Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 6.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lorsqu’elles y sont parvenues, on leur ordonne de s’arrêter, en disant, halte.

La contre-marche se fera par files à droite, de la même maniere.

Remarques.

I. On fait remettre le bataillon par une seconde contre-marche, exécutée dans le même sens ou du même côté que la premiere, c’est-à-dire à droite, si la premiere a été faite à droite, &c.

II. Quelques auteurs font avancer deux pas aux chefs de file, avant de leur faire faire le demi-tour à droite ou à gauche ; mais ces pas en avant ne sont pas nécessaires. Au contraire, il paroît plus simple de laisser le premier rang à la même place, & de lui faire faire à-droite ou à-gauche ; parce que, par ce mouvement, il se trouve d’abord dans l’intervalle où il doit marcher, c’est-à-dire, entre la file qu’il quitte & celle qui la suit immédiatement du côté où se fait la contre-marche.

3. Nous avons dit que la contre-marche exigeoit que les files fussent ouvertes, & que c’étoit là un des principaux inconvéniens que les tacticiens modernes trouvoient dans l’exécution de ce mouvement. Mais, comme le dit M. de Bombelle, lorsqu’un régiment sera bien exercé, il fera presque aussi facilement la contre-marche à files & rangs serrés, que quand ils sont ouverts, pourvû néanmoins qu’on ne presse pas les files autant qu’on le fait aujourd’hui, c’est-à-dire que relativement à l’ancien usage, on laisse assez d’espace à chaque soldat dans le rang, pour qu’il ait la liberté de charger & de tirer facilement. D’ailleurs, comme l’épaisseur d’un homme, mesurée de la poitrine au dos, est assez ordinairement la moitié de l’étendue qu’il occupe de front, ou d’un coude à l’autre, si dans l’exécution de la contre-marche, les soldats qui veulent passer dans les intervalles des files, se mettent, lorsqu’elles sont serrées, un peu de côté, & que ceux de ces files en fassent de même, par un à-droite ou un à-gauche, il est clair que le passage entre les files n’aura rien de difficile ni d’embarrassant.

Second Problème.

À droite ou à gauche par files ; faire la contre-marche en quittant ou en perdant le terrein, ou la file après soi.

Supposons qu’un bataillon ABCD, (fig. 47.) s’éloigne de l’ennemi, en s’avançant sur le terrein X, que AB soit le premier rang ou la tête de ce bataillon.

Supposons aussi que l’ennemi qui vient du terrein Y poursuive ce bataillon.

Si l’on fait avancer le premier rang AB, pour occuper la place du dernier, c’est-à-dire si l’on exécute la contre-marche, conformément au problème précédent, le bataillon ne changera pas de terrein, mais seulement de position.

Si le premier rang AB restant dans la même place, les autres vont se mettre derriere lui, il est évident alors que le bataillon abandonnera le terrein occupé par les derniers rangs, & qu’ainsi il quitte ou il perd ce terrein.

Il est aisé, après cette explication, de comprendre en quoi consiste la contre-marche en quittant ou en perdant le terrein. C’est cette contre-marche que les anciens appelloient évolution macédonique, parce qu’elle avoit été imaginée par les Macédoniens.

Pour exécuter cette contre-marche, le premier rang AB fait demi-tour à droite, si la contre-marche doit se faire à droite, & à gauche, si elle se fait de ce côté, afin de faire face à la queue du bataillon. Nous supposerons que la contremarche se fait à droite.

Lorsque le premier rang AB a fait ce mouvement, il reste à la même place, & les soldats des autres rangs passent successivement à la droite des chefs de files & dans leur intervalle, de maniere que chaque soldat va se placer derriere son chef de file, comme dans la premiere disposition du bataillon ; c’est-à-dire que les soldats du second rang GH, vont se placer derriere le premier en IL ; ceux du troisieme MN, en OP ; & ceux du quatrieme DC, en RS.

Lorsqu’ils sont ainsi tous arrivés dans les places ou sur le terrein qu’ils doivent occuper, ils font demi-tour à droite sur le pié droit pour faire face du même côté que les chefs de file, c’est-à-dire au terrein de la queue du bataillon qu’ils viennent de quitter.

Il est évident que cette contre-marche se fera à gauche, de la même maniere qu’on vient de l’expliquer pour la droite : toute la différence qu’il y aura, c’est que les soldats des rangs qui suivent le premier, au lieu de passer à la droite des chefs de files, pour aller se placer derriere eux, passent à la gauche.

Pour faire remettre la troupe ou le bataillon, on ordonne au premier rang de faire demi-tour à droite, & on commande aux autres rangs d’aller se placer derriere leurs chefs de files, comme dans le premier mouvement, pour y reprendre leur premiere position. Ils font ensuite un demi-tour à droite pour faire face du même côté que le premier rang.

III. Problème.
A-droite par files ; faire la contre-marche en gagnant le terrein.

Soit le bataillon ABCD (fig. 48.), dont le premier rang est AB, qui s’avance sur le terrein X, & qui par conséquent fait face à ce terrein. Soit suppose que l’ennemi poursuit ce bataillon & qu’il s’approche de la queue, la contre-marche en gagnant du terrein consiste à faire revenir le bataillon sur ses pas, de maniere que le dernier rang DC restant à la même place, les autres viennent se mettre devant lui en s’approchant de l’ennemi de la hauteur du bataillon : on dit alors qu’on gagne du terrein, parce que l’on s’approche de l’ennemi ; au lieu que dans la contre-marche précédente on dit qu’on en perd, par la raison que le bataillon s’en éloigne, & qu’il lui quitte ou abandonne le terrein qu’il occupoit.

Cette contre-marche étoit appellée chez les anciens évolution laconique, parce qu’elle est de l’invention des Lacédémoniens.

Résolution. On ordonne au premier rang AB de faire demi-tour à droite, & à la troupe de marcher : ce qui se fait par ce commandement, marche.

Alors chaque soldat du premier rang s’avance vers la queue du bataillon ; savoir, le premier de la droite, en marchant à côté de la file de la droite, & les autres dans les intervalles des files qui les joignent immédiatement de ce même côté.

Lorsque le premier rang a ainsi passé l’intervalle qui est entre lui & le second, le second fait aussi demi-tour à droite, & tous les soldats dont il est composé marchent à la suite de ceux du premier rang, en observant de s’en tenir toûjours éloigné de la distance qui doit être entre les rangs, ou de les suivre le plus près qu’il est possible, si les rangs sont serrés à la pointe de l’épée, ce qui donne plus de facilité à exécuter cette contre-marche avec précision.

Quand les soldats du second rang ont passé le troisieme rang, ceux de ce dernier rang font demi-tour à droite, & ils suivent ceux du second jusqu’à ce qu’ils ayent passé le quatrieme rang : alors on fait faire halte à tout le bataillon, & le mouvement est exécuté.