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gauche, & de former ensuite chacun un quart de conversion, savoir la division des demi-rangs de la droite à droite, & celle des demi-rangs de la gauche à gauche, pour aller reprendre leur premiere position à la droite & à la gauche de la division du centre, & la troupe se trouve ainsi remise dans le même ordre de bataille où elle étoit avant le passage du pont ou du défilé. Voyez la seconde disposition de la fig. 63.

Cette évolution peut s’exécuter encore de la maniere suivante, par laquelle on augmente plus promptement le front de la division du centre, ce qui peut être plus avantageux lorsqu’on est à portée d’être attaqué au-delà du passage ou du défilé.

Soit encore (fig. 64) le bataillon ABCD qui doit passer le pont ou le défilé XY. On suppose que le centre de ce bataillon se trouve exactement placé vis-à-vis le milieu du défilé, qui peut contenir de front le double d’hommes de la hauteur du bataillon. On suppose aussi que ce bataillon est à trois de hauteur.

On marquera la division du centre composée dans ces exemples de six files dont trois seront du côté de la droite, & trois du côté de la gauche.

On fera avancer ces six files dans le défilé, & l’on ordonnera au reste des demi rangs de la droite de faire à-gauche, & à celui de la gauche de faire à-droite.

Alors les files de ces demi-rangs feront face l’une à l’autre ; & à mesure que celles du centre avanceront, celles de la droite & de la gauche qui suivent immédiatement la division du centre, marcheront jusqu’à ce qu’elles le trouvent dans l’alignement des files qui la terminent à droite & à gauche. Lorsqu’elles y seront parvenues, elles feront un quart de conversion de part & d’autre pour former un rang, & elles suivront la division du centre ; les autres files qui les suivent feront le même mouvement, comme dans l’exemple précédent. Mais ce qui rend cette évolution différente, c’est qu’au lieu de faire avancer la division du centre assez au-delà du défilé pour que tout le bataillon soit en colonne, on ne la fait marcher qu’à une distance un peu plus grande que le double de la hauteur du bataillon, & l’on ordonne à la division égale qui la suit, c’est-à-dire dans cet exemple aux trois rangs qui la suivent immédiatement, composés de trois files du côté droit, & d’autant de files du côté gauche, de faire à-droite & à-gauche par demi-rang, & de marcher ensuite devant eux pour aller se placer à la droite & à la gauche de la division du centre.

Les trois rangs qui les suivent immédiatement font le même mouvement, & de cette maniere la troupe se reforme à droite & à gauche par des divisions de la hauteur du bataillon. Voyez la seconde disposition de la figure 64.

Remarques.

I. Pour exercer les troupes à cette évolution, on fait placer à quatre ou cinq toises en-avant du centre six sergens à droite & autant à gauche, faisant face les uns aux autres.

Ils laissent entr’eux la largeur qu’on veut supposer un défilé, & l’on y fait passer le bataillon de la maniere qu’on vient de l’expliquer. On le fait reformer ensuite par la premiere ou la seconde des deux méthodes précédentes.

II. Il est évident que dans cette évolution on ne dérange point l’ordre des soldats, ni des compagnies. Elles se trouvent ensemble en colonne comme dans l’ordre de bataille ordinaire au bataillon.

III. Lorsque le défilé n’a de largeur que pour le passage d’une file de front, c’est-à-dire pour trois soldats, si le bataillon est à trois de hauteur, pour

quatre s’il est à quatre, &c. on le passe par files de cette maniere.

On fait marcher les trois files du centre dans le défilé, & l’on fait faire à-gauche à l’aîle droite, & à-droite à l’aîle gauche. La file qui suit immédiatement à droite la division du centre, fait un petit pas en-avant, & un quart de conversion à gauche, qui la met à la suite des divisions du centre avec lesquelles elle s’avance dans le défilé.

La file de la droite de l’aîle gauche s’avance aussi d’un petit pas comme la précédente, & elle se met à sa suite par un quart de conversion à droite.

Chacune des files de l’aîle droite & de l’aîle gauche du bataillon, fait alternativement le même mouvement pour entrer dans le défilé. Lorsque la premiere de la gauche de l’aîle droite se trouve au-delà, elle fait à-droite, & elle marche devant elle jusqu’à le serre-file où le soldat de la queue dépasse d’environ un petit pas le serre-file de la droite de la division du centre. Alors elle fait un quart de conversion à gauche pour aller reprendre sa premiere position à côté de la file de la droite du centre.

La file de la droite de l’aîle gauche qui la suit immédiatement, fait aussi-tôt sa sortie du défilé, ou lorsqu’elle a joint la queue de la division du centre, un à-gauche. Ensuite elle marche devant elle, pour que le soldat qui la termine dépasse d’environ un pié le serre-file de la file de la gauche du centre ; puis elle fait un quart de conversion à-droite pour reprendre sa premiere position à la gauche de la division du centre.

Ensuite la file de la droite qui suit immédiatement, va se replacer à la droite de la même maniere ; celle de la gauche qui suit à la gauche, & toutes les files de la droite & de la gauche faisant ainsi le même mouvement, le bataillon se trouve reformé au-delà du défilé, comme dans la seconde méthode précédente.

IV. Quoique dans le passage du défilé précédent, on dise qu’on ne fait passer qu’une ou deux files, suivant sa largeur, il est aisé néanmoins d’observer, qu’il y en passe réellement autant que le défilé peut contenir d’hommes de front. Mais ces files ne sont point celles de la premiere disposition du bataillon. Elles sont formées des rangs qui deviennent files dans le défilé, comme les files y deviennent rangs. Or il n’y passe qu’un de ces rangs à la fois, composé d’une ou deux files, c’est-à-dire qu’il n’y passe qu’une ou deux files de la premiere position ; mais il y en passe autant de la seconde, que la largeur du défilé peut en contenir.

V. Lorsqu’on a un bataillon en bataille sur quatre ou six de hauteur, on peut le mettre en colonne ou lui donner beaucoup plus de profondeur que de front, en se servant de l’évolution précédente, c’est-à-dire en faisant d’abord mouvoir le centre en-avant, & lui donnant pour front celui que doit avoir la colonne, & le faisant suivre ensuite par les aîles de la droite & de la gauche du bataillon de la même maniere que pour le passage du défilé ou du pont.

M. Bottée, après avoir traité fort au long du passage du défilé, termine l’article où il en fait mention, par les réflexions suivantes que nous croyons devoir rapporter.

« Ces choses paroissent si simples, dit cet auteur, qu’on croiroit qu’il est presque superflu de les écrire ; mais ceux qui ont fait la guerre, connoissent de quelle importance il est de défiler avec ordre. On gagne un tems considérable par-là, & rien n’est plus précieux que le tems devant l’ennemi, soit pour ménager sa retraite, soit pour s’assûrer de la victoire ».

Notre intention étoit de terminer ici cet article ; mais l’ordonnance sur l’exercice de l’infanterie du