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dans un acte, ou du nom de quelqu’un qu’on a ôté d’une liste, d’un tableau, &c. Le mot biffer est absolument de style d’arrêt ; on ordonne, en parlant d’un accusé, que son écrou soit biffé, &c. Lorsque la partie ôtée d’un écrit est considérable, on se sert du mot de supprimer ou ôter, & non d’aucun des quatre qui font le sujet de cet article. Enfin effacer est du style noble, & s’employe en ce cas au figuré : effacer le souvenir, &c. (O)

Effacer, v. act. & neut. (Escrime.) c’est déplacer par un mouvement de corps le point que l’ennemi ajuste.

Pour effacer, on tourne l’axe des épaules à gauche dans l’instant qu’on pare au-dedans des armes, & à droite, dans l’instant qu’on pare au-dehors. Voyez Parer quarte et tierce, &c.

On ne doit pas entendre par effacer, cacher une partie de son corps à l’ennemi, mais bien une partie de son corps à la direction de son estocade ; c’est pourquoi il faut indispensablement effacer sur tous les coups qu’il porte.

EFFARÉ ou EFFRAYÉ, adj. en termes de Blason, se dit d’un animal qu’on représente s’élevant sur les piés de derriere, comme s’il étoit effrayé.

Gleispach en Allemagne, d’azur au cheval effaré d’argent, mouvant d’une monticule de synople.

EFFECTIF, adj. qui est réel & positif. Dans le Commerce, un payement effectif est celui qui se fait véritablement & en deniers comptans, ou effets équivalens. Diction. de Comm. de Trév. & de Chamb. (G)

EFFECTION, s. f. en termes de Géométrie, signifie la construction des problèmes ou équations. Voyez Construction, Lieu, Courbe. Ce terme commence à n’être plus fort en usage. (O)

EFFECTIVEMENT, EN EFFET, synonym. (Gram.) ces deux mots different, 1° en ce que le second est plus d’usage dans le style noble, & le premier dans la conversation : 2° en ce que le premier sert seulement à appuyer une proposition par quelque preuve, & que le second sert de plus à opposer la réalité à l’apparence. On dit : il est vertueux en apparence, & vitieux en effet. (O)

EFFECTUER, EXÉCUTER, synon. (Gram.) ces deux mots different en ce que le premier ne se dit guere que dans la conversation, & en parlant d’une parole qu’on a donnée. On dit effectuer sa promesse, & exécuter une entreprise. (O)

* EFFEMINÉ, adj. qui tient du caractere foible & délicat de la femme. Le reproche est réciproque ; on n’aime point à rencontrer dans une femme les qualités extérieures de l’homme, ni dans l’homme les qualités extérieures de la femme. L’expérience nous a fait attacher à chaque sexe un ton, une démarche, des mouvemens, des linéamens qui leur sont propres, & nous sommes choqués de les trouver déplacés. Dans les langues anciennes orientales l’acception de ce mot étoit fort différente ; on appelloit efféminés, des hommes consacrés à de fausses divinités en l’honneur desquelles ils se prostituoient : ces victimes singulieres avoient des loges au fond des forêts, connues sous le nom d’ædiculæ effeminatorum.

EFFENDI, s. m. (Hist. mod.) en langue turque signifie maître. On donne quelquefois ce titre au mufti & aux émirs ; les secrétaires ou maîtres d’écriture le prennent aussi, & il semble désigner particulierement leur office. En général, tous ceux qui ont étudié, les prêtres des mosquées, les gens de lettres, & les jurisconsultes ou gens de robe, sont décorés de ce titre. On nomme le grand chancelier de l’empire, rai effendi. Ricaut, de l’Empire Ottoman, & Chambers. (G)

EFFERDING, (Géog. mod.) ville de la Haute-Autriche en Allemagne. Long. 31. 48. lat. 48. 18.

EFFERVESCENCE, s. f. (Chimie.) Les Chimistes désignent par ce mot l’agitation intérieure qu’éprouve un liquide dans le sein duquel s’opere actuellement l’union chimique de certaines substances.

Les substances connues qui s’attachent avec effervescence, sont l’eau en masse jettée sur la chaux vive, & les acides appliqués aux alkalis, soit salins, soit terreux ; aux substances métalliques, aux matieres huileuses, & à certains sels neutres.

L’effervescence a lieu, soit que les deux matieres qui contractent union, soient avant leur mélange résoutes en liqueur ; soit que l’une des deux seulement soit liquide. Mais il est essentiel à l’effervescence que l’une de ces deux substances soit liquide ; premierement, parce que c’est une circonstance nécessaire pour la dissolution ou union (V.) ; secondement, parce que l’effervescence ne peut avoir lieu proprement que dans un liquide, comme il paroît par la définition, & comme on va le voir clairement.

Le mouvement de l’effervescence consiste en la formation d’un nombre considérable de bulles qui se succedent rapidement, & qui s’élevent à la surface du liquide, où elles crevent en lançant à une certaine distance des molécules du même liquide. La surface du liquide effervescent est sensiblement couverte d’un nombre prodigieux de petits jets, ou d’une pluie qui s’en détache, & qui y retombe.

Cet effet est dû manifestement à l’éruption d’un fluide leger & élastique. M. Musschenbroeck qui a fait sur les effervescences des expériences dont nous allons parler dans un instant, l’appelle une matiere élastique semblable à de l’air : M. Hales a démontré que c’étoit du véritable air.

Je pense que l’air dégagé dans les effervescences, étoit uni, lié, combiné chimiquement avec l’un des deux corps qui contractent union, ou avec tous les deux, & par cela même fixe, ou non élastique (voyez Mixtion) ; & non pas entortillé, devidé, ou roulé sur les parties de ces corps, & qu’il étoit dégagé par leur union, selon les lois de la précipitation ou des affinités. C’est sur ce point de vûe que j’ai considéré l’effervescence, lorsque je l’ai appellée une précipitation d’air, dans un mémoire sur les eaux minérales de Selters, présenté à l’académie royale des Sciences en 1750. Voyez mém. présentés à l’acad. royale des Sciences, tome II. analyse des eaux minérales de Selters, premier mémoire.

C’est donc se faire une idée très-fausse de l’effervescence, que de regarder le mouvement qui la constitue, comme l’effet de la grande force d’attraction avec laquelle les deux corps à unir tendent l’un vers l’autre, des chocs violens qu’ils operent & qu’ils essuient, des rejaillissemens, &c. & en général, que de l’attribuer directement aux corps mêmes qui s’unissent (voyez l’article Chimie, pag. 415. col. 2.) ; car il existe des unions sans effervescence, quoiqu’elles soient opérées bien plus rapidement que celle de plusieurs corps qui se dissolvent avec effervescence : celle de l’huile de vitriol & de l’eau de la premiere espece. Je cite à dessein celle-ci, parce que quelques auteurs ont appellé effervescence l’action réciproque de l’eau & de l’huile de vitriol, que Frideric Hoffman, par exemple, propose comme une découverte la qualification d’effervescence qu’il a donnée à cette action.

L’effervescence est ordinairement accompagnée d’une espece de sifflement ou de pétillement, & de chaleur : je dis ordinairement, parce que les effervescences legeres ne sont pas accompagnées d’un bruit sensible, & qu’on a observé des effervescences sans production de chaleur, & même avec production réelle de froid.

Le pétillement s’explique bien aisément par l’é-