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garderez soigneusement pour le besoin, & que vous aurez attention de renouveller chaque année ».

Il peut arriver aussi que l’inflammation soit très considérable, alors on saignera l’animal : de plus, s’il survient des fongosités, on employera, lorsqu’il n’y aura plus d’inflammation, de foibles consomptifs pour les détruire, tels que l’alun brûlé, mêlé avec le miel, & même avec l’ægyptiac si ces fongosités sont d’un certain volume. Enfin, dans le cas de l’écorchure simple & sans complication de chaleur & de douleur, on se contentera de laver la partie malade avec du vin chaud, de la saupoudrer avec de la céruse, ou de la froter avec les mélanges dessiccatifs & adoucissans dont j’ai fait mention, &c.

Les contusions occasionnées par l’embarrure, ne different de celles qui sont le produit de l’impression subite & du heurt de quelques corps durs & obtus, qu’en ce que communément le frotement de la partie sur la barre, suscitant une érosion, elles s’annoncent par une tumeur avec solution extérieure de continuité. Il n’est pas néanmoins absolument rare que cette tumeur soit sans déperdition de substance, & sans ouverture à la peau.

Lorsque la contusion se borne au tégument ou au corps graisseux, elle est regardée comme une meurtrissûre, & n’est suivie d’aucun accident fâcheux : l’eau fraiche, l’eau-de-vie & le savon sont des remedes capables d’en opérer l’entiere guérison ; il n’en est pas de même lorsqu’elle s’étend dans les parties charnues, ou qu’elle est accompagnée de la foulure des tendons ou des ligamens, de la dilacération du tissu interne, du froissement, de la compression des vaisseaux, de la stagnation des liqueurs dans leurs canaux, de leur extravasion, &c. Ces différentes complications nous sollicitent à un traitement plus méthodique, & dans lequel nous devons toûjours nous guider par la variété des symptomes & des circonstances. 1°. De fortes contusions, surtout dans la partie la plus élevée de l’extrémité, s’enflamment le plus souvent & suppurent. J’ai ouvert nombre d’abcès provenans de cette seule & unique cause. 2°. Les tendons ou les ligamens sont-ils contus & foulés ? la douleur vive à laquelle l’animal est en proie, la difficulté qu’il a de se mouvoir, nous l’annonceront ; & ces mêmes signes réunis & joints à celui qui résulte du volume & de l’étendue de la tumeur, nous indiqueront encore tous les autres accidens qui ont eu lieu dans l’intérieur du membre embarré.

Dans les uns & les autres de ces cas, la saignée à la jugulaire est indispensable. Selon l’ardeur de l’inflammation & la vivacité de la douleur, on appliquera des cataplâmes anodyns faits avec de la mie de pain boüillie dans du lait, à laquelle on ajoûtera des jaunes-d’œufs, du safran & de l’onguent populeum ; par le secours de ces médicamens, on satisfera aux premieres intentions que l’on doit avoir, puisqu’on s’opposera d’une part à l’affluence des humeurs sur la partie tuméfiée, & de l’autre, aux progrès de l’inflammation qu’il faut absolument s’efforcer d’appaiser. Ces deux objets étant remplis, on n’oubliera rien pour délivrer la partie des humeurs qui s’y seront accumulées. On débutera d’abord par les remedes résolutifs, tels que les cataplâmes faits avec racine d’iris, de bryone, de chacune deux onces ; sommités d’absynthe & d’auronne, fleurs de camomille & de sureau, de chacune une poignée ; semence d’aneth, fénugrec & cumin en poudre, de chacun une once ; sel ammoniac, quatre dragmes : on fera cuire le tout dans du gros vin, on pilera ensuite le marc, on y mêlera de l’axonge humaine, ou de l’axonge de cheval & du safran, de chacun deux dragmes pour le cataplâme que l’on appliquera chau-

dement sur la partie, ou tel autre semblable qui

aura les mêmes vertus & la même efficacité. En frotant encore la tumeur avec les résolutifs spiritueux, ou avec l’esprit de matricaire & le baume nervin, ou en mettant en usage les bains résolutifs aromatiques, on pourra opérer la résolution. S’il y a enfin épanchement ou infiltration d’humeur, & que cette voie que l’on doit toûjours préférer à toute autre, soit impossible ; on facilitera la suppuration par l’onction de l’onguent basilicum, ensuite on ouvrira la tumeur. Voyez Tumeur. Souvent les épervins, les courbes, les suros, sont provoqués par les embarrures. Voy. Eparvins, Suros. J’ai vû de plus ensuite d’un pareil accident, un gonflement énorme & une obstruction considérable du tissu vasculaire qui compose la masse des testicules. Voyez Testicule.

Pendant l’administration des remedes que je viens de prescrire, on doit tenir l’animal à un régime exact, à l’eau blanche, au son, lui administrer des lavemens émolliens, &c. & selon le dépôt qui en sera résulté, le purger pour terminer le traitement. (e)

EMBASE D’ENCLUME. On appelle ainsi un ressaut qui se trouve à quelques enclumes lorsque la table n’est point de niveau avec la bigorne, soit que celle-ci soit ronde ou quarrée, étant d’un pouce ou environ plus basse que la table de l’enclume. Ces sortes d’enclumes servent aux Taillandiers, & à leur défaut ils se servent d’enclumes ordinaires. (D)

EMBASEMENT, s. m. en Architecture, est un espece de base sans moulure, ou socle continu au pié d’un édifice, on l’appelle en grec stereobate, terme qui comprend en général toute sorte de structure solide destinée à soûtenir une autre partie d’un édifice moins massive. (P)

EMBATONNÉ, adj. terme de Blason. On dit qu’une colonne est cannelée & embâtonnée, pour dire que ses cannelures sont remplies de figures de bâtons, jusqu’à une certaine partie de son fust.

EMBATTOIR, s. m. (Maréch. gros.) Voyez Embattre ; c’est une fosse dans laquelle les maréchaux grossiers mettent les roües qu’ils veulent ferrer. Anciennement dans Paris les embattoirs étoient placés dans les rues au-devant des boutiques de ces ouvriers ; mais la police a réformé cet abus. (D)

EMBATTRE, v. act. (Maréch. gros.) C’est le nom que l’on donne à la manœuvre par laquelle on garnit une roüe de voiture de ses bandes de fer. Il y a deux manieres de ferrer les roües : l’une avec autant de bandes de fer qu’il y a de jantes à la roüe, c’est celle que nous allons expliquer ; l’autre maniere consiste à ferrer la roüe avec un cercle de fer d’une seule piece, ce qui se fait avec l’aide du diable (voyez Diable). Pour embattre ou ferrer une roue, on la place dans l’embattoir qui est une fosse de 6 à 7 piés de long sur un de large & environ 3 piés de profondeur : cette fosse doit être bien maçonnée ou garnie d’un corroi de glaise, afin qu’elle puisse tenir l’eau dont on la remplit, & dont on verra l’usage ci-après. Cette fosse ou embattoir est bordé au rez-de-chaussée d’un fort chassis de charpente qui assûre la maçonnerie ; on place donc la roue dans cette fosse, ensorte qu’elle y soit plongée à moitié, & que les deux bouts du moyeu portent sur le chassis de charpente. Dans cet état on applique une des bandes de fer qui doivent être rougies au feu, sur les jantes de la roue, ensorte que le milieu de la bande réponde juste sur le joint de deux jantes contigues ; on frappe de grands clous par les trous des barres qui par ce moyen se trouvent assujetties sur les jantes. On fait rougir les barres afin qu’elles se plient & s’appliquent mieux à la circonférence de la roue ; mais comme ordinairement le feu y prend