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DUISBOURG, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, & au duché de Cleves ; elle est sur la Roër proche le Rhin, & elle appartient au roi de Prusse. Long. 24. 25. lat. 51. 24.

* DUITE, s. f. (Manufact. en laine, en soie, &c.) c’est un terme général d’ourdissage. C’est ainsi qu’on appelle le jet de trame de chaque coup de navette, lorsqu’il sert à faire le corps de l’étoffe. Les Rubaniers me paroissent y attacher une autre idée, & entendre par la duite la portion de chaîne qui leve ou baisse à chaque mouvement de marche, ou même l’ouverture qui est formée alors par la portion qui leve ou baisse, & par la portion qui reste en repos.

* DUITS, s. m. pl. terme de Pêche. Les duits sont des pêcheries de pierre. Il y en a de construits à l’embouchure de la Loire. Ce sont des chaussées faites de pieux & de cailloux, sur une même direction tout-à-travers d’une riviere, mais sur-tout dans les lieux où le flot se fait sentir à chaque marée. Pour construire ces pêcheries, on enfonce des pieux, entre lesquels on place des pierres seches ; ces pierres surmontent ordinairement d’un pié au moins la tête des pieux. On se livre à ce travail pendant l’été, lorsque les eaux basses donnent la facilité de former aisément ces pêcheries. Il y a dans le tems de la pêche, sur ces pêcheries, jusqu’à dix, douze, quinze à vingt piés d’eau ; il y en a quelquefois à peine deux ou trois piés ; & si les maigres eaux viennent au commencement de l’été, on voit souvent paroître le ventre des nasses. On a observé par-tout le tort qu’elles font à la pêche, & l’embarras qu’elles causent à la navigation. Le passage qu’elles laissent à une barque dans le milieu du canal de la riviere, ne s’étend pas au-delà de trois à quatre brasses au plus, & la négligence d’y tenir des balises occasionne de fréquens accidens.

La pêche des lamproies aux nasses sur les duits, commence à noël, lorsque le tems est convenable, & qu’il n’y a point de glace.

Ces nasses ou paniers d’osiers ont environ 6 piés de long ; l’ouverture en est large ; elle est en forme de gueule de four ou d’ouverture de verveux, elles ont un gros ventre de la grosseur d’environ un tierçon, les tiges assez serrées pour qu’on ne puisse placer les doigts entre-deux sans les forcer un peu ; le dessous plat, & le goulet, qui commence dès l’entrée, va presque jusqu’au bout, où la nasse forme une petite gorge, & où il y a une espece d’anse ou d’organeau aussi d’osier.

Il y a tout-à-fait au fond une ouverture bouchée, dans les unes d’un tampon de paille ou de foin, dans les autres d’une petite porte d’osier arrêtée avec une cheville ; c’est par cette ouverture que les Pêcheurs tirent hors des nasses les lamproies qui se sont prises.

Pour tendre les nasses & les placer sur les duits, les Pêcheurs passent dans l’anse d’osier ou l’organeau un lien de bois ou d’osier tors, qu’ils nomment tresseau ; ce lien est fait en forme de cordage ; il est de la longueur de cinq à six brasses & plus ; à l’autre bout du tresseau ils amarrent une grosse pierre de cent à cent cinquante livres pesant, & qu’une seule personne ne sauroit relever. Cette espece d’ancre est posée à mont du duit ; chaque nasse a son tresseau & sa pierre ; on l’arrête sur le duit de maniere que l’ouverture en est inclinée vers le fond de la riviere, & qu’il n’y a que le bout de la nasse élevé sur la pierre du duit ; l’ouverture en est aval ou exposée à la mer ; & comme pendant le tems de cette pêche il n’y a point de marée dans la riviere, au-dessus du pelerin, qui puisse refouler le courant, le cours de l’eau laisse sur le duit les nasses de la même maniere que les Pêcheurs les y ont placées. Ces instrumens restent trois ou quatre mois à l’eau : si ces pêcheurs n’imitoient

pas ceux qui font la pêche des éperlans à la nasse, en se servant de tresseau, les cordages de chanvre qu’ils employeroient seroient bien-tôt pourris.

Ils ont une toile ou un petit bateau lorsqu’ils relevent des nasses, & retirent les lamproies qui y sont entrées : ils accrochent avec une hampe ou gaffe le tresseau de la nasse, sans être obligés d’en remuer la pierre ; & après qu’ils en ont tiré les lamproies, ils les replacent de même. Le nombre des nasses sur un duit est proportionné à sa longueur ; elles se joignent l’une à l’autre côte à côte, & l’on en compte sur un même duit, quarante, cinquante, soixante, & plus.

Les Pêcheurs visitent leurs nasses une fois toutes les 24 heures.

Les lamproies qui proviennent de cette sorte de pêche, ne sont pas si estimées que celles qui se pêchent avec les rets coulans nommés lampresses, parce que le poisson est retiré de ces derniers filets sur le champ ; au lieu que celui qui se prend dans les nasses peu de tems après qu’elles ont été visitées, s’y fatigue beaucoup par les efforts qu’il fait pour sortir, ce qui le maigrit extrèmement. Voyez les explications de nos Planches de Pêche, & dans ces Planches la construction, la figure, & la disposition des duits.

DULCIFICATION, s. f. (Chimie.) La dulcification est une opération par laquelle on a prétendu tempérer l’activité des acides minéraux, par le moyen de l’esprit-de-vin.

Les acides ainsi corrigés s’appellent acides dulcifiés ; quelques anciens leur ont donné le nom d’aqua temperata.

Comme l’action réciproque de l’esprit-de-vin & de chacun des trois acides est très-différente, il n’est pas possible de statuer la moindre chose sur la dulcification en général. Voyez acide de vitriol, acide de nitre, acide de sel marin, aux mots Vitriol, Nitre, Sel marin. (b)

DULCIGNO ou DOLCIGNO, (Géog. mod.) ville de la Turquie en Europe, dans la haute Albanie ; elle est sur le Drin, près de l’ancien Dulcigno. Longit. 37. 2. lat. 41. 54.

DULCINISTES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques ainsi nommés de leur chef Dulcin ou Doucin, qui parut au commencement du xjv. siecle.

Cet hérésiarque se vantoit d’être envoyé du ciel pour annoncer aux hommes le regne de la charité ; & il s’abandonnoit à toutes sortes d’impuretés, & les permettoit à ses sectateurs, comme un attrait pour multiplier ses partisans. Ils méprisoient, aussi bien que lui, le pape & les ecclésiastiques, & regardoient Dulcin comme le chef du troisieme regne ; car ils assûroient que celui du Pere avoit duré depuis le commencement du monde jusqu’à la naissance de Jesus-Christ ; que celui du Fils étant expiré à l’an 1300, celui du Saint-Esprit commençoit alors sous la direction de Dulcin. Il fut pris & brûlé : mais ses erreurs, qu’il avoit semées dans les Alpes, lui survécurent ; elles étoient à-peu-près les mêmes que celles des Vaudois, avec lesquels ils se confondirent dans les vallées de Dauphiné & de Piémont, & s’unirent enfin aux Protestans. Voyez Vaudois. Chambers. (G)

DULECH, (Medecine.) nom que Paracelse donne à la partie tartareuse du sang humain. Il prétend que c’est elle qui forme la pierre de la vessie, & les autres qui se forment dans les animaux.

DULMEN, (Géog. mod.) ville d’Allemagne, au cercle de Westphalie, dans l’évêché de Munster ; c’est le chef lieu de la contrée du même nom.

DULIE, s. f. (Théologie.) service ou servitude ; terme usité parmi les Théologiens, pour exprimer le culte qu’on rend aux Saints. Le culte de dulie est un honneur rendu aux Saints à cause des dons excellens & des qualités surnaturelles dont Dieu les a favorisés. Les protestans ont affecté de confondre ce