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Quelques auteurs conseillent de se servir du verdet ou de l’alun, d’autres du précipité rouge, quelques autres ne craignent point de toucher cette excroissance avec l’esprit de vitriol ; mais l’usage de tous ces catherétiques est dangereux, parce que l’application n’en peut pas être assez juste pour ne pas s’étendre un peu aux environs, ce qui peut occasionner des accidens ; il est plus-prudent de les étendre avec d’autres remedes plus doux, pour affoiblir leur action. L’encanthis résiste souvent à tous les remedes ; il faut alors en faire l’extirpation de la maniere suivante. On passe à-travers de l’excroissance une aiguille courbe, enfilée d’un fil ciré, avec lequel on fait une anse que le chirurgien tient avec sa main gauche, tandis qu’avec la droite il tient une lancette ou un petit bistouri dont il cerne la base de la tumeur, ou bien il la coupe avec la pointe des ciseaux. On met ensuite un peu de poudre de sucre candi dans l’œil, & par-dessus des compresses trempées dans un collyre rafraîchissant. S’il survenoit inflammation, on saigneroit le malade, & on y remédieroit par les moyens convenables. Voy. Ophthalmie. (Y)

* ENCANTRER, terme de Fabrique des étoffes de soie ; c’est ranger les canons dans la cantre, passer les brins de soie dans les boucles de verre, de façon que l’ourdisseuse soit prête d’ourdir sa chaîne.

Encantrer se dit encore des roquetins servant au velours, lorsqu’on les distribue dans la cantre, & le mot encantrer est proprement affecté à cette opération ; au lieu que quand il s’agit d’ourdissage, on dit embanquer. Voyez Embanquer.

ENCAPÉ, adj. (Marine.) terme dont se servent les Marins pour dire qu’ils sont avancés entre les caps dans de certains parages, par exemple entre Oüessant & Finisterre ; comme ils disent décapé, lorsqu’ils s’éloignent de certaines terres ou golfes, & qu’ils sont hors des caps les plus avancés. (Z)

ENCAPUCHONNER, (S’) S’ARMER, v. pass. & termes synonymes, (Manége.) L’un & l’autre expriment l’action d’un cheval qui, pour ne point consentir à l’effet des renes, déplace sa tête & baisse le nez, en le ramenant en-arriere de la ligne perpendiculaire sur laquelle il devroit être.

Je crains fort que M. de la Broue n’ait erré, lorsqu’il a voulu remonter aux raisons de l’application du mot armer usité dans ce sens. Il prétend que cette expression n’a été employée que parce que le cheval, dans cette position, présentant le haut du front, doit donner dans une troupe serrée avec beaucoup plus d’assûrance que s’il avoit le nez legerement en-avant : car il semble, dit-il, que le cheval se met en garde pour vouloir heurter ou soûtenir un choc ; c’est pourquoi on nomme cette posture s’armer. Quelque respectable que puisse être l’autorité de cet homme aussi malheureux que célebre, je ne puis m’empêcher de penser que nous n’avons adopté en pareil cas le terme dont il s’agit, que parce que l’animal, dans cette attitude, s’arme précisément contre le cavalier, puisque dès-lors il défend ses barres, ses levres, sa langue, sa barbe, & se soustrait à tous les mouvemens de la main.

En effet, en baissant ainsi la tête, il appuie les branches du mords ou contre son encolure, ou contre son poitrail ; or comme la main n’a de pouvoir & d’empire qu’autant qu’elle peut transmettre ses impressions jusque dans la bouche, & qu’elles ne sauroient y parvenir & s’y manifester que par le moyen des branches, qui sont le levier qu’elle doit mouvoir, il suit de leur appui & de leur fixation contre ces parties du corps de l’animal, que toutes ses opérations sont inutiles, & qu’elles se trouvent constituées dans une entiere impuissance.

Les chevaux dont l’encolure est foible & débile, sont plus portés à s’encapuchonner que les autres.

Il est assez difficile de remédier à cette imperfection, sur-tout quand le cheval en a contracté l’habitude, & qu’il a reconnu tous les avantages qu’il peut retirer d’une semblable défense ; car il n’est, pour ainsi dire, aucune action de la main qui puisse véritablement porter le nez de l’animal en-avant, elles paroissent toutes plûtôt propres à le ramener. Nous trouvons cependant une ressource contre le cheval qui s’arme, lorsque nous rendons l’angle que forment l’extrémité inférieure des renes & le bas des branches, beaucoup plus aigu par l’élévation & par le port de notre main en-avant. L’effet de ce changement de position est tel, que l’embouchure, non-seulement en appuyant sur les barres, mais en remontant & en les froissant, contraint l’animal de se relever, & le desarme. Cette voie une fois découverte, il s’agit encore de l’employer dès que le cheval tend à s’armer de nouveau, & avant qu’il se soit encapuchonné : une grande attention à pratiquer ainsi, pourroit peut-être corriger entierement ce défaut, qui a engagé nombre d’écuyers à chercher vainement dans des embouchures de plusieurs especes, dans des billots cannelés & arrêtés dans les sous-gorges, dans des boules de bois placées à l’angle de l’os maxillaire inférieur, dans des pointes fixées au bas des branches, &c. des moyens qui ne leur ont jamais réussi.

Le bridon peut être aussi, dans de pareilles circonstances, d’une véritable utilité. (e)

ENCARDIA, s. f. (Hist. nat.) pierre dont parle Pline, & dont il distingue trois especes ; dans la premiere on voit la figure d’un cœur tout noir & en relief ; la seconde représente un cœur verd ; dans la troisieme on voit un cœur noir, tandis que le reste de la pierre est blanc. Boëtius de Boot, de lapid. & gemmis.

ENCASSURE, s. f. terme de Charronnage. Les Charrons se servent de ce mot pour exprimer une entaille qu’ils font au lisoir de derriere & à la sellette de devant, pour y placer les essieux des roues, qui s’y trouvent ainsi enchâssées. Voy. Planche du Charron, la figure qui représente un avant-train de carrosse.

ENCASTELÉ, adj. cheval encastelé, (Manége.) On doit distinguer le cheval encastelé de celui qui tend à l’encastelure ; les talons du premier sont extrèmement resserrés, les talons du second ont du penchant à se retrécir. Les piés de devant s’encastelent, & non ceux de derriere, parce que ceux-ci sont continuellement exposés à l’humidité de la fiente & de l’urine de l’animal. Voyez Encastelure. (e)

ENCASTELURE, s. f. (Man. Maréch.) maladie dont sont atteints les piés de devant des chevaux.

Elle consiste dans un retrécissement extrème des talons auprès de la fente de la fourchette ; ils se rapprochent si intimement, qu’ils semblent, en rentrant l’un dans l’autre, n’en former qu’un seul. Alors les parties molles situées entre l’ongle & l’os du petit pié, souffrent tellement de la compression occasionnée par ce resserrement, que non-seulement il en résulte une douleur très-vive, qui est décelée par la chaleur du pié & par la claudication, mais des suites & des accidens funestes, tels que des suppurations intérieures, des reflux de la matiere à la couronne, la corruption des portions ligamenteuses, tendineuses, aponévrotiques, &c.

L’encastelure est plus commune dans les chevaux fins & de legere taille, que dans tous les autres : les chevaux d’Espagne y sont très-sujets. Elle ne provient quelquefois que d’un talon, & dans ce cas le resserrement est plus ordinairement dans celui de de-