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On fera ensuite remettre les files de la droite & de la gauche dans la même position que celle du centre, en faisant faire un à-droite sur le talon droit, aux files de la droite, & un à-gauche sur le talon gauche, aux files de la gauche ; alors tout le bataillon fera face du même côté AB, & il aura diminué également son étendue vers la droite & la gauche.

Remarques.

I. Il est évident qu’on serrera de la même maniere le bataillon sur telle autre file qu’on voudra.

II. On peut serrer le bataillon de pié ferme sur telle de ses files que l’on veut, comme on vient de l’expliquer ; mais on peut aussi le serrer de même en marchant ; alors les files s’approchent en marchant autant qu’il est possible, de celle sur laquelle elles doivent se serrer.

Article IV.

Des différentes manieres d’ouvrir le bataillon. Les mouvemens nécessaires pour ouvrir le bataillon sont absolument les mêmes que ceux qui servent à le serrer ; mais ils s’exécutent en sens contraire. Ainsi on peut ouvrir le bataillon :

1°. par rangs. en-avant.
2°. en-arriere.
3°. en-avant & en-arriere.
4°. par files. vers la droite.
5°. vers la gauche.
6°. vers la droite & la gauche.

Pour ouvrir le bataillon ABCD (fig. 15.) par rangs en-avant, on ordonne au dernier rang DC de ne point bouger ; aux autres de marcher en-avant.

On observe de ne faire marcher le second rang, qu’après que le premier est avancé d’une distance convenable ; le troisieme, qu’après que le deuxieme a marché un peu en-avant ; & ainsi des autres rangs.

Lorsque le premier rang est aussi avancé qu’on le veut, & qu’ils se trouvent à-peu-près également espacés ou distans les uns des autres, le commandant du bataillon leur ordonne de s’arrêter, en disant halte.

La figure fait voir ce mouvement achevé ; le premier rang ABC étant parvenu en FG, le dernier n’a point bougé.

Les zéros marquent la place que le second & le quatrieme rangs occupoient avant de marcher en-avant.

On suppose dans la figure que l’on a doublé l’intervalle des rangs : ainsi le premier AB s’est avancé d’un intervalle AF, égal à la profondeur du bataillon ; le second s’est avancé du premier à la distance d’un intervalle, double de celui qui étoit d’abord entre les rangs ; le troisieme est venu occuper la place AB du premier ; & le quatrieme, celle du troisieme ; le cinquieme DC n’a pas bougé.

On ouvrira de la même maniere le bataillon par rangs en-arriere.

On ordonnera au premier rang de ne pas bouger ; on fera faire demi-tour à droite aux autres rangs ; & l’on commandera ensuite au dernier rang de marcher devant lui autant qu’on le jugera nécessaire ; & aux autres rangs de marcher à sa suite comme dans le mouvement, pour ouvrir les rangs en-avant.

Lorsqu’on les trouvera assez avancés, on leur ordonnera de s’arrêter & de faire demi-tour à gauche, pour faire face du même côté que le premier rang.

Pour ouvrir le bataillon ABCD (figure 16.) en-avant & en-arriere, on ordonnera au rang du centre FG de ne point bouger ; & à ceux de derriere, de faire demi-tour à droite. On fera ensuite marcher les premiers & derniers rangs en-avant, dans le mê-

me tems, autant qu’on le jugera nécessaire ; on les

fera ensuite arrêter en disant halte. On commandera aux derniers rangs de faire demi-tour à gauche : alors le bataillon ACBD occupera l’espace HILK, c’est-à-dire qu’il aura augmenté en-avant & en-arriere l’espace qu’il occupoit d’abord.

Pour ouvrir les bataillons par files, il faut regarder les rangs comme des files, en faisant faire à droite ou à gauche aux files, suivant les mouvemens qu’elles doivent faire en-avant ou en arriere ; & faisant ensuite tout ce qui a été pratiqué ci-devant pour ouvrir les rangs du bataillon ; on ouvrira également les files.

Ainsi pour ouvrir le bataillon X (fig. 17.) par files vers la droite, on ordonnera à la file AB de la gauche de ne pas bouger, & aux autres de faire à-droite. On les fera ensuite marcher en-avant ; observant que la seconde ne se mette en marche, que lorsque la premiere aura fait quelques pas en-avant. La troisieme de même, après la deuxieme ; ainsi de suite. Lorsque la file de la droite sera assez avancée, on ordonnera à toutes les files de s’arrêter, ou de faire halte ; on fera faire à gauche, sur le talon droit, à toutes les files, excepté la premiere AB qui n’a pas bougé ; & le bataillon fera face alors du même côté AC.

On ouvrira de la même maniere le bataillon par files vers la gauche, & vers la droite & la gauche en même tems, en ordonnant à la file du centre de ne pas bouger, &c.

Il est évident que par ce mouvement on augmente le front du bataillon, de la même maniere que par celui de l’article précédent, on augmente sa profondeur : c’est pourquoi si l’on veut faire écarter les files, de maniere que leur intervalle soit double de celui qu’elles ont ordinairement quand elles sont serrées, il faut que la file de la droite, si l’on ouvre le bataillon de ce côté, marche devant elle d’un espace égal à celui du front de la troupe ; & que les autres qui la suivent reglent leurs pas, de maniere qu’elles laissent insensiblement entre elles un intervalle double de celui qu’elles avoient d’abord.

Si l’on vouloit que l’intervalle des files devînt triple ou quadruple, &c. il faudroit que la file du flanc du bataillon, du côté qu’on veut l’ouvrir, s’avançât d’un espace triple ou quadruple, &c. du front qu’il avoit avant ce mouvement.

Lorsqu’on veut doubier l’intervalle des files, ou au lieu de deux petits pas d’un pié & demi qu’elles occupent étant serrées, leur en donner un de quatre, le soldat qui suit la premiere file qui marche en avant sur la droite ou la gauche du bataillon, commence à marcher au troisieme pas de la file qui le précede : au cinquieme, lorsque l’intervalle des files doit être triple, &c. & cela afin que toutes les files marchent ensemble, & que le mouvement soit plus promptement exécuté.

Remarque.

Dans les différens mouvemens exécutés dans les articles précédens, on a toûjours observé de faire marcher les soldats en avant, & non pas de côté, ou par pas obliques, afin de rendre ces mouvemens plus simples & plus réguliers. On se dispense néanmoins quelquefois de cette simplicité de mouvement, qui n’est pas, à la vérité, d’une nécessité absolue, mais qu’il est bon de conserver pour accoûtumer les troupes à exécuter avec grace & précision les commandemens qu’on leur fait pour changer leur ordre de bataille ou leur premiere formation. Cette méthode est d’ailleurs très-ancienne, puisqu’elle étoit observée dans les mouvemens de la phalange des Grecs.