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virgules formant un angle dont le sommet est sur la circonférence concave du cylindre, éloignés l’un de l’autre de l’épaisseur de la roue. M. de Romilly prétend avoir rendu le sommet de l’angle que forment les plans, plus près du centre, en réduisant la circonférence concave. 3°. La roue a des chevilles rapportées à l’extrémité de ses dents, & perpendiculaires à chacun de ses plans. M. de Romilly prétend avoir tenté le premier de construire la roue, de façon que chaque dent porte deux chevilles d’une seule piece, ce qui lui permet d’échancrer les côtés de la dent pour l’utilité des grands arcs. 4°. Dans la marche d’une montre construite avec l’échappement à virgule, tel qu’il étoit lors de l’invention, les arcs, selon M. de Romilly, ne peuvent avoir plus de 150 ou 180 degrés d’étendue pour les plus grandes oscillations ; au-lieu qu’il prétend que dans l’échappement corrigé, les plus petites oscillations sont toûjours au-dessus de 240 degrés, & que les plus grandes vont à plus de 300 ; d’où M. de Romilly conclut qu’il y a diminution de frottement, meilleure œconomie de la force, plus de solidité, plus d’étendue dans les oscillations, dans l’échappement corrigé, &c....... avantages qui sont sans doute très-réels, sans quoi M. Caron, content du mérite d’inventeur, ne revendiqueroit pas celui de réformateur ; sed adhuc sub judice lis est. C’est apparemment ce qui a déterminé M. Le Roy, de qui est l’excellent article qui précede, à nous laisser le soin de cette addition. L’habile académicien a judicieusement remarqué qu’il ne lui seroit pas convenable de prévenir la compagnie, dont il est membre, dans la décision d’une question de fait portée devant elle : aussi ne la décidons-nous pas, nous nous contentons de l’annoncer par cet extrait du mémoire justificatif que M. de Romilly a présenté à l’académie. Si l’académie décide cette nouvelle contestation, & que nous ayons occasion de rapporter son jugement, nous n’y manquerons pas.

Echappement, ou échappement de marteau, se dit d’une petite palette ou levée ayant un canon qui entre à quarré ou se goupille sur les tiges des marteaux des montres ou pendules à répétition. c’est au moyen de ces échappemens que les dents de la piece des quarts agissent sur ces marteaux, pour les lever & les faire frapper. (T)

Mettre une montre ou une pendule d’échappement ou dans son échappement, signifie, parmi les Horlogers, donner une situation au balancier au moyen du ressort spiral, ou au pendule au moyen de la position de l’horloge, en conséquence de quoi les arcs de levée (voyez Levée) du balancier & du pendule, de chaque côté du point de repos, soient égaux.

On vient de voir par la description des différens échappemens des montres & des pendules, que les dents de la roue de rencontre agissent toûjours sur des palettes des plans droits ou des courbes, pour faire faire des vibrations au balancier ou au pendule ; ainsi, mettre une montre ou un pendule d’échappement, n’est autre chose que de placer le balancier ou le pendule, de façon que les dents de la roue de rencontre agissant successivement sur ces palettes ou sur ces courbes, se trouvent, dans l’instant qu’elles échappent, avoir fait parcourir au balancier ou au pendule un arc égal de part & d’autre du point de repos. Cette situation du balancier ou du pendule est fort importante ; car sans cela, pour peu que l’un ou l’autre soient un peu trop pesans par rapport à la force motrice, la montre ou le pendule seront sujettes à arrêter, parce que du côté où l’arc est le plus grand, le régulateur s’opposant avec plus de force au mouvement de la roue, pour peu qu’il y ait d’inégalité dans celle du roüage, cette derniere force ne devient plus en état de surmonter la résistance du ré-

gulateur, ce qui fait arrêter l’horloge. (T)

Echappement, se dit encore, en Horlogerie, de petites pieces ajustées sur les tiges des marteaux d’une montre à répétition, & qui servent comme de levier à la piece des quarts pour les faire sonner. Voyez e e, fig. 62. Pl. d’Horlogerie. (T)

ECHAPPER, (Marine.) Voyez Rames & Vorles.

Echapper, v. neut. (Jardinage.) se dit d’un arbre qui pousse avec trop de vigueur ; & comme il seroit dangereux de le laisser agir si vivement, un habile jardinier doit l’arrêter en coupant toutes les branches qui s’échappent trop. Voyez Taille. (K)

Echapper un cheval, le partir de la main, (Manége.) expressions synonymes : c’est solliciter & exciter l’animal à une course violente, rapide, & furieuse. Elle doit être plus ou moins longue selon le besoin du cheval ou la volonté du cavalier ; volonté qui suggerée, soit par la nécessité, soit par le goût, doit toûjours se concilier avec la nature, l’inclination & la capacité de l’animal que l’on travaille & que l’on exerce.

Il n’est pas douteux que la résolution & la perfection de la course ne soient une des plus belles parties que le cheval puisse avoir : elle en garantit le courage, le nerf, la légereté, l’obéissance, la franchise naturelle.

Son irrésolution dans cette action naît principalement des défauts opposés aux unes & aux autres de ces qualités. Elle peut donc reconnoître pour causés une timidité qui ne permet pas à l’animal de hasarder ses forces en courant ; la défiance qu’il a de celle de ses membres, en conséquence de quelqu’imperfection accidentelle ou naturelle, un défaut de vûe, trop de pesanteur, une paresse qu’il ne peut vaincre, des courses trop fréquemment répétées, des châtimens cruels réitérés & administrés le plus souvent mal-à-propos dans cette même leçon, une foiblesse considérable, quelquefois encore la force de ses reins ou d’une esquine naturellement trop roide & trop retenue, le peu de liberté de ses épaules, de ses hanches, la malice, la fougue, &c.

Un cheval parfaitement mis & exercé, s’échappe non-seulement avec vigueur, sur le champ & au moindre desir du cavalier, mais il conserve son union & son ensemble, il ne s’abandonne point sur la main ou sur les épaules, sa tête est constamment ferme & bien placée.

Quand on veut refléchir sur la véritable source & sur la différence des actions & des mouvemens dont cet animal est capable, on en découvre bien-tôt l’enchaînement & la dépendance. Le trot dérive du pas pressé, comme du pas écouté & soûtenu ; du trot déterminé & délié, comme du trot uni dérive encore le galop, & du galop dérive la course de vîtesse.

Ces deux dernieres allures ne sont autre chose qu’un saut en-avant. Quoique le nombre des foulées qui frappent nos oreilles, & la succession harmonique des jambes ne soient pas exactement les mêmes dans l’une & dans l’autre, ainsi que je l’ai démontré géométriquement dans un mémoire envoyé à l’académie royale des Sciences (voyez Manége), il n’en est pas moins certain qu’elles ne sont effectuées que par l’élancement total de la machine entiere en-avant, & cet élancement est encore plus apparent & plus visible dans le cheval échappé.

Si le galop est le fondement de la course, il s’ensuit qu’on ne doit entreprendre de partir de la main aucun cheval, qu’on ne l’ait long tems exercé à la leçon, qui est la base de celle dont il s’agit : or nous ne pouvons le conduire au galop, qu’autant que le trot vivement battu & diligemment relevé, lui en aura facilité l’exécution ; qu’autant que ses membres