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Lorsque notre intention est d’empêcher uniquement le cheval de rüer, nous ne mettons nos entravons qu’aux extrémités postérieures, & nous passons une corde de chaque côté, dans l’anneau dont doit être pourvû chacun d’eux. Nous croisons ensuite chacune de ces cordes ou de ces longes sous le ventre de l’animal, & nous les arrêtons fermement par une seule boucle coulante, qu’il nous est facile de défaire promptement, aux deux côtés de l’encolure, & à des anneaux de fer dont est garni un colier de cuir que nous avons passé sur la tête & sur l’encolure du cheval. Est-il question de l’abattre & de le renverser ? les quatre paturons seront saisis des entravons ; nous attacherons une longe à l’anneau de l’un de ceux de devant, nous en ferons passer l’autre extrémité dans celui de l’autre entravon de ce même devant, & ensuite dans les deux anneaux de ceux de derriere : nous repasserons une seconde fois dans le premier anneau auquel la longe est attachée ; après quoi plusieurs hommes réunissant leurs forces, tireront cette longe, & rapprocheront ainsi les piés de l’animal, qui ne pourra s’opposer à sa chûte. C’est ainsi que nous devons nous précautionner contre les efforts qu’il feroit pour nous résister, & nous mettre en garde contre les coups dont il pourroit nous atteindre.

L’animal étant renversé, nous le plaçons dans la situation la plus convenable à l’opération que nous avons dessein de pratiquer. Au surplus, en indiquant les moyens de le soûmettre en conséquence des liens dont il s’agit, je n’ai pas décrit ce que font la plûpart des maréchaux dans ces sortes de cas : j’en ai dit assez pour instruire sur ce qu’ils devroient faire. (e)

ENTRAVESTISSEMENT DE SANG, (Jurisprud.) ou RAVESTISSEMENT DE SANG, dans les coûtumes de Cambray, Bethune, Arras & Bapaume, est la succession qui a lieu au profit du survivant des conjoints.

Entravestissement par lettres, est la succession qui a lieu en vertu d’une sentence du juge. Il en est fait mention dans la coûtume particuliere de Callœuë, sous Artois. (A)

ENTRAVON, s. m. (Manége, Maréchall.) n’est autre chose que la partie de l’entrave qui entoure précisément le paturon du cheval. Voy. Entraver. Il est fait d’un cuir fort & épais, d’une largeur proportionnée à son usage, & muni d’une boucle servant à l’attacher & à le fixer, ainsi que d’un anneau de fer, lorsqu’il n’est point destiné à completer des entraves. On a de plus l’attention de le rembourrer dans sa surface intérieure, afin qu’il ne puisse causer aucune excoriation. (e)

ENTREBAS ou DEMI-CLAIRES VOIES, (Manufacture en Drap.) défaut du drap, qui vient de ce que la chaîne n’est pas aussi serrée dans un endroit qu’elle le doit être ; soit parce qu’elle a été mal distribuée, ou qu’il y manque un fil, ou que le fil est trop foible.

ENTREBATTES, s. f. (Manuf. en Drap.) c’est dans les étoffes de sayetterie, qui se fabriquent à Beauvais, une des marques du maître, sans laquelle il est défendu de vendre l’étoffe. Ce terme se dit aussi de deux barres ou bandes qu’on fait à chaque bout de la piece, avec une trame de couleur différente de celle de l’étoffe.

ENTRECHAT, s. m. (Danse.) c’est un sault leger & brillant, pendant lequel les deux piés du danseur se croisent rapidement, pour retomber à la troisieme position. Voyez Position.

L’entrechat se prend en marchant, ou avec un coupé. Le corps s’élance en l’air, & les jambes passent également à la troisieme position.

Il n’est jamais entrechat qu’il ne soit formé à quatre ;

on le passe à six, à huit, à dix, & on a vû des danseurs assez vigoureux pour le passer à douze.

Ce dernier n’est point, & ne sauroit jamais être théatral ; on n’use pas même au théatre de celui à dix. Quelque vigueur qu’on puisse supposer au danseur, les passages alors sont trop rapides pour qu’ils pûssent être apperçûs par les spectateurs.

Les excellens danseurs se bornent pour l’ordinaire à six, & le passent rarement à huit. Dupré se bornoit à six.

L’entrechat employe deux mesures ; la premiere sert au coupé ; la seconde à l’élancement du corps, au battement & au tomber.

Il se fait de face, en tournant, & de côté ; & on lui donne alors ces noms différens.

Deruel danseur de l’opéra du dernier siecle, faisoit la capriole en montant, & l’entrechat en tombant.

Peu de danseurs, même fameux alors, faisoient l’entrechat, pas même celui à quatre, qu’on appelle improprement demi-entrechat.

J’ai vû naître les entrechats des danseuses ; mademoiselle Salley ne l’a jamais fait sur le théatre ; mademoiselle Camargo le faisoit d’une maniere fort brillante à quatre ; mademoiselle Lany est la premiere danseuse en France qui l’ait passé au théatre à six.

J’ai entendu dans les commencemens de grands murmures sur l’agilité de la danse moderne : Ce n’est pas ainsi, disoit-on, que les femmes devroient danser. Que devient la décence ? O tems ! ô mœurs ! Ah, la Prevôt ! la Prevôt… ! Elle avoit les piés en-dedans & des jupes longues, que nous trouverions encore aujourd’hui trop courtes. (B)

ENTRE-COUPE, s. f. (Coupe des pierres.) intervalle vuide entre deux voûtes qui sont l’une sur l’autre, ensorte que la doüile de la supérieure enveloppe l’extrados de l’inférieure, laquelle est quelquefois ouverte, comme au dome des Invalides à Paris.

On fait souvent des entre-coupes pour suppléer à la charpente d’un dome, en élevant une voûte pour la décoration extérieure au-dessus de la premiere, qui paroîtroit trop écrasée au-dehors, comme à S. Pierre de Rome & en plusieurs autres églises d’Italie. (D)

ENTRE-COUPER, (S’) SE COUPER, S’ENTRE-TAILLER, v. pass. Manége, Maréchall. expressions qui ne signifient qu’une seule & même chose, & par le moyen desquelles nous désignons l’action du cheval qui en cheminant s’atteint à la partie latérale interne du boulet, & quelquefois à sa portion postérieure.

Les causes de ce vice sont, 1°. la foiblesse naturelle : l’animal dont les reins seront foibles & les membres peu proportionnés, s’entre-coupera infailliblement. 2°. Un vice de conformation : tout cheval mal planté & défectueusement situé sur ses jambes, soit qu’il soit serré, soit qu’il soit cagneux ou panard (voyez Jambes), soit enfin qu’il soit crochu en-dedans ou en-dehors (voyez Jarrets), ne pourra que se couper. 3°. La lassitude : aussi voyons-nous que nombre de chevaux s’entre-taillent à la suite d’un long voyage. 4°. La paresse : ainsi les barbes, dont l’allure est communément froide, s’entre-coupent quand on les mene en main. 5°. Le défaut d’habitude de cheminer : car des poulains qui n’ont pas été exercés, se coupent & même s’attrapent dans les commencemens qu’on les travaille. 6°. Enfin une vieille, une mauvaise ferrure, ou des rivets qui débordent, puisqu’il est incontestable que la source la plus ordinaire de l’entre-taillure, est dans l’impéritie ou dans la négligence du maréchal.

Il faut au surplus considérer qu’il y a une très grande différence entre un cheval qui s’entre-taille,