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productions. Enderlin avoit employé six roues de plus qu’aux pendules ordinaires, pour son équation. On verra par celle que je décrirai ci-après, que l’on est parvenu à les retrancher toutes dans certaines constructions, & à n’en employer que trois ou quatre dans d’autres.

Ce nombre de roues que l’on employoit, a produit non-seulement une augmentation d’ouvrage, mais encore un obstacle assez grand pour la justesse de l’équation. J’ai observé qu’une pendule construite avec six roues de cadrature, malgré tous les soins apportés à l’exécution de ces roues, tant pour les arrondir que pour les fendre ; j’ai observé, dis-je, que les aiguilles du tems vrai & moyen s’éloignent & se rapprochent à chaque révolution qu’elles font. La pendule qui m’a donné lieu de faire cette remarque ; étoit exécutée avec soin, & les aiguilles s’éloignoient de trente secondes. On conçoit que c’est l’inégalité des roues qui produit cet effet. Il ne faut pas qu’elle soit sensible, pour ne donner que cette quantité ; il ne faut que faire attention à leur nombre : ainsi s’il y en a six, comme à celle en question, c’est l’inégalité de six roues qui est multipliée par la différence de la longueur des aiguilles au rayon des roues.

La conduite de la roue annuelle n’étoit pas moins composée ; on s’étoit attaché à la faire mouvoir continuellement, afin d’imiter par-là la progression insensible de l’augmentation ou diminution d’équation. Il me paroît que cette précision étoit assez superflue, si on envisage l’équation, non comme un simple objet de curiosité, mais comme une chose utile.

Si une pendule à équation ne sert simplement qu’à contenter un curieux, on a raison de ne lui rien laisser à desirer ; car dès-lors l’augmentation de l’ouvrage ne doit plus faire un obstacle ; mais si ces sortes de pieces sont destinées à un usage réel, il faut en faciliter l’exécution aux ouvriers ordinaires, produire les effets avec le moins de pieces possible, & reserver pour des artistes choisis les opérations délicates qui échappent au général.

La plus grande variation du Soleil en vingt quatre heures, est de 30 secondes (voyez la table ci-après) ; or si le changement d’équation ne se fait qu’une fois par jour (& en quelques heures, comme de minuit à deux heures, par exemple), au lieu de se faire insensiblement & par un mouvement continuel, il s’ensuivra de-là qu’à six heures du matin l’aiguille du tems vrai marquera 7 secondes de plus qu’elle ne devroit, en suivant la progression naturelle de la variation du Soleil ; à midi elle marquera juste l’équation, & à six heures du soir elle marquera 7 secondes de moins : ainsi dans la plus grande variation journaliere du Soleil, l’erreur qui résultera d’une construction d’équation dont le changement ne se fera pas insensiblement, sera de 7  ; quantité même qui ne pourra être remarquée dans un cadran de 10 piés de diametre : mais d’ailleurs à midi elle sera juste, ainsi on pourra voir le méridien & régler la pendule en se réglant sur l’aiguille du tems vrai, comme avec les constructions composées.

Description de la pendule à équation de M. Julien le Roy, figures 37. 38. 39. 40. & 41. La roue A (fig. 41.) fait sa révolution en 365 jours. Sur cette roue sont gravés les mois de l’année & les quantiemes du mois, qui paroissent par une ouverture faite au cadran à l’endroit de 6 heures. Cette roue A est concentrique au cadran, & mûe par le mouvement, dont la premiere roue porte quarrément du côté de la cadrature, un pignon d (figure 37.) de 15 dents, qui fait, ainsi que la roue, un tour en 10 heures ; il engrene dans la roue de champ A (fig. 39.) de 30 dents ; elle est rivée sur une tige qui porte la piece B, qui est une vis sans fin, simple, laquelle engrene

dans la roue C de 30 dents. La tige de cette roue passe à-travers la plaque, & porte quarrément le pignon D (fig. 40.). Ce pignon est de 15 ; il engrene dans la roue annuelle A de 219 dents. Le prolongement du quarré du pignon D passe au-travers du cadran ; il sert à faire tourner le pignon D séparément de la roue C (figure 39.) il tourne à frotement sur cette tige, par le moyen d’un ressort qui presse la roue C contre l’assiete de ce pignon.

Les secondes sont concentriques au cadran. La tige du rochet des secondes porte un pignon C de 12 dents (fig. 37.), lequel passe au-travers de la piece AB, qui a le même centre de mouvement que le rochet. Cette piece AB se meut sur un pont, & peut faire une demi-révolution qui produit la variation de l’aiguille du tems vrai. La roue D, de 90 dents, engrene dans le pignon C fixé sur la tige du rochet des secondes. Cette roue est portée par la piece AB, & par un petit point E attaché à cette piece. La roue D porte un pignon F de 12 dents, qui engrene dans la roue O du tems vrai (figure 38.) qui a 96 dents. Cette derniere porte à frotement la roue I fixée sur le canon qui porte l’aiguille du tems vrai ; ensorte qu’on peut faire tourner cette roue I indépendamment de celle O. La roue I engrene dans celle de renvoi F : ces deux roues sont de même nombre. La roue F porte un pignon p, qui fait mouvoir la roue H du cadran : ainsi en faisant tourner l’aiguille du tems vrai, celle du cadran se meut aussi, mais celle du tems moyen reste immobile ; & en la faisant tourner, elle ne fait point mouvoir celle du tems vrai, ce qui a obligé de faire graver sur la roue annuelle la différence du tems vrai au tems moyen pour tous les jours de l’année, afin de remettre les aiguilles à l’équation, lorsque la pendule a été arrêtée. La roue F porte 4 chevilles qui servent à lever la détente M de la sonnerie qui sonne les heures & quarts du tems vrai.

La tige de la troisieme roue du mouvement porte un pignon gg, de 9 dents, qui fait mouvoir la roue G du tems moyen, de 72 dents. Le coq E (fig. 37. ou 38.) porte une broche n qui passe à-travers la fausse plaque par l’ouverture Z. Cette broche est conduite par une fourchette que porte la roue T, qui engrene dans le rateau R, lequel appuie sur l’ellipse ou courbe. Les différens diametres de l’ellipse font avancer ou retarder l’aiguille du tems vrai, ce qui se fait par le mouvement que ce rateau imprime à la piece AB (fig. 3.), laquelle peut parcourir un peu plus d’une demi-circonférence. Cette piece ou chassis AB entraîne avec elle la roue D, qui engrene dans celle du tems vrai. Le plus petit rayon de la courbe répond au 11 Février, tems où le Soleil retarde de 14′ 44″ ; & le plus grand au premier Novembre, où au contraire il avance de 16′ 9″. La somme de ces deux excès du tems vrai sur le moyen, donne l’espace que doit parcourir la roue du tems vrai, sans que celle du tems moyen se meuve ; ce que l’on verra mieux dans la partie où je parle de l’exécution des pendules à équation, qui terminera cet article.

Le ressort gg (fig. 37 ou 38.) appuie sur un levier mis en-dedans de la cage, lequel porte à son extrémité un bout de corde à boyau qui s’enveloppe sur une petite poulie fixée sur la piece AB. L’effet de ce ressort est de faire presser continuellement le rateau sur la courbe.

Description d’une cadrature d’équation construite par M. Dauthiau, horloger. La figure 35 A représente cette cadrature vûe de profil. Les secondes sont concentriques ; la tige du rochet passe à-travers le pont marqué pp, fixé sur la platine des piliers. Ce pont porte les deux roues des tems vrai & moyen, & celle de cadran. La roue m du tems moyen est menée par le pignon C, que porte la tige de la roue qui engrene dans le rochet d’échappement.