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par de gros points noirs, qui désignent le centre de l’espace qu’ils occupent : comme on suppose qu’ils se touchent, il ne faudroit pas d’intervalle entre eux ; mais alors les figures seroient trop confuses. On a tiré sur chacun de ces points une petite ligne droite, pour exprimer les armes du soldat & le côté où il fait face, qu’on a supposé être le haut de la planche.

Si l’on veut que cette troupe fasse face du côté du flanc droit BC, on fait le commandement à droite ; alors tous les hommes de la troupe tournent sur eux-mêmes, jusqu’à ce qu’ils ayent en face le terrein opposé au flanc droit BC de la troupe, fig. 2.

Pour faire ce mouvement, les soldats s’appuient sur une seule jambe, & tournent sur un talon comme sur un pivot. On pourroit tourner également sur l’une ou l’autre jambe ; mais l’usage a décidé pour la gauche : ainsi c’est sur cette jambe que tournent tous les hommes du bataillon. Ils doivent commencer & achever ce mouvement sans interruption, & dans le même tems le faire brusquement, sans que les armes & les bras changent de situation.

Suivant l’instruction du 14 Mai 1754, il doit y avoir un intervalle de deux pouces entre les deux talons de chaque soldat.

Il est évident que si l’on fait exécuter quatre fois de suite ce même mouvement, & toûjours de même sens, que le quatrieme remettra le bataillon dans sa premiere position ; & que tous les hommes qui le composent, auront chacun décrit la circonférence d’un cercle, dont chaque mouvement particulier est le quart. Ce mouvement s’appelloit autrefois par cette raison, quart de tour à droite ou à gauche ; à-présent on le nomme simplement à-droite ou à-gauche.

Il est d’usage lorsqu’on fait faire à-droite à une troupe, de lui faire exécuter les quatre parties de ce mouvement : ainsi au premier commandement à droite, la troupe fait face au terrein du flanc droit ; au second, elle fait face à la queue du bataillon ; au troisieme, au terrein du flanc gauche ; & au quatrieme, elle se remet dans sa premiere position.

La deuxieme figure de la I. Planche représente la troupe qui a fait un à-droite.

La troisieme figure de la même Planche, la même troupe qui a fait deux à-droite.

La quatrieme, la troupe qui en a fait trois : le quatrieme à-droite, qui la remet dans sa premiere position, peut être représenté par la premiere figure.

Il est évident que les mêmes mouvemens que l’on vient d’expliquer pour faire tourner le bataillon vers sa droite, peuvent s’exécuter également en tournant vers la gauche.

Pour cet effet, la troupe étant en bataille (fig. 1. Pl. I.), le commandant dit à gauche ; alors chaque soldat tourne à gauche, comme il tournoit à droite dans le mouvement précédent : ce qui peut être représenté par la quatrieme figure, &c.

Remarques.

I. Ayant expliqué les quatre mouvemens à droite, il est aisé, sans le secours de nouvelles figures, de concevoir la maniere dont les mêmes mouvemens s’exécutent à gauche ; c’est pourquoi on a crû qu’il étoit inutile de les multiplier sans nécessité à cette occasion. On se contentera de même dans la suite de ne donner des figures que pour les mouvemens d’un seul côté, c’est-à-dire pour la droite ou pour la gauche.

II. Le tour entier que l’on exécute par quatre à-droite, comme on vient de l’expliquer, peut se faire en deux fois, en faisant faire un demi-tour par un seul mouvement à tous les soldats du bataillon.

Pour cet effet, on commande au bataillon de faire demi-tour à droite (c’est ainsi qu’on s’exprime pour

faire décrire une demi-circonférence à tous les soldats de la troupe ou du bataillon) ; alors en se tournant vers la droite, & faisant le demi-tour d’un seul mouvement sur le talon gauche, ils font face au côté opposé au front du bataillon. Un second demi-tour exécuté de même, les remet dans leur premiere position.

Le demi-tour à gauche s’exécute également, en faisant tourner les hommes de la troupe vers la gauche, au lieu de la droite.

L’instruction du 14 Mai 1754 ordonne d’exécuter ce mouvement en trois tems : au premier, le soldat doit porter le pié droit derriere le gauche, les deux talons à quatre pouces de distance l’un de l’autre : au deuxieme, le soldat doit tourner sur les deux talons, jusqu’à ce qu’il fasse face du côté opposé ; & au troisieme, reporter le pié droit à côté du gauche.

III. Lorsqu’une troupe a fait un mouvement à droite ou à gauche, & qu’on veut qu’elle reprenne sa premiere position, on lui dit remettez vous ; ce que la troupe exécute en faisant un mouvement opposé à celui qu’elle a d’abord fait, ou en revenant sur ses pas de la même maniere.

Ainsi la troupe ayant d’abord fait, par exemple, un demi-tour à droite, elle se remettra en faisant un demi-tour à gauche ; & si elle en avoit fait un à gauche, elle se remettroit en en faisant un autre à droite.

Si elle a fait un à-droite ou un à-gauche, elle se remettra de même, par un autre quart de tour opposé au premier, c’est-à-dire à gauche ou à droite.

IV. On ne fait point faire trois quarts de tour par un seul commandement ; parce que les hommes de la troupe auroient trop de peine à l’exécuter de suite & avec exactitude.

V. Ce mouvement des à-droite & des à-gauche s’enseigne ordinairement dans l’exercice ou le maniement des armes, auquel il paroît appartenir particulierement ; parce qu’il n’est pas possible de faire faire l’exercice sans le secours de cette évolution, attendu qu’elle apprend à se tourner de tous les sens pour charger le fusil, le manier, & le présenter : mais son usage indispensable dans l’exercice, n’empêche point qu’elle ne soit comprise dans les différentes motions du bataillon, dont elle est la premiere & la plus simple. On a crû par cette raison qu’elle devoit précéder ici les autres, d’autant plus que l’on ne parle point du maniement des armes dans cet article.

Article III.

De la maniere de serrer le bataillon. On serre le bataillon en avançant les files & les rangs les uns sur les autres, & on l’ouvre en les éloignant pour lui donner plus de front ou plus de profondeur.

Il faut supposer que le bataillon dont on veut serrer les rangs, les a d’abord assez éloignés les uns des autres, pour qu’ils puissent s’approcher davantage : car il est évident que s’ils étoient à trois piés de distance, c’est-à-dire serrés à la pointe de l’épée, le mouvement dont il s’agit seroit impossible.

Il faut aussi pour serrer les files, qu’elles soient assez distantes les unes des autres pour qu’on puisse les approcher davantage, c’est-à-dire qu’elles occupent un espace de plus de deux piés dans le rang.

On peut serrer le bataillon de plusieurs manieres :

1°. par rangs. en avant.
2°. en arriere.
3°. sur son centre.
4°. par files. sur la droite.
5°. sur la gauche.
6°. sur le centre.

Pour serrer le bataillon par rangs en avant, on ordonnera au premier de ne pas bouger ; & aux au-