Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 5.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on ôte la confusion des branches d’un arbre pour le soulager, pour lui faire rapporter de plus beaux fruits, de meilleur goût, & pour le faire durer plus long-tems.

La Quintinie veut qu’on ébourgeonne les buissons comme les arbres d’espalier & de contr’espalier.

On ne doit ébourgeonner les arbres que quand les bourgeons ont environ un pié de long, pour laisser aux arbres jetter leur feu, pour ainsi dire, & amuser la séve ; sans cette précaution l’ébourgeonnement est nuisible aux arbres.

Il faut couper avec la serpette, tout près de l’écorce, les bourgeons ; ce qui fait aller de pair cette opération avec la taille. Ceux qui cassent avec les doigts & arrachent les bourgeons, laissant de petites esquilles, & faisant des plaies inégales à chaque endroit, occasionnent l’arrivée de la gomme aux fruits à noyau, ce qui cause leur perte certaine.

L’ébourgeonnement doit toûjours être accompagné du palissage, il n’y a que les mauvais jardiniers qui en usent autrement. On doit ébourgeonner tout ce qui pousse par-devant & par-derriere un arbre, pour le faire jetter des deux côtés. Les branches chiffonnes, celles de faux bois, sont du nombre de celles qu’on doit ébourgeonner, à moins qu’il n’y ait une nécessité d’en laisser quelques-unes pour garnir l’arbre.

Si l’on faisoit réflexion à la quantité de branches que l’on coupe à un arbre, soit en le taillant, soit en l’ébourgeonnant, & en retranchant les branches de devant & de derriere à chaque pousse, on verroit qu’on en supprime au moins les trois quarts. Si donc à cette prodigieuse suppression de tant de parties d’un arbre, on joint encore celle des extrémités de tous les rameaux, il sera impossible qu’ils s’allongent : c’est le moyen de les faire souvent avorter, ou du moins de les rendre stériles.

Ces rameaux ainsi ménagés prennent de l’étendue, & procurent au centuple ce qu’ils ont coûtume de donner.

Il faut donc, en ôtant aux arbres toutes les branches de devant & de derriere, qui font la moitié d’eux-mêmes, les dédommager, en leur laissant pousser par les côtes les rameaux dans toute leur longueur, & les étendant suivant la force des arbres.

Quand on ôte à la séve les vaisseaux & les récipiens qui sont les instrumens de son ressort & de son jeu, on lui ôte les moyens d’agir, & il faut nécessairement que la disette ou la mortalité suivent d’un pareil traitement.

Par le moyen de l’allongement des branches des côtés, on répare en quelque sorte, & autant qu’il est possible, ce qu’on est forcé de couper aux arbres par-devant & par-derriere.

On doit ébourgeonner les vignes, alors ce mot doit s’entendre autrement que pour les arbres fruitiers : on ébourgeonne les vignes. non-seulement quand on supprime les bourgeons surnuméraires, mais encore quand on arrête par-en-haut les bourgeons. Il en est de même quand on détache en cassant les faux bourgeons qui poussent d’ordinaire à chaque nœud à côté des yeux, à commencer par le bas. (K)

EBOUZINER, en Architecture, c’est ôter d’une pierre ou d’un moilon, le bouzin, le tendre, les moies, & l’atteindre avec la pointe du marteau jusqu’au vif. (P)

EBRAISOIR, s. m. terme de Chauff. & d’autres ouvriers de la même espece ; espece de pelle de fer dont on se sert pour tirer la braise des fourneaux, quand on veut en diminuer le feu, ou conserver la braise qui s’y consumeroit sans effet : on employe aussi le même instrument à attiser les bois, dont la flamme se réveille quand on en détache les charbons.

EBRANCHÉ, adj. (Jardin.) il se dit d’un arbre qui a une branche rompue, ou à qui l’on a coupé une branche. L’arbre est ébranché, lorsque la branche qui manque a été détruite par accident ou par la main du jardinier.

Ebranché, adj. en terme de Blason, se dit d’un arbre dont on a coupé les branches.

Dorgello en Westphalie, d’or à deux trones d’arbre ébranchés, arrachés & écotés de sable en deux pals.

EBRASEMENT, s. m. (Coupe des pierres.) élargissement intérieur des côtés du jambage d’une porte ou d’une fenêtre. Les portes des anciennes églises de Paris & de Reims sont ébrasées en-dehors. (D)

* EBRANLER, verbe act. c’est par des secousses réitérées communiquer du mouvement, & faciliter le déplacement d’un ou de plusieurs corps fortement arrêtés par des obstacles : il se dit aussi au figuré. On ébranle un homme fort ; on ébranle un rocher. Dans cette métaphore l’effet des moyens moraux est comparé à celui des moyens physiques.

Ebranler un cheval, (Manége.) terme qui n’est pas généralement adopté, & qui ne sauroit être regardé comme un des mots propres de l’art : quelques écuyers l’employent le plus souvent, relativement aux chevaux qu’ils mettent entre les piliers, soit qu’ils commencent à les faire ranger & mouvoir de côté & d’autre ; soit qu’ensuite de cette premiere leçon, & après les avoir insensiblement fait donner dans les cordes, ils les attaquent légerement de la chambriere, pour en tirer quelque tems de piaffer. Ceux-là pratiquent bien, parce qu’ils pratiquent avec ordre & avec douceur. J’en ai connu que l’on regardoit comme de grands hommes, sans doute parce qu’on en jugeoit par le rang qu’ils tenoient, qui débutoient en les assommant de coups, qui les gendarmoient, les estrapassoient, & en forçoient les reins & les jarrets, ne prétendant néanmoins que les ébranler par ce moyen. Voy. Piliers. (e)

EBRASER, v. act. (Architecture.) c’est élargir en-dedans la baie d’une porte ou d’une croisée, depuis la feuillure jusqu’au parpain du mur, ensorte que les angles de dedans soient obtus : latin, explicare. Les ouvriers disent embraser. (P)

EBRBUHARITES ou EBIBUHARIS, s. m. pl. (Hist. mod.) sorte de religieux mahométans, ainsi nommés d’Ebrbuhar ou Ebibuhar leur chef. Ils sont grands contemplatifs, & passent presque toute leur vie dans leurs cellules à se rendre dignes de la gloire céleste, par un grand détachement des biens du monde, & par des mœurs fort austeres. La pureté de leur ame les rend, disent-ils, le saint lieu de la Mecque aussi présent dans leur cellule, que s’ils en faisoient réellement le pélerinage, dont ils se dispensent sous ce prétexte ; ce qui les fait regarder comme des hérétiques par les autres Musulmans, chez qui le voyage de la Mecque est un des principaux moyens de salut. Ricaut, de l’Empire Ottom. (G)

EBRE, (Géog. mod.) fleuve qui a sa source dans les montagnes de Santillane, sur les confins de la vieille Castille en Espagne ; traverse l’Arragon & la Catalogne, & se jette dans la Méditerranée au-dessus de Tortose.

* EBRETAUDER, v. act. (Drap.) terme usité dans les manufactures de Normandie : c’est tondre une étoffe de laine en premiere voie, ou façon, ou coupe ; car on dit l’un ou l’autre indistinctement.

EBREUIL, (Géogr. mod.) ville d’Auvergne en France ; elle est sur la Scioule. Long. 20. 40. latit. 46. 5.

EBRILLADE, s. f. (Manége.) terme imaginé par Salomon de la Broue, le premier écuyer françois