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tre par leurs extrémités. Dans cet état son bras étant éloigné de son corps, & sa main élevée à une hauteur non excessive, mais proportionnée, il marchera droit devant lui, sans jamais envisager, s’il m’est permis d’user ici de cette expression, le cheval qui lui sera confié. S’il sent que l’animal commence à tirer, il résistera dans le moment, & lui cédera aussi-tôt après ; il résistera de nouveau, cédera encore, & le vaincra par ce moyen, quel que soit le genre de défenses qu’il médite. Du reste, comme il est très-peu de palefreniers en état de ménager une bouche, & que l’on doit sans cesse appréhender & redouter les sacades de leur part, il faut dégourmer le cheval pour en diminuer les effets, toûjours plus funestes lorsque ce second point de résistance n’est pas supprimé, & fixe plus violemment l’appui de l’embouchure sur les barres. (e)

ECHAPPÉE, sub. f. en Architecture, se dit d’une hauteur suffisante pour passer facilement au-dessous de la rampe d’un escalier, pour descendre ou monter. En latin, diverticulum. (P)

ECHAPPEMENT, s. m. (Horlogerie.) c’est une partie essentielle des horloges ; il se dit en général de la méchanique par laquelle le régulateur reçoit le mouvement de la derniere roue, & ensuite le suspend ou réagit sur elle, afin de modérer & regler le mouvement de l’horloge.

Les artistes distinguent deux sortes d’échappemens ; dans les uns, dont l’origine est très-ancienne & même inconnue, la roue de rencontre agit continuellement sur le régulateur, soit pour en accélérer, soit pour en retarder la vîtesse : dans les autres, elle n’agit que pour accélérer les vibrations, & non pour les retarder, si ce n’est par les frottemens. Les roues & les aiguilles des horloges où les premiers sont employés, ont un mouvement retrograde à chaque vibration, en conséquence de quoi on les a nommés échappemens à recul : celles des horloges où l’on fait usage des derniers, ont toûjours un mouvement progressif, excepté que chaque vibration est suivie d’un petit repos, ce qui les a fait nommer échappemens à repos ; ceux-ci doivent leur naissance à l’invention du ressort spiral & du pendule, & peuvent s’appliquer en général à tous les régulateurs qui font des vibrations sans le secours de la force motrice. Leur disposition est telle, qu’elle ne peut avoir lieu pour les régulateurs, qui, comme le simple balancier, ne font des vibrations qu’à l’aide d’un moteur étranger ; c’est ce que l’on concevra facilement par les descriptions suivantes.

Le but que les habiles artistes se proposent dans un échappement quelconque, c’est d’obvier aux défauts qui peuvent se rencontrer dans la puissance régulatrice & dans la force qui entretient son mouvement : c’est dans cette vûe qu’ils disposent ces échappemens, de façon que le régulateur étant donné, il devienne aussi puissant & aussi actif qu’il est possible, & qu’il éprouve dans ses vibrations le moins de frottement qu’il se peut.

Les Horlogers ont aussi égard, dans la construction de leurs échappemens, à l’espece de régulateur qu’ils employent ; par exemple, les petits arcs d’un pendule approchant beaucoup plus de l’isochronisme que les grands, les artistes intelligens font ensorte que l’échappement d’un pendule ne permette que de très-petits arcs ; les grandes oscillations s’achevant en plus de tems que les petites, ils tâchent aussi de compenser par la même voie les erreurs qui pourroient naître de ces différences. Si l’horloge est destinée à éprouver du mouvement, ils font encore leurs efforts pour que son échappement la rende peu susceptible de variations par cette cause ; s’ils prévoyent qu’elle doive se trouver dans différentes situations, comme une montre qui tantôt est pendue,

tantôt sur le fond de sa boîte, & quelquefois sur le crystal, ils disposent l’échappement de maniere qu’il ne soit sujet à aucun changement par ces différentes positions.

Les savans horlogers n’apportent pas de moindres attentions, pour que leur roüage soit peu fatigué par le régulateur : cela donne à leur horloge d’excellentes propriétés ; elle en devient plus durable, l’état de la machine reste plus constant, plus uniforme, & elle est par conséquent susceptible d’une plus grande régularité : ce sont des avantages considérables, qui se rencontrent particulierement dans les échappemens à repos.

Les quatre échappemens dont on fait aujourd’hui le plus d’usage, réunissant assez parfaitement toutes les propriétés dont nous venons de parler, nous nous bornerons à leur description, sans entrer dans un détail inutile sur tous ceux qu’on a imaginés ou qu’on pourroit imaginer d’après les mêmes principes ; tous ces échappemens, quoique différens en apparence des quatre premiers, étant toûjours les mêmes pour le fond.

Description de l’échappement ordinaire ou à verge. Le plus ancien des échappemens, qui est en même tems le plus communément usité dans les montres, passe avec justice pour une des plus subtiles inventions que la méchanique ait produit. La roue de rencontre (figure 27.) est posée de telle sorte, que son axe coupe perpendiculairement la tige du balancier, sur cette tige, à laquelle on a donné le nom de verge, s’élevent deux petites ailes ou palettes qui forment entr’elles un angle d’environ 90 degrés. Elles viennent s’engager dans les dents de la roue, dont le nombre est impair, afin que l’axe du balancier répondant par sa partie supérieure, par exemple, à une de ces dents, il réponde par l’inférieure au point opposé entre deux de ces mêmes dents.

Effet de cette construction. La montre étant remontée, la pointe de la dent qui appuie sur l’une des palettes, la fait tourner jusqu’à ce qu’elle la quitte, pendant que la seconde palette, qui ne trouve aucun obstacle, s’avance en sens contraire dans les dents opposées, & rencontre la plus voisine de ces dents, au même instant ou un peu après que la premiere palette est abandonnée ; alors le régulateur, par son mouvement acquis, fait retrograder la roue de rencontre & tous les autres mobiles, ce qu’il continue de faire, jusqu’à ce qu’ayant consumé toute sa force, il cede enfin à l’action de la roue, qui pour lors le chasse de nouveau, en agissant sur la seconde palette comme elle avoit fait sur la premiere ; il en est ainsi du reste des dents.

Par cette disposition, le régulateur ne permet aux roues de se mouvoir, qu’autant qu’elles le mettent elles-mêmes en mouvement, & lui font faire des vibrations. Il suit de cette construction, 1°. que le balancier, ou tout autre modérateur, apporte une résistance au roüage, qui l’empêche de céder trop rapidemment à l’action de la force motrice : 2°. que les roues (abstraction faite de l’action du roüage) s’échappant plus ou moins vîte, selon la masse du régulateur ou le nombre de ses vibrations, on peut toûjours déterminer par-là celles qui portent les aiguilles, à faire un certain nombre de tours dans un tems donné : enfin par le moyen de cet échappement, lorsque le régulateur a été mis en mouvement par la force motrice, il réagit sur les roues, & les fait retrograder proportionnellement à la force qui lui a été communiquée ; d’où il résulte une sorte de compensation dans le mouvement des montres, indépendamment même du ressort spiral, la plus grande force motrice du roüage qui devroit les faire avancer, étant toûjours suivie d’une plus grande réaction du balancier qui tend à les faire retarder.

Nous pourrions entrer ici dans un examen pure-