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son allure ou son air, & partage son attention entre le bruit ou l’objet qui le frappe, & les impressions qui résultent des opérations de celui qui l’exerce. Soit que le sens de l’oüie, soit que le sens de la vûe soient émûs, la distraction de l’animal est désignée non-seulement par son rallentissement, mais par le mouvement de ses oreilles qu’il présente, & qu’il porte ensemble ou séparément en-avant ou en-arriere ; & c’est précisément cet indice constant dans de pareilles circonstances qui lui a mérité l’épithete d’écouteux.

Rien n’est plus important au surplus que de maintenir les chevaux que l’on travaille, dans une telle attention, qu’ils puissent parfaitement entendre & comprendre ce que l’on exige d’eux ; & l’on reconnoît le véritable homme de cheval, à l’attention qu’il apporte lui-même pour en être lui seul écouté : il n’y parvient qu’autant que toutes ses actions sont mesurées & proportionnées à la nature de l’animal, & qu’il sait les lui faire goûter, les lui rendre agréables, & non les lui faire craindre : que si, malgré toutes les précautions qu’il prend pour y réussir, le cheval tombe de tems en tems dans des distractions, il doit soigneusement l’avertir en approchant plus ou moins les jambes, en lui faisant redouter les châtimens qui suivent les aides de ces parties, quand elles sont administrées en vain ; & en le châtiant enfin avec le fer, supposé qu’il persiste & qu’il persévere dans son inapplication. Du reste on doit penser qu’il est des chevaux plus distraits les uns que les autres ; il faut aussi beaucoup plus de tems pour frapper leur mémoire & leur intelligence. (e)

* ECOUTILLE, s. f. (Marine.) ouverture du tillac, par laquelle on descend dans l’intérieur du vaisseau. On donne le nom d’écoutillon à une petite ouverture pratiquée dans les écoutilles mêmes. Voyez l’article Ecoutillon. C’est par les écoutilles qu’on tire les gros fardeaux. C’est par les écoutillons que les personnes passent. Il y a l’écoutille de la fosse aux cables, entre le mât de misaine & la proue ; l’écoutille des soutes, entre l’artimon & la poupe ; la grande écoutille, entre le mât de misaine & le grand mât ; & l’écoutille des vivres, ou du maître valet, entre le grand mât & l’artimon.

L’écoutille est une ouverture quarrée & faite comme une trape, pour descendre sous le pont : elle est bordée par les hiloires. Voyez l’article Hiloire. Les écoutilles pratiquées dans un vaisseau, & dont on vient de nommer les principales, ont pour objet de faciliter la communication avec les différentes parties, comme on peut le voir dans la Pl. IV. Marine, fig. 1. à laquelle nous allons renvoyer pour voir la disposition de ces différentes écoutilles.

La grande écoutille, cottée 79. entre le grand mât & le mât de misaine, plus près du premier.

L’écoutille aux cables, cottée 80. plus près du mât de misaine.

L’écoutille aux vivres, 81. entre le grand mât & l’arriere.

L’écoutille aux poudres, 82. à l’arriere.

Ecoutille de la fosse aux lions, 83. à l’avant.

Ecoutille de la soute du canonnier, 84. à la poupe.

Fermer les écoutilles, c’est fermer le fond de cale d’un vaisseau, afin qu’on ne puisse y entrer ; ce que l’on fait ordinairement lorsqu’un armateur fait une prise. L’ordonnance de la Marine de 1681, tit. jx. ordonne au capitaine-armateur qui s’est rendu maître d’un vaisseau, d’en faire fermer les écoutilles ; & lorsque le navire est arrivé dans un port, les officiers de l’amirauté doivent les sceller de leur sceau, pour empêcher le divertissement des marchandises & effets qui se trouvent dans les prises. (Z)

ECOUTILLON, s. m. (Marine, ) ce sont des diminutifs des écoutilles, que l’on fait dans les pan-

neaux, c’est-à-dire dans les trapes ou portes qui ferment les écoutilles. (Z)

ECOUVILLON, s. m. (Art milit.) instrument qui sert à nettoyer l’ame ou l’intérieur du canon. Il est composé d’une tête, masse ou boîte de bois (car on lui donne tous ces noms), couverte d’une peau de mouton, montée sur un long bâton ou hampe. On s’en sert aussi pour rafraîchir l’ame du canon, quand il a tiré. Voyez Canon & Charge. Voyez aussi Pl. VI. de l’Art milit. fig. 6. la figure de l’écouvillon.

Les écouvillons I & G sont composés de peau de mouton formant une espece de balai ; & l’écouvillon H, qui est le plus ordinaire, d’une espece de brosse cylindrique attachée au bout de la hampe. (Q)

Ecouvillon, en terme de Boulanger, est un paquet de vieux linge lié au bout d’une perche, avec lequel on balaye les cendres qui sont dans le four. Voyez la figure 8. Planche du Boulanger.

ECOUVILLONNER, v. act, ou neut. c’est nettoyer ou rafraîchir le canon devant ou après qu’il a tiré.

Ecouvillonner, v. act. terme de Boulangerie, c’est balayer les cendres du four.

ECPIESME, s. f. en Chirurgie, c’est une espece de fracture au crane, où il y a plusieurs petites esquilles d’os qui compriment & blessent les membranes qui enveloppent le cerveau. Il faut enlever toutes ces pieces, & panser le trépan accidentel que forme l’enlevement des esquilles, comme on fait l’opération du trépan qu’on auroit pratiqué suivant les regles de l’art. Voyez Trépaner. (Y)

* ECPHRACTIQUES, adj. pris subst. médicamens apéritifs, auxquels on attribue la vertu d’ouvrir & de débarrasser les conduits excrétoires. Voy. Apéritifs.

ECRAIN ou ECRIN, s. m. (Arts.) terme synonyme à baguier ; petit coffre où les dames mettent leurs pierreries, & les curieux leurs pierres gravées.

Dans les beaux jours de la Grece & de Rome, les amateurs des pierres gravées desirant de les tenir continuellement en garde contre les frottemens, l’usure, & autres accidens qui pouvoient leur arriver, les conservoient précieusement avec leurs anneaux, leurs bagues & leurs cachets, dans une cassette portative qu’ils appelloient δακτυλιοθήκη, dactyliotheca. Nous ignorons comment étoient faites ces cassettes, mais cela nous importe fort peu.

Les écrains ou baguiers de nos jours, sont de petits coffrets ordinairement couverts de chagrin, dont l’intérieur est distribué en plusieurs rangs de petites cellules paralleles, & dressées en maniere de sillons. On y place les bagues & pierres gravées, de façon que le jonc posé debout, entre dans le fond du sillon, & la pierre ou le chaton pose horisontalement sur les rebords du sillon, dont les intervalles sont pour l’ordinaire couverts de velours. On a soin que le couvercle de l’écrain soit doublé d’étoffe mollette, & même garni d’une coüete ou de coton, afin que venant à se rabattre sur les pierres gravées, la compression ni le frottement ne puissent leur nuire.

Quand on ne possede pas un grand nombre de pierres gravées, on se contente de ces sortes d’écrains ou baguiers ; mais si la collection qu’on a faite de pierres gravées est nombreuse, on ne peut se dispenser de les ranger dans des layettes, c’est-à-dire dans de petits tiroirs plats, qui seront placés au-dessus l’un de l’autre dans une armoire faite exprès.

Ces layettes seront distribuées en-dedans, comme les écrains, & les pierres y seront disposées de la même maniere. Les gravures qui ne sont environnées que d’un cercle en façon de médaillon, seront mises dans quelques-uns de ces tiroirs qu’on aura réservés vuides, & sans aucunes loges, & y seront seule-