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lui de Juncker, dans ses tables de Chimie. Malgré la loi que je me suis imposée de réduire le catalogue des auteurs de docimastique au petit nombre dont je viens de parler, je donnerai encore une notice des suivans. Dans le deuxieme volume de l’ouvrage, qui a pour titre otia metallica, imprimé à Schneeberg en Saxe en 1748, on trouve une docimastique sans feu ; elle consiste à se servir d’une balance hydrostatique, pour connoître le poids spécifique des minérais, au moyen de l’eau douce, de l’eau salée, de la balance de Swedemborg, & de son pese-liqueur. L’instruction sur les mines de Lohneyss contient aussi un petit traité d’essais ; l’auteur anonyme qui a donné un volume in-12 intitulé procédés métallurgiques, imprimé à Hesse-Cassel en 1737, a écrit aussi deux traités dont l’un a pour titre ars docimastica fundamentalis, & l’autre ars docimastica curiosa. Jean Matthesius, auteur du traité intitulé sarepta, a écrit sur les essais ; ainsi que Libavius, & Glauber dans son traité des fourneaux.

Il faudroit être téméraire pour faire les frais des travaux qui concernent la Métallurgie, sans savoir s’ils doivent être compensés, non-seulement par le produit qu’on retirera de la mine, mais encore s’il y aura du bénéfice. L’art des essais seul peut décider la question. Les dépenses qu’il entraîne ne méritent pas d’entrer en comparaison avec celles de la Métallurgie, qui sont souvent ruineuses. C’est par son moyen qu’on peut déterminer si la mine essayée payera les frais des étais & étançons, qu’on est souvent obligé d’employer dans les étolles & les puits : des machines hydrauliques ou des digues employées à pomper ou à détourner les eaux, au cas que la mine se trouve dans un vallon ou une plaine : du transport de toutes les matieres nécessaires à son exploitation : du bocard & de sa suite : du bois & du charbon nécessaires à la fonderie : de la fonderie elle-même, & des angards & magasins : si elle fournira dequoi payer les différens ouvriers employés à ces sortes de travaux. C’est aux concessionnaires d’examiner mûrement tous ces points. Ils sont obligés d’ailleurs de satisfaire à certaines questions qui leur sont faites de la part du ministere, auxquelles la docimastique seule les met en état de fournir des réponses ; elles sont en partie les mêmes que les motifs qui doivent les déterminer : car quoiqu’il souhaite que les mines du royaume soient mises en valeur, il veut néanmoins s’opposer à toute entreprise mal concertée.

La difficulté & même l’impossibilité de connoître certaines mines à l’inspection, sont de nouveaux motifs qui prouvent la nécessité & les avantages de la docimastique ; sans elle il arriveroit souvent qu’on seroit induit en erreur, par l’apparence trompeuse d’une mine qui a l’éclat de l’or & de l’argent, & qui se ternit au moindre degré de feu : on n’eût peut-être jamais trouvé les moyens de perfectionner les travaux en grand, de diminuer la dépense, & de retirer tout l’aloi d’une mine ; je n’entends pas ici parler de ces améliorations & maturations qu’adoptent la crédulité & la cupidité, filles de l’ignorance & de l’avarice, mais de ces économies qui ont quelquefois doublé & au-delà le produit d’une mine. Voyez Docimasie.

La docimastique est exercée par des artistes, qui ne s’occupent que de ce soin. En Allemagne où il y a une jurisdiction particuliere pour les mines qui font une grande partie du fonds de l’état, il y a des essayeurs en titre qui sont des officiers publics, & qui sont chargés de faire leur rapport à la compagnie dont ils font partie. Il y a outre cela des professeurs d’essais. Il y a des essayeurs dans les monnoies & chez les orfevres. C’est peut-être l’exercice isolé de cette profession, qui a porté M. Cramer & d’autres auteurs à croire qu’un essayeur & un chimiste faisoient deux êtres

fort différens l’un de l’autre : peut-être bien encore la routine de la plûpart de ces sortes d’artistes leur aura-t-elle fait croire que l’on pouvoit posséder les essais sans être chimiste ; ce qui seroit encore plus déraisonnable. En France on ne connoît d’essayeurs en titre que dans les monnoies & au bureau des Orfévres.

Avant que d’en venir aux procédés, je donnerai le catalogue des ustensiles, que je regarde comme étant strictement de la docimastique, c’est-à-dire de ceux dont il faudroit qu’un chimiste se pourvût, s’il vouloit faire des essais. Quant à celui des ustensiles d’un laboratoire qu’on ne voudroit monter qu’à ce dessein, voyez Docimasie. Un chimiste muni de tout ce qui lui est nécessaire à faire la chimie philosophique, doit ajoûter ce qui suit pour faire les essais en petit. Ceux qui se font en grand demandent encore d’autres appareils, qu’on trouvera encore à l’article Docimasie.

Trois balances d’essai montées dans leurs lanternes.

Un poids de proportion.

Un poids de quintal en petit.

Un poids de marc en petit.

Un poids de karat.

Un poids de deniers.

Des bruselles.

Une cuillier d’essai.

Des moules pour les coupelles, scorificatoires, & creusets.

Des pinces pour les coupelles & scorificatoires.

Une plaque de fer fondu bien unie, servant de porphyre, avec son marteau.

Des cucurbites de départ avec leur trépié.

Des poesles à test.

Des granulatoires à l’eau, & par la voie seche.

Des creusets, tutes, coupelles, scorificatoires, & moufles de différentes grandeurs.

Des fourneaux d’essai.

Des aiguilles d’essai de différens alliages, & une pierre de touche.

Je n’entrerai ici dans le détail que des balances & des fourneaux d’essai. Voyez les autres articles à leur rang. On parlera des aiguilles d’essai au mot Touchau & Pierre de touche

La balance d’essai dont nous allons parler, n’a été décrite nulle part ; elle ne se trouve qu’entre les mains de quelques particuliers. C’est au sieur Galonde qu’on est redevable de la perfection où elle est. Cet ingénieux artiste, connu dans Paris par l’habileté avec laquelle il fait les pendules & autres machines qui sont du ressort de l’Horlogerie, a retranché plusieurs inconvénians qui se rencontroient dans les autres balances d’essai, & à rendu par-là la sienne en état de trébucher pour des fractions moindres qu’un millieme de grain : aussi doute-t-on avec raison que celle dont parle Boisard, fût assez sensible pour aller jusque-là. Cette balance étoit sans doute comme toutes les autres balances de Hollande, qu’on ne voit point avoir changé depuis Agricola jusqu’à M. Cramer qui en a donné la description ; excepté pourtant que cet auteur en propose une de sa façon dont la languette est renversée, & qu’il dit être plus juste que l’autre.

La balance en question se trouve dans nos Planches de Chimie. On y voit représentée la chape soûtenant le fléau, au bout duquel on voit les deux porte-bassins. Cette chape n’a presque rien de semblable aux autres que son usage ; elle est faite d’une lame de cuivre écroué, qui dans l’endroit qu’elle doit embrasser l’axe du fléau, se recourbe horisontalement en arriere, puis verticalement par en-bas, ensuite horisontalement en-devant, & enfin verticalement enhaut, & toûjours à angles droits. La partie supérieu-