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ans aux leçons des cinq premiers professeurs nommés ci-dessus, qu’on nomme les professeurs des écoles, & prendre en même tems tous les six mois une inscription chez le doyen. Après ces quatre ans, si l’étudiant a atteint l’âge de vingt-trois ans au moins, il peut se présenter pour faire sa licence, pourvû qu’il soit muni de ses certificats d’étude en Medecine, & de ses lettres de maître ès Arts ; & il ne peut en être dispensé que dans le cas où il seroit déjà docteur de quelque faculté de ce royaume. Ce cours de licence qui dure deux ans & demi, ne s’ouvre que tous les deux ans au mois de Mars, & le public en est averti par des affiches.

Les candidats commencent par subir quatre examens pendant quatre jours dans la salle d’assemblée des docteurs-régens de la faculté, qui y sont seuls admis. Le premier de ces examens est sur la Physiologie, ou sur la nature de l’homme considéré dans l’état de santé ; le second sur l’Hygiene, ou sur tout ce qui a rapport à la conservation de la santé ; le troisieme sur la Pathologie, ou sur l’origine & la cause des maladies ; le quatrieme jour enfin on commente un aphorisme d’Hippocrate tiré au sort, & on répond aux objections dont les examinateurs le trouvent susceptible. Tout cela fini, les candidats qui en ont été jugés dignes, sont reçus & proclamés bacheliers. Ils assistent alors aux consultations qui se font tous les samedis dans cette faculté en faveur des pauvres, & écrivent les ordonnances.

Vers le mois de Juin suivant, les bacheliers se préparent à un examen sur la matiere médicale, c’est-à-dire sur les substances tirées du regne végétal, minéral & animal, qui sont en usage en Medecine. Cet examen dure quatre jours, pendant lesquels ils répondent aux diverses questions de chacun des docteurs, sur l’Histoire naturelle, les propriétés & la maniere d’agir de ces substances exposées aux yeux dans un ordre convenable.

Après la S. Martin commencent les theses quodlibétaires ; on les nomme ainsi parce que tous les bacheliers qui sont obligés d’assister à chacune de ces theses, y répondent sur le champ à une question quelconque proposée par les docteurs argumentans. Cette these est une dissertation courte & précise sur un point de Physiologie, au choix du président ou du bachelier qui la soûtient, & elle est de la composition de l’un des deux.

Au mois de Janvier ou de Février se fait l’examen d’Anatomie, qui dure une semaine entiere. Les bacheliers y démontrent sur le cadavre toutes les parties de l’Anatomie ; ils en expliquent la structure & les usages, Ils soûtiennent ensuite, vers le tems du carême, leur these cardinale, ainsi appellée pour avoir été établie par le cardinal d’Estouteville, lorsqu’en 1452 il fut envoyé par le pape pour travailler à la réformation des universités. Cette these cardinale doit rouler sur une question d’Hygiene, & les bacheliers sont les seuls qui y proposent des argumens à celui d’entr’eux qui la soûtient. Après la fête de S. Martin de cette seconde année, les bacheliers soûtiennent une autre these quodlibétaire sur la Pathologie ; & au mois de Décembre ou de Janvier suivant, ils subissent un examen sur toutes les opérations de Chirurgie, qu’ils exécutent de leurs propres mains sur des cadavres pendant six jours consécutifs. Vers le mois de Février ils soûtiennent leur quatrieme these, qui est aussi une quodlibétaire, comme les précédentes, & qui concerne une question Medico-chirurgicale.

Au mois de Juillet ou d’Août les bacheliers se présentent pour leur dernier examen, qui roule sur la pratique de la Medecine, comme étant l’objet de tous leurs travaux. Pendant cet examen, qui dure quatre jours, ils sont interrogés par chacun des docteurs

sur quelque maladie en particulier, dont ils exposent

les causes, les signes, le prognostic & le traitement. Si après tous ces actes probatoires les bacheliers ont été jugés dignes d’être admis, ils sont présentés publiquement par le doyen de la faculté au chancelier de l’université, dont ils reçoivent ensuite la bénédiction de licence, suivant la forme usitée dans l’université de Paris. Les docteurs assignent alors à chacun de ces nouveaux licentiés le rang qui leur convient, suivant leur degré de mérite ; & c’est dans cet ordre que leur nom se trouve placé sur la liste des docteurs, lorsqu’ils ont pris ce dernier degré. L’acte du doctorat n’est plus que la cérémonie avec laquelle le président donne le bonnet au licentié, & le nouveau docteur fait ensuite un discours de remerciment qui termine son triomphe. La veille de ce jour solemnel il se fait un acte qu’on nomme la vespérie, dans lequel le licentié qui doit être couronné le lendemain, discute une question de Medecine qui lui est proposée par un des docteurs, & le président prononce ensuite un discours dont l’objet est de faire connoître au licentié toute l’importance des fonctions de l’art qu’il va professer, & de lui exposer toutes les qualités qu’il doit avoir pour se rendre utile à ses concitoyens, & mériter leur estime & leur confiance.

Tels sont les degrés par lesquels on est élevé à la dignité de docteur en Medecine ; & pour acquérir les droits de régence, il suffit d’avoir présidé à une these : c’est ce dernier acte qui donne le titre de docteur-régent, & ce n’est qu’en cette qualité qu’on a voix délibérative aux assemblées de la Faculté, & qu’on peut y exercer toutes sortes d’actes magistraux.

Il semble que pour peu qu’on réfléchisse sur toute cette suite de travaux, qui sont autant de motifs propres à appuyer la confiance du public par rapport aux medecins, on ne pourra s’empêcher d’être étonné qu’il soit encore si souvent la dupe de tant d’empyriques aussi imposteurs qu’ignorans ; mais la négligence où l’on vit sur sa santé, qu’on s’accorde cependant à regarder comme le bien le plus précieux, paroît être une inconséquence si générale, que par-tout on la livre au premier venu, qu’on la sacrifie sans ménagement, & qu’on se consume en excès : en un mot, par-tout on trouve des charlatans ; & quoiqu’il y en ait beaucoup à Paris, il y en a encore davantage à Londres, la ville de l’Europe où l’on se pique de penser le plus solidement. La plûpart des hommes sont amoureux de la nouveauté, même en matiere de Medecine ; ils préferent souvent les remedes qu’ils connoissent le moins ; & ils admirent bien plus ceux qui annoncent une méthode singuliere & déréglée, que ceux qui se conduisent en hommes sages, & suivent le cours ordinaire des choses. Cet article est de M. Lavirotte, docteur en Medecine.

DOCTORAT, s. m. (Hist. mod.) titre d’honneur qu’on donne dans les universités à ceux qui ont accompli le tems d’étude prescrit, & fait les exercices nécessaires pour être promûs à ce degré. Voyez les articles Docteur, Docteur en Théologie, en Droit, en Medecine, &c.

DOCTRINE CHRÉTIENNE, (Hist. ecclésiast.) congrégation religieuse fondée par le B. César de Bus, natif de la ville de Cavaillon en Provence, dans le comté de Venaissin. La fin de cet institut est de catéchiser le peuple, & d’imiter les apôtres en enseignant les mysteres de notre foi. Le pape Clément VIII. approuva cette congrégation par un bref solennel. Paul V. par un autre du 9 Avril 1616, permit aux Doctrinaires de faire des vœux, & unit leur compagnie à celle des clercs réguliers Somasques, pour former avec eux un corps régulier sous un même général. Depuis, par un troisieme bref du pape Innocent