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clavage soit, pour ainsi dire, fondé sur une raison naturelle, il n’en est pas moins vrai que l’esclavage est contre la nature.

Dans tous les états mahométans, la servitude est récompensée par la paresse dont on fait joüir les esclaves qui servent à la volupté. C’est cette paresse qui rend les serrails d’Orient des lieux de délices pour ceux mêmes contre qui ils sont faits. Des gens qui ne craignent que le travail, peuvent trouver leur bonheur dans ces lieux tranquilles ; mais on voit que par-là on choque même le but de l’établissement de l’esclavage. Ces dernieres réflexions sont de l’Esprit des lois.

Concluons que l’esclavage fondé par la force, par la violence, & dans certains climats par excès de la servitude, ne peut se perpétuer dans l’univers que par les mêmes moyens. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Esclavage, (Comm.) On appelle ainsi en Angleterre un droit que l’on fait payer aux François, pour avoir permission d’enlever certaines sortes de marchandises, dont la vente appartient par privilége à quelques compagnies ou sociétés de marchands anglois. Dictionn. de Comm. & de Chambers. (G)

Esclavage, (Metteur en œuvre.) est un demi-cercle de pierreries qui couvre la gorge, & se rejoint par chacune de ses extrémités au collier, à-peu-près au-dessous des deux oreilles. L’esclavage est tantôt simple, tantôt double, ce qui fait qu’on dit rang d’esclavage.

ESCLAVE, (Jurisp.) est celui qui est privé de la liberté, & qui est sous la puissance d’un maître.

Suivant le droit naturel tous les hommes naissent libres ; l’état de servitude personnelle est une invention du droit des gens. Voyez Esclave.

Quelques-uns prétendent que les Lacédemoniens furent les premiers qui firent des esclaves, d’autres attribuent cela aux Assyriens, lesquels en effet furent les premiers qui firent la guerre, d’où est venue la servitude ; car les premiers esclaves furent les prisonniers pris en guerre. Les vainqueurs avant le droit de les tuer, préférerent de leur conserver la vie, d’où on les appella servi quasi servati, ce qui devint en usage chez tous les peuples qui avoient quelques sentimens d’humanité, c’est pourquoi les lois disent que la servitude a été introduite pour le bien public.

Les Egyptiens, les Grecs avoient des esclaves ; il y en avoit aussi chez les Romains, ils inventerent même plusieurs façons nouvelles d’en acquérir, & firent beaucoup de lois pour regler leur état.

Ceux que les Romains avoient pris en guerre étoient appellés mancipia quasi manu capta ; on faisoit cependant une différence de ceux, qui, après avoir mis bas les armes, se rendoient au peuple romain ; on ne les mettoit point dans l’esclavage, ils étoient maintenus dans tous leurs priviléges, & demeuroient libres ; on les faisoit seulement passer sous le joug pour marquer qu’ils étoient soûmis à la puissance romaine : on les appelloit deditii quia se dederant, au lieu que ceux qui étoient pris les armes à la main ou dans quelque siége devenoient vraiment esclaves.

Les Romains en achetoient aussi du butin fait sur les ennemis, & de la part reservée pour le public, ou de ceux qui les avoient pris en guerre, ou des marchands qui en faisoient trafic & les vendoient dans les marchés.

Il y avoit aussi des hommes libres qui se vendoient eux-mêmes. Les mineurs étoient restitués contre ces ventes, les majeurs ne l’étoient pas. Cette servitude volontaire fut introduite par un decret du sénat du tems de l’empereur Claude, & abrogée par Léon le Sage par sa novelle 44.

Les enfans nés d’une femme esclave étoient aussi esclaves par la naissance, suivant la maxime du droit romain, partus sequitur ventrem.

Enfin la peine de ceux qui s’étoient rendus indignes de la liberté, étoit de tomber dans l’esclavage, ce qui arrivoit à tous ceux qui avoient commis quelqu’action deshonorante & odieuse, tels que ceux qui s’étoient soustraits au dénombrement, ceux qui avoient deserté en tems de guerre, les affranchis qui étoient ingrats envers leur patron. Lorsqu’un criminel étoit condamné à quelque peine capitale, la peine étoit souvent commuée en celle de l’esclavage. Les femmes libres qui étoient devenues amoureuses d’un esclave participoient aussi à sa condition, mais Justinien abolit cette peine.

Quoique les esclaves fussent tous de même condition, on les distinguoit cependant par différens titres, selon l’emploi qu’ils avoient chez leur maître.

Ainsi servi actores étoient les intendans & économes des familles.

Ad manum, celui qui étoit propre à tout & employé à toutes sortes d’usages.

Ad limina custos, celui qui gardoit l’entrée de la maison. Voyez ci-après Atriensis.

Admissionales, ceux qui introduisoient chez les princes.

Adscriptii ou glebæ adscripti, ceux qui étoient attachés à la culture d’une certaine terre, tellement qu’ils ne pouvoient être vendus qu’avec cette terre.

Ad vestem, celui qui avoit soin des habits & de la garde-robe.

A manu ou amanuensis, le secrétaire.

Analectæ, ceux qui avoient soin de ramasser ce qui étoit tombé d’un festin, & de balayer la salle où l’on mangeoit.

Ante-ambulones, ceux qui conduisoient leurs maîtres pour leur faire faire place.

Aquarii, les porteurs d’eau.

Arcarii, ceux qui gardoient la caisse des marchands & banquiers.

Atriensis, celui qui gardoit l’atrium de la maison ou l’on voyoit les images de cire des ancêtres d’une famille & les meubles ; on donnoit aussi ce nom au concierge ou garde-meubles.

Aucupes, ceux qui chassoient aux oiseaux.

Balneatores, les baigneurs. Voyez Unctores.

Calatores, ceux qui convoquoient les assemblées du peuple par curies & par centuries, ou les autres assemblées des prêtres & des pontifes.

Calculatores, calculateurs qui servoient pour compter de petites pierres au lieu de jetons.

Capsarii, ceux qui gardoient dans les bains les habits de ceux qui se baignoient. On donnoit aussi ce nom à ceux qui suivoient les enfans de qualité allant aux lieux des exercices, & qui portoient leurs livres, à ceux qui tenoient la caisse des marchands & banquiers, enfin à ceux qui faisoient des caisses & des coffres à mettre de l’argent. Voyez Arcarii.

Cellarius, celui qui avoit soin du cellier & de la dépense.

Cubicularius, celui qui étoit à la chambre du prince, un valet-de-chambre.

Cursores, couriers, ceux qui portoient des nouvelles.

Dispensator, celui qui faisoit la dépense d’une famille, qui achetoit & payoit tout.

Emissarii, maquignons de maîtresses & de chevaux, ou émissaires qui cherchoient à découvrir quelque fait caché.

Ab ephemeride, celui qui avoit soin de consulter le calendrier romain, & d’avertir son maître du jour des calendes, des nones, & des ides.

Ab epistolis, celui qui écrivoit sous son maître les lettres qu’il lui dictoit, & servoit de secrétaire.