillon de la gauche, lesquels sont devant le côté de la colonne opposé à celui que forment les deuxiemes pelotons de deux bataillons, font aussi face en-dehors de cette colonne.

IV. Il est évident que la colonne de retraite peut marcher de tous les sens, comme celle d’attaque. Voyez dans l’ordonnance du 6 Mai 1755, les différens commandemens pour la former, la maniere de la rompre, de la mettre en bataille, &c. Article de M. Le Blond.

Évolutions de la Cavalerie. Le nombre des auteurs qui ont écrit sur les évolutions de la cavalerie, n’est pas fort considérable, & il n’y a guere que M. le maréchal de Puységur qui soit entré dans un détail raisonné sur ce sujet. On ne prétend point donner ici un traité sur cette matiere ; on se propose seulement d’expliquer les regles & les principes des manœuvres qui servent de fondement ou d’élémens à tous les mouvemens que la cavalerie peut exécuter.

Ces manœuvres peuvent se réduire aux suivantes.

  1. Ce nombre, suivant M. de Folard, est le plus petit front que la colonne puisse avoir. « La colonne dit cet auteur, peut se maintenir dans sa force depuis trente files ou trente-quatre, même jusqu’à seize » ; il croit défectueux tout nombre plus grand ou plus petit. Tr. de la colonne, page. 9